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ENRIQUE CUA CUÁ HORMAZÁBAL PHOTO LA TERCERA |
Le 18 avril 1999, le Chili pleurait la mort d’Enrique Hormazábal. Celui que les anciens surnommaient Cua Cuá a été l’une des premières grandes idoles de l’après-guerre. Et s’il est quelque peu oublié aujourd’hui, il reste probablement le premier vrai magicien du football chilien. Portrait.Lucarne Opposée
Découvert dans la rue
ENRIQUE CUA CUÁ HORMAZÁBAL |
« Le football se joue avec les pieds mais il nait dans la tête. »
Ailier droit, Hormazábal s’impose rapidement au sein de son équipe. Il reste sept ans au club, y devient international et décroche un trophée, la Copa Carlos Varela en 1950, prologue du championnat national de la même année, dernier titre de Primera du club bohemio. Six ans après ses débuts en Primera, Cua Cuá change de dimension en rejoignant Colo-Colo. Le numéro 8, capable de mettre le ballon où il le désire, va devenir rapidement une idole au club non seulement en lui permettant de décrocher des titres (trois en sept ans) mais surtout par son talent. Cua Cuá Hormazábal transpire de talent, il voit ce que personne n’avait deviné, placé au cœur du jeu, il est le maître à jouer du Cacique, son premier Mago. L’histoire veut qu’il ne manquera jamais un penalty si ce n’est aux entraînements où il envoie les ballons vers les petits supporters qui se pressent derrière les barrières après leur avoir dit d’aller dans la rue derrière, les joueurs n’étant alors pas autorisés à distribuer les ballons aux supporters. Son élégance, sa vision, sa technique en font un joueur phare de son époque, l’une des grandes vedettes du football chilien et son ascension météoritique en font un pilier annoncé de la sélection qui défend les couleurs du pays lors de sa Coupe du Monde de 1962.
Nouveau Chili et drame de 1962
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CUA CUÁ HORMAZÁBAL, |
Cet épisode marque un avant et un après pour un joueur alors âgé de 31 ans. Il entre en dépression, prend du poids, est annoncé mort pour le football. En 1961, la rumeur de sa retraite court. Mais les géants se nourrissent des légendes qu’ils aiment eux-mêmes écrire. L’année suivante, Hormazábal conduit Colo-Colo vers un titre qui marque l’histoire du club. Avec 103 buts en 34 matchs et l’éclosion définitive d’un gamin nommé Francisco Chamaco Valdés, autre légende du peuple Albo, le Cacique décroche son neuvième titre, le dernier de Cua Cuá joueur, un titre qui, tout un symbole, est scellé sur une dernière victoire face à la Católica sur un lob de quarante mètres du numéro 8. Brillant, Hormazábal a retourné les médias. La revue Estadio lui consacre un édito de deux pages dans lequel on peut lire : « Lorsqu’on commet une erreur, l’honnêteté consiste à la reconnaître. Nous avons commis une grave erreur envers Hormazábal. Nous l’avions supposé perdu pour le football. Nous l’avons fait passer pour un homme sans volonté, englué dans les excès, attaché à un milieu qui le précipiterait dans le ravin. Mais petit à petit, le 8 albo a retrouvé sa condition. Il s’agissait d’abord de jouer comme il savait le faire, d’abord une dizaine de minutes par match, puis une demi-heure, puis une mi-temps. Lors de ce championnat de 1963, ce fut le match. »
Cua Cuá Hormazábal donnera deux années de plus à Colo-Colo. En 1965, il prend sa retraite avant d’entamer une courte carrière d’entraîneur. À 39 ans, il débute avec Colo-Colo mais son cycle est bref, sans lui, Colo-Colo décroche le titre de 1970. Quatre ans plus tard, il dirige Santiago Morning champion de Segunda qui retrouve alors l’élite après cinq années d’absence.
18 avril 1999, le Chili pleurait la disparition de l’un de ses héros. 52 ans après son dernier but en Campeonato Sudamericano, et alors que la Roja a décroché deux Copa América, il reste son meilleur buteur dans cette épreuve (10 buts), rejoint en 2016 par Eduardo Vargas. Il n’existe pas d’images d’Enrique Cua Cuá Hormazábal, seule sa légende traverse le temps grâce aux paroles des anciens. Des paroles qui racontent l'histoire d'un milieu de terrain talentueux, intelligent, resté célèbre pour ses passes de quarante mètres et aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands du football chilien. Des paroles avec lesquelles remontent les souvenirs d’une époque où le Chili avait connu son premier magicien.