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Un tribunal de Rome a condamné, lundi, 24 ex-militaires et politiques latino-américains pour les crimes de 23 opposants dans les années 1970.
EN PREMIÈRE INSTANCE, EN JANVIER 2017, LES FAMILLES DES VICTIMES N’AVAIENT PAS EU GAIN DE CAUSE. PHOTO FILIPPO MONTEFORTE/AFP |
LES ARCHIVES DÉCOUVERTES AU PARAGUAY DOCUMENTENT LES CRIMES COMMIS DANS LE CADRE DE L’OPÉRATION CONDOR PHOTO GETTY IMAGES |
À l’annonce du verdict, le ministre uruguayen de la Défense, José Bayardi, a fait part de sa satisfaction, estimant qu’il venait corriger l’impunité du premier procès. Les condamnations sont certes symboliques puisque la majorité des militaires poursuivis à Rome se trouve déjà derrière les barreaux. Il y a peu de chance qu’ils soient extradés au terme de la peine qu’ils purgent dans leur pays d’origine en raison de leur âge avancé. Mais, pour la seconde fois, ils ont dû répondre pour leurs crimes perpétrés durant les dictatures qui ont ensanglanté le sous-continent américain à partir des années 1960.
Une sentence dédiée aux « militants sociaux »
Voilà deux décennies que les familles des victimes avaient porté plainte en Italie à la faveur du processus de justice universelle promue par le juge espagnol Baltasar Garzon, qui avait ordonné, en 1998, la détention du dictateur chilien Augusto Pinochet. Elles ont bataillé pour que toute la lumière soit faite sur le sort de leurs proches exécutés dans le cadre du plan Condor. Cette internationale du terrorisme d’État entre les différentes dictatures latino-américaines – Brésil, Argentine, Chili, Bolivie, Paraguay, Pérou, Uruguay –, soutenue par la CIA, collaborait afin d’exterminer sur leur sol et à l’étranger les opposants politiques de gauche.
L’avocat qui représentait l’Uruguay, Andrea Speranzoni, a dédié la sentence aux « militants sociaux et aux personnes qui répudient les crimes de lèse-humanité ». Le président de la Bolivie, Evo Morales, a lui aussi salué un verdict « historique ». « Nous avons vaincu l’impunité grâce à la vérité », s’est-il réjoui.
Cathy Dos Santos