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lundi 21 février 2011

LE PLUS JEUNE EXÉCUTANT DE LA « MUSIQUE DE LA TERRE »

La Trutruka c'est un instrument à vent ou aérophone du genre des trompettes. Il s'agit d'un long bambou au bout duquel une corne de vache attachée en constitue le pavillon. Long d’au moins deux mètres, cet instrument s'est peu à peu métamorphosé en un tuyau enroulé, et le joueur doit souffler à son embouchure.

Simple et monotone, la musique Mapuche est inséparable du religieux et remplit un rôle purement rituel.

Le petit Rupayán est né entouré de trutrukas, pifilkas, trompes, kultrunes et kaskawillas, des instruments traditionnels de l’ethnie Mapuche.

dimanche 20 février 2011

CÉSAR BUNSTER « NOUS ÉTIONS SÛRS DE TUER PINOCHET »

César Bunster Ariztia dirigeAnt du Parti communiste chilien  

«J’ai étudié la sociologie à l’université de Birmingham, en Angleterre, parce que mon père y avait été nommé ambassadeur par Salvador Allende en 1971. J’ai obtenu mon diplôme en 1982. Je n’ai jamais pu m’en servir ! Après le coup d’État militaire, mon père resta quelque temps en Angleterre puis partit au Mexique enseigner le droit à l’université Unam. Il fut l’un des pénalistes qui défendit la thèse de jurisprudence internationale à propos de Pinochet.

J’ai adhéré à la Jeunesse communiste en 1976, en exil en Angleterre. En 1977, le comité central du PC chilien fit pour la première fois une autocritique, parlant du « vacío histórico» (vide historique) à propos du peu de réactions au coup d’État de Pinochet, le 11 septembre 1973. En 1980, il adopta la politique dite de « rébellion populaire de masse » et décréta, quelque temps plus tard, 1986 comme une « année décisive » vers le « soulèvement national ». Le pays était secoué de grandes grèves, et le FPMR les accompagnait d’actions militaires de soutien.

En 1982, je suis allé vivre au Mexique, et j’ai travaillé à l’ambassade du Canada. En 1983, j’ai suivi à Cuba un entraînement de six mois à la lutte clandestine avec d’autres militants. Nous n’insisterons jamais assez sur l’internationalisme de la révolution cubaine… Nous ne nous connaissions pas, utilisions entre nous des pseudos, dans un climat de grande camaraderie, de fraternité, d’idéal. En 1985, je suis allé au Nicaragua ; j’ai combattu les mercenaires de la contra, avec les sandinistes. Je suis ensuite rentré légalement au Chili, toujours en 1985, pour rejoindre le Front, avec l’expérience acquise à Cuba et au Nicaragua. Le plan de l’attentat contre Pinochet fut conçu par la direction du PCC. La majorité des combattants du FPMR étaient communistes, quelques miristes (du Mir) et des sans-parti venaient compléter les rangs.

En Amérique latine, dès le premier regard, on reconnaît l’appartenance sociale des gens ; j’étais donc chargé de jouer au bourgeois. Je travaillais à la réception de l’ambassade du Canada à Santiago, une garantie de respectabilité. Ma fausse épouse, d’extraction sociale classe moyenne aisée, était la belle Cecilia Magni (Comandante Tamara) ; en réalité, elle était mon chef. Elle réalisa des sabotages, comme celui du pont de Talca, des attaques de banques (Providencia, etc.). Elle fut torturée et assassinée plus tard, avec son groupe du Front « Autonome » (scission du FPMR), en octobre 1988 après l’attaque et la prise du village de Los Quenes, dans une zone montagneuse. Elle fut capturée alors qu’elle cherchait à échapper à l’encerclement militaire. On retrouva son corps le 28, aux côtés de celui de son compagnon et principal dirigeant du Front, Raul Pellegrin Friedman, dans la rivière Tinguiririca… Les médias parlèrent de « noyade », alors qu’elle tentait de fuir ! Elle avait la colonne vertébrale brisée… Avec Tamara, nous étions le couple « beautiful » parfait, jeunes, riches, au-dessus de tout soupçon, résidant dans le quartier bourgeois de La Obra.

