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mardi 3 novembre 2009

"Navidad" : l'ombre des pères absents sur des amours adolescentes



Il est jaloux, elle le repousse sans le chasser. On comprend bientôt qu'Aurora n'est plus tout à fait sûre de son inclination sexuelle, on voit qu'Alejandro supporte mal cette remise en cause de sa jeune virilité.

Pour que ce conte de Noël se conforme aux règles du genre, il faut une bonne action, un invité surprise. C'est Alicia (Alicia Rodriguez) que les amants découvrent évanouie dans le jardin. Elle est encore plus jeune qu'eux, 14 ans, et a fui sa mère dans l'espoir de rencontrer un père qu'elle n'a jamais vu.

Comme le font beaucoup des cinéastes de sa génération et de sa région (les Argentins, les Chiliens, les Uruguayens), Sebastian Lelio cherche la vérité dans les détails. Il filme de très près ses personnages, essayant de capter chaque inflexion de leurs émotions. On a bientôt l'impression d'avoir emprunté l'un de ces romans modernes destinés aux adolescents, qui prend au sérieux (avec gravité, même) les tourments de cet âge tout en prenant la précaution de préciser aux lecteurs que tout ceci n'est pas bien grave.

Navidad manque un peu de substance, et le film tarde à se dessiner, gentiment égaré dans les chamailleries et les nostalgies de ses personnages. Ce n'est que très progressivement qu'on comprend que Sebastian Lelio, là encore à l'instar de ses contemporains, est obsédé par l'absence ou la trahison des pères. On apprend que la grande maison est celle de feu le père d'Aurora et que sa mère va bientôt s'en séparer. Alejandro est le fils d'un proviseur tyrannique et Alicia a été abandonnée.

L'image politique de cette métaphore n'est jamais développée, le réalisateur et scénariste préfère explorer ses conséquences sur l'identité sexuelle de ses personnages. En guise de messe de minuit, il offre à son trio une séquence amoureuse, délicate et sensuelle, qui donne enfin sa raison d'être au film.


Film chilien de Sebastian Lelio avec Manuela Martelli, Diego Ruiz, Alicia Rodriguez. (1 h 43.)

Thomas Sotinel