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PHOTO IVAN ALVARADO |
En plein milieu du désert d'Atacama au Chili, le long de la cordillère des Andes, ces piscines colorées ont de quoi surprendre. L'endroit est le plus aride du monde, souffrant d'un taux d'humidité qui ne dépasse jamais les 3 %. La baignade est cependant interdite : il s'agit en réalité de saumures d'une "mine" de lithium, le métal devenu incontournable pour fabriquer toutes les batteries des voiture électrique, des smartphones et autres appareils high-tech contemporains.
Ingrédient des batteries modernes, le métal de plus en plus précieux suscite une féroce concurrence qui pèse sur les ressources en eau.
La production de lithium, métal devenu stratégique en raison de son utilisation dans les batteries modernes, explose au Chili. Le premier gisement du monde repose dans les sous-sols du désert d'Atacama, sous forme d'une saumure ensuite évaporée pour en extraire le sel de lithium. Mais cette activité industrielle suscite des critiques de plus en plus vives de la part des écologistes. Et s'y ajoutent désormais des inquiétudes économiques et géopolitiques, après l'investissement conséquent d'un groupe chinois dans ce secteur.
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Pour affiner la connaissance des ressources aquatiques et lever le doute sur leur état actuel, de nouveaux systèmes de mesure ont été installés dans le désert d'Atacama. Ils serviront à surveiller les conséquences de l'activités des mines. Y compris celles de cuivre, voisines également accusées. Un autre métal dont le Chili est le premier producteur - et la Chine le premier acheteur.
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Le précieux ingrédient est récupéré par lente évaporation, sur le même principe que les célèbres marais salants de l'île de Ré ou de Guérande. A quelques exceptions près... Cette saumure remplissant les étendues est une eau riche en chlorure de lithium, un autre sel que celui utilisé en cuisine. Elle ne provient pas ici de la mer, mais d'un lac souterrain, ou salar : de l'eau cachée dans ce sol a dissous de tels sels, il suffit de la pomper vers la surface !
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Or dès 2013, un tiers de ces arbres a dépéri et, depuis, cette proportion ne cesse d'augmenter, rapporte l'agence de presse Reuters, tandis que certains canaux d'irrigation se sont asséchés. Des symptômes de l'intensification de l'extraction, poussée par les deux concurrents régnant sur le lithium d'Atacama : l'Américain Albemarle Corp et le Chilien SQM. Depuis des années, ils se rejettent la faute, alors que leurs bassins ne sont séparés que de cinq kilomètres.
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Mais cette consommation intensive d'eau à des fins industrielles, aux confins d'un désert proche d'habitations, suscite depuis longtemps une inquiétude environnementale. Un solide arbre natif de cette région, l'Algarrobo, puise ses racines dans ces réserves d'eau profondes. Comme un canari dans les mines, son état de santé sert d'alerte pour le gouvernement face aux activités industrielles. (Photo d'illustration d'un park ranger d'Atacama.)
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La défense de l'environnement peine toutefois à peser face à l'énorme enjeu économique : le Chili, deuxième producteur de cette ressource devenue stratégique (derrière l'Australie), possède dans ce désert le plus gros gisement mondial. Le rachat, début octobre, de 24 % des parts de SQM par le groupe chinois Tianqi, déjà partenaire d'Albermale, n'a pas rassuré ceux qui réclament une nationalisation
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Cette guerre économique se joue dans un contexte de tensions de plus en plus fortes autour de l'eau au Chili, raréfiée par des sécheresses récentes ou encore par la culture intensive de l'avocat, très gourmand en liquide aquifère. La situation est d'autant plus préoccupante que légalement, l'eau chilienne est privatisée depuis 1981 et la dictature d'Augusto Pinochet.
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D'ici là, l'extraction du lithium, une ressource déjà comparée au pétrole du futur, n'est pas prête de s'arrêter au Chili en raison de l'essor de l'usage des batteries modernes, en particulier dans les voitures électriques. Sa production mondiale gonfle d'environ 12 % par an et accélère encore. Et la Chine, directement par ses mines ou indirectement par ses investissements, contrôle déjà près de la moitié de cette ressource... à l'échelle de la planète.
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Présidente jusqu'en mars 2018, Michelle Bachelet a tenté une réforme pour protéger les sources et donner la priorité à l'usage pour la population, mais le texte de loi n'a pas encore obtenu le feu vert du Sénat.
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