J’avais vingt-huit ans. L’attentat devait avoir lieu une semaine plus tôt, mais Pinochet était rentré précipitamment de son lieu de villégiature dominical, à cause de la mort de l’ex-président Alessandri. Nous avions détecté que tous les vendredis soir, Pinochet se rendait à sa villa de Cajon de Maipo, zone résidentielle face à las Bizcachas, à la sortie de Santiago en direction du Sud-Est, et qu’il en revenait tous les dimanches à la même heure. Les Cubains nous avaient livré, à deux reprises, des tonnes d’armement, essentiellement nord-américain, des explosifs, des fusils mitrailleurs M-16, des grenades, etc., par le port de Carrizal Bajo, au nord du Chili ; la deuxième livraison fut découverte (affaire arsenaux) par la CIA et la CNI chilienne (Central Nacional de Informaciones) ; l’armée de Pinochet put ainsi en saisir une grande partie dans différents dépôts, le 6 août 1986.

À Cajon del Maipo, nous avions creusé un tunnel (découvert après l’attentat par les services de sécurité) et une fosse à explosifs pour 800 kilos de TNT, sur le modèle de l’attentat d’ETA contre Carrero Blanco. Mais le dépôt de deux tonnes de TNT tomba également aux mains de la police, quelques semaines avant l’attentat. Pour réussir l’attentat, il fallait des armes sophistiquées et du TNT. Cela ne fut pas possible. Nous dûmes donc opter pour le schéma de l’embuscade. Au lieu de lance-roquettes RPG 7, de fabrication soviétique, il fallut utiliser des vieux LAW américains, sans doute provenant de la guerre du Vietnam, des pièces scellées et qui ne pouvaient donc pas être vérifiées. La plupart des LAW, aux piles défaillantes, n’ont pas fonctionné.

Le dimanche 7 septembre 1986, à 18 heures, le convoi qui ramenait 
Pinochet – deux motos, trois Mercedes blindées aux vitres fumées… (huit véhicules au total) – fut bloqué par une caravane que nous avions mise en travers de la chaussée. L’opération, baptisée Siglo XX, prévoyait d’anéantir le convoi. Le long du cortège, une vingtaine de « fusileros » (francs-tireurs), dont une femme, étaient disposés de façon à pouvoir atteindre l’ensemble des véhicules. Deux motards ouvraient la voie ; l’un parvint à s’échapper. La garde de Pinochet, surprise, ne réagit que faiblement ; quelques gorilles préférèrent même se jeter dans le vide plutôt que de combattre. Deux véhicules furent détruits (cinq morts), mais sur la voiture qui conduisait Pinochet, un officier et son petit-fils, la charge, insuffisante, ne parvint pas à briser la vitre. Le chauffeur put dégager la Mercedes et repartir en sens inverse, vers l’endroit d’où il venait. Aucun des guérilleros ne fut blessé ; certains furent cependant capturés, torturés et assassinés plus tard, au Chili et même à l’étranger (Ricardo Palma, Mauricio Norambuena…). Comme j’avais loué à mon nom la maison qui servait de quartier général, les trois voitures, etc., mon patronyme et ma photo circulèrent immédiatement et demeurèrent pendant longtemps les seuls éléments connus de la police. Le parti me fit quitter le pays le jour même ; ma tête était mise à prix. Le peuple, dans sa grande majorité, réagit à l’attentat avec beaucoup de joie, voire d’incrédulité à la nouvelle. Certains pensèrent même qu’il s’agissait d’un « autogolpe » ; nous, nous étions persuadés que nous ne pouvions pas échouer. À la télévision, le soir, Pinochet déclara que l’impact du projectile sur la vitre était l’image de la Vierge protectrice, «Una huevada !» (une de ses pitreries) !

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Le dictateur Pinochet montre a la télévision la protection divine. la preuve est l’apparition de la Vierge Marie dans la vitre de sa voiture lors de l’attentat dont il fut victime.
Je suis resté quelque temps en Argentine et ailleurs. Puis, au Chili, la peine de mort fut abolie, remplacée par la perpétuité, et la prescription des crimes établie après quinze années sans délit, et sous condition d’avoir résidé sur le sol chilien. Je suis revenu clandestinement dans mon pays assez rapidement. J’ai dû prendre le nom de mon demi-frère, qui vivait à l’étranger, Pablo Enrique Miriel Aritzia, et changer de look : lunettes, barbe, le parti me frisait les cheveux tous les trois mois, etc. Comme j’avais un bon niveau en anglais, je devins traducteur professionnel et interprète. J’ai même traduit des échanges de documents politiques entre les gouvernements anglais et chilien, notamment lors de l’arrestation de Pinochet à Londres, en novembre 1998, et été retenu en détention domiciliaire au total 
503 jours. J’ai également travaillé pour la chancellerie et l’ambassade britanniques, pour celle des États-Unis ! J’ai été l’interprète de lord Norman Lamont lorsque la Fondation Pinochet l’invita au Chili. J’étais un traducteur coté par les politiques.

En janvier 2004, je suis sorti de la clandestinité et j’ai demandé la « prescription » du délit, elle m’a été concédée par le juge Humberto Villavivencio. Enrique Miriel est redevenu César Bunster ; mes enfants ont alors découvert qui était vraiment leur père.

Après la « retraite » de Pinochet, le Parti a abandonné la stratégie militaire, étant donné que le cadre politique avait changé. Un petit groupe continua la lutte armée. La démarche du PCC n’a jamais été militariste. Le Front patriotique Manuel Rodriguez accompagnait les grandes protestations nationales des années 1980, réprimées dans le sang ; il servait en quelque sorte d’autodéfense. Il a permis de coupler une force militaire et un esprit de lutte frontale contre la dictature. Les actions du Front n’étaient jamais de grande envergure, pour ne pas se couper du peuple.

En 2005, les journaux chiliens ont tenté de me présenter comme un terroriste, réalisant même un montage photographique me faisant porter une cagoule, moi qui ai toujours vécu à visage découvert, et parfois maquillé !

Je ne me suis jamais considéré comme un héros ; j’ai parfois eu peur : un jour au combat, au Nicaragua, je ne parvenais même pas à saliver… mais il y a des circonstances qui exigent, comme chez vous les résistants, que l’on risque la mort pour la vie. Les communistes ont écrit de grandes pages du XXe siècle. Il est urgent de récupérer et de faire vivre cette mémoire. »

à Santiago du Chili

Nous avons rencontré César Bunster à Santiago du Chili, à la fête des communistes chiliens, au Rincon (Coin) de Neruda, autour d’un verre du redoutable et pourtant si envoûtant pisco (apéritif national). L’homme, élégant, affable, courtois, cultivé, n’a pas l’air d’un terroriste, mais plutôt d’un cadre supérieur raffiné pour qui ignore qu’il a passé toute la matinée au guichet des entrées de la fête, parc O’Higgins. César Bunster a été la couverture et l’un des principaux organisateurs de l’attentat manqué contre Pinochet, le 7 septembre 1986, par le Front patriotique Manuel Rodriguez, du nom du patriote avocat, guérillero et officier qui œuvra sans relâche pour l’indépendance du Chili, véritable mythe populaire. Le FPMR fut créé par le Parti communiste en décembre 1983. Dès les premières heures qui suivirent l’attentat, César Bunster fut nominalement mis en cause et devint l’homme à capturer « mort ou vivant », contraint à dix-huit années de clandestinité, de traque. Il insiste pourtant pour que nous le présentions comme « un parmi d’autres ».

Propos recueillis par Jean Ortiz

mercredi 16 février 2011

Matta, surréalisme à la chilienne

Selon la légende, c’est après avoir fait connaissance de García Lorca et Dali à Madrid, qu’il est introduit auprès de Breton. Il résumera l’événement de façon imagée «Ils me dirent «Tu es surréaliste !». Je ne savais même pas ce que cela voulait dire». Le reste de sa carrière montrera en revanche qu’il était tout à fait en harmonie avec les recherches du mouvement, même si Breton finit par l’exclure comme nombre d’autres compagnons de route. L’exposition rassemble des œuvres de toutes les époques, des plus cotées (les huiles des années quarante, l’époque new-yorkaise) jusqu’aux dessins réalisés à Tarquinia, en pays étrusque, à la veille de sa mort, en 2002.

« SANTIAGO 73, POST MORTEM » : LE COUP D'ETAT CHILIEN VU PAR UN EMPLOYÉ DE LA MORGUE





Sortie en France : 16 février 2011. 

Après l'excellent Carancho, de l'Argentin Pablo Trapero, sorti en France voici deux semaines, on découvre aujourd'hui, non sans stupeur, le nouveau film de l'étoile montante du cinéma chilien, Pablo Larrain. A 35 ans, il signe avec Santiago 73, post mortem son troisième long-métrage, après avoir été révélé en 2008 par Tony Manero, portrait halluciné d'un fan de John Travolta qui devient tueur en série sous le régime de Pinochet.

Santiago 73 est donc le deuxième volet d'une trilogie consacrée aux années noires de la dictature chilienne, sujet encore largement tabou dans un pays où les divisions et les haines sont toujours vivaces. Le film se déroule dans un laps de temps assez court, entourant le coup d'Etat mené, le 11 septembre 1973, par le général Augusto Pinochet contre le gouvernement démocratiquement élu du socialiste Salvador Allende, qui se suicide dans le palais assiégé de la Moneda. Mais ces événements tragiques, qui constituent pourtant le coeur du film, ne sont quasiment pas montrés dans Santiago 73.

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L'Histoire est délibérément vue par le petit bout de la lorgnette, à travers l'étrange relation sentimentale que vivent deux personnages ordinaires. Mario est un quadragénaire solitaire et morose, petit fonctionnaire à l'institut médico-légal de Santiago du Chili, où il retranscrit les rapports d'autopsie. Nancy, la voisine de la maison d'en face, est une effeuilleuse de cabaret à moitié hystérique, vivant chez ses parents et refusant d'admettre qu'elle a atteint la limite d'âge. Mario est fou de Nancy. Il l'observe chaque jour par la fenêtre, assiste à tous ses spectacles, se revendique comme son protecteur alors qu'elle ne soupçonne même pas son existence.


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Une brève aventure les réunit, à laquelle le coup d'Etat coupe court brutalement. Un matin, au réveil, Mario trouve la maison de Nancy, où avaient l'habitude de se réunir des militants communistes, saccagée et désertée. Tandis qu'à la morgue, investie par les putschistes, les cadavres affluent, Mario recherche éperdument sa dulcinée. Il la trouvera finalement cachée chez elle, en compagnie d'un bel amant communiste. La suite, qu'on taira, est ignoble et donne lieu à l'une des séquences finales les plus violentes, sans l'ombre d'une brutalité effective, de l'histoire du cinéma.

Ce paradoxe est une bonne indication de l'enjeu du film, qui est celui de la conscience morale. Comment sombre-t-on dans l'abjection fasciste : telle est la seule question que se pose et que nous pose Santiago 73 à travers le personnage grisâtre de Mario, être fondamentalement immobile dans une réalité en mouvement, d'autant plus docile à la monstruosité de l'Histoire.

La vertu du film est de suggérer cette réponse non par la dissertation philosophique et le débat d'idées, mais par la mise en scène d'un climat et la trajectoire lacunaire, dérisoire, accablante, d'un anonyme. Pablo Larrain prend à cet égard tous les risques : couleurs désaturées (impression fantasmagorique), cadres fixes et fragmentés (inscription problématique des personnages dans l'espace et l'Histoire), acteurs hiératiques (Alfredo Castro et Antonia Zegers, bizarres et magnifiques oiseaux de l'Apocalypse), morceaux de bravoure (l'insoutenable dissection de Salvador Allende), paradoxes temporels (le cadavre de Nancy, montré dès le début du film).

L'ensemble, sur lequel planent les ombres de Kafka et de Franju, évoque l'univers des limbes, hanté par les spectres, où tout est en quelque sorte déjà joué, a déjà eu lieu. Manière élégante de signifier que le film ne prétend pas reconstituer une réalité historique, ne fait même pas semblant d'y être, mais se situe bel et bien après le désastre, du côté et du point de vue des morts, en quête comme eux d'une hypothétique rédemption.

Ce parti pris esthétique, à bien y réfléchir le seul honnête et le plus pertinent, fait penser au récent Vincere, de Marco Bellocchio, l'enfant terrible du cinéma italien, qui prenait pareillement le fascisme en oblique, par la tangente du couple et de l'aliénation passionnelle. Moins opératique que son glorieux aîné, Santiago 73, post mortem, de Pablo Larrain, est lui aussi le film d'un fils qui demande des comptes à ses pères.

mardi 15 février 2011

Le sauvetage des mineurs n'aurait pas été «truqué»

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Reinaldo Sepulveda, qui a réalisé l'émission de télévision retransmise en direct, a confirmé à l'Associated Press (AP) qu'on n'avait jamais tenté de cacher ce qui se passait à l'intérieur de la mine en ayant recours à des séquences présentées en boucle tout au long de la diffusion.
Dans son livre «33 Men», l'auteur Jonathan Franklin affirme qu'un câble a été sectionné à la suite d'un éboulement au cours de l'opération de sauvetage. Il affirme que le monde n'en a jamais rien su puisque des images préenregistrées ont été diffusées à la place. Il a écrit qu'«un milliard de téléspectateurs avaient été bernés».
Reinaldo Sepulveda a nié ces allégations, qui sont «absolument fausses», soutenant qu'il était prêt à «montrer les 38 ou 40 heures de transmission», qui «n'ont jamais été coupées». Il a garanti que tout était en direct.
Il est cependant vrai que les ingénieurs chiliens avaient dû travailler d'arrache-pied afin de démanteler un câble de fibre optique qu'ils avaient l'intention d'utiliser dans la capsule. Grâce à cette technologie, les mineurs auraient possiblement pu communiquer pendant le trajet de près d'un kilomètre qui devait les mener jusqu'à la surface.
Aucune explication à ce sujet n'avait été fournie dans l'immédiat, mais les membres de l'équipe de sauvetage avaient précisé, plus tard, que le système de communication ajoutait un élément de complexité qui n'était pas nécessaire, et que les mineurs n'en voulaient pas de toute façon.
L'un des mineurs, Omar Reygadas, a ajouté un autre détail à ce sujet, lundi. Il a déclaré à l'AP qu'un éboulement avait sectionné le câble de fibre optique juste avant qu'il ne soit secouru. C'est pour cela, a-t-il dit, que son entrée dans la capsule n'a pas été filmée.
M. Reygadas a également nié, lors de l'entrevue téléphonique, que les mineurs ont eu des idées suicidaires ou qu'ils avaient pensé se rabattre sur le cannibalisme afin de survivre.
Selon lui, ces deux affirmations représentent bien l'humour noir des Chiliens et elles n'auraient pas dû être prises au sérieux.
L'un des ses collègues de travail, Victor Zamora, a déclaré sur les ondes de l'émission «60 Minutes» que durant les 17 premiers jours qui ont suivi l'effrondrement de la mine, des mineurs avaient songé à s'enfermer dans une pièce fermée et de laisser rouler le moteur d'un appareil afin de pouvoir mourir en paix d'un empoisonnement au monoxyde de carbone.
«Je n'ai jamais songé à cela et je n'en ai jamais parlé», a lancé Omar Reygadas, soutenant que Victor Zamora devait blaguer.
«Quand Victor parle, on ne peut jamais dire s'il blague ou s'il est sérieux. Mais c'est la première fois que j'en entends parler.»

samedi 12 février 2011

Séisme de magnitude 6,8 au large du Chili

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Exposition de la Population
Population par 1 km carré estimation du LandScan™
Source USGS

 LandScan™ est une Base de données du Oak Ridge National Laboratory (ORNL) pour estimer la population mondiale. Utilisant une approche innovatrice avec le Système d'information Géographique et la Télédétection, LandScanTM est devenue la norme internationale pour la distribution de population mondiale.
Le séisme s'est produit à 20:05:31 GMT (17:05:31 heure locale), au large des côtes du centre du Chili, selon l'institut. Début janvier, un séisme de magnitude 7,1 s'était produit dans le centre du Chili, dans l'intérieur des terres, à 171 km au sud de Concepcion.
Le 27 février 2010, le centre du Chili avait été le théâtre d'un très violent séisme de magnitude 8,8 suivi d'un tsunami qui avait fait plus de 500 morts et détruit des villages entiers. Les dégâts avaient été évalués à 30 milliards de dollars (22,5 milliards d'euros).

mardi 8 février 2011

Chili: dans la mine du Diable, les estivants chiliens se rejouent "les 33"

Des touristes visitent la mine "Chiflon del Diablo", le 7 février 2011. photo afp
Les galeries visitées ne sont qu'à 50 mètres sous terre, loin des 600 m auxquels "les 33" restèrent prisonniers 90 jours. Mais la lente descente des touristes par petits groupes, dans une cage métallique pas si éloignée de celle qui sauva les miraculés de San Jose, reste un moment d'émotion.
"Ils ont dû se sentir comme ça", souffle un des passagers équipés d'un casque et d'une batterie accrochée à la ceinture pour leur lanterne, alors que le monte-charge s'enfonce dans l'osbcurité et l'humidité.
Venus de Santiago, mais aussi d'Allemagne, les "mineurs d'un jour" en bermudas et sandales se baissent, s'arc-boutent entre les chevalements de madrier, dans les boyaux réduits a peine plus d'un mètre de haut. Et essayent d'imaginer les risques.
Le mineur et guide de "Chiflon del Diablo", Roberto Roja, le 7 février 2011.  photo afp
Roberto Rojas, ancien mineur local reconverti en guide, désigne une vieille cage rouillée qui pend dans la galerie: "C'est la cage d'un petit oiseau, qui servait à détecter la présence de grisou, le gaz inodore et mortel".
"Si l'oiseau tombait raide mort, on criait +Grisou !+ et tout le monde se précipitait vers la sortie", raconte Rojas, qui tient en main un méthanomètre, la version moderne du canari des mines.
Car à la différence de San José (nord), la mine de cuivre et d'or devenue en octobre la plus médiatisée au monde, Lota, sur le littoral à 500 km au sud de Santiago, était une des mines de charbon du Chili qui ont peu à peu fermé. Dans son cas en 1997, après 113 ans d'exploitation.
Avec ses galeries courant sous l'Océan Pacifique jusqu'à 600 m de profondeur le Chiflon del Diablo (sifflement du diable) doit son nom au vent marin qui pénétrait en sifflant jusque dans les galeries.
Les touristes découvrent le quotidien des mineurs: les veines de charbon, l'organisation dans un espace restreint avec le coin pour manger, les toilettes improvisées dans un recoin, des bidons d'eau et de la chaux vive.
Point d'orgue de la visite, ils s'imprègnent du silence souterrain, quand le guide les invite à éteindre les lanternes pendant une minute pesante, pour sentir la mine.
Certains retrouvent au passage un peu de leur passé, minier comme l'histoire du Chili. "Je ne m'imaginais pas que c'était si dur, quand mon pauvre papa y travaillait", confesse Masiel Soto, dont le père quitta la mine après avoir perdu ses doigts dans un accident.
Dans des familles où l'on était mineur de père en fils, on descendait jadis les enfants dès 8 ans, pour les habituer, et parfois en les attachant avec une corde pour qu'ils ne s'échappent pas, assure Rojas. "Mais qui entrait à la mine apprenait à l'aimer".
Vidée des 3.000 mineurs qu'elle compta au plus fort de son activité, le "Chiflon" connaît encore des tribulations.
Elle a été ébranlée par le séisme de février 2010, mais réhabilitée depuis.
En novembre, elle a été "occupée" par 33 femmes, s'inspirant des mineurs de San José. Elles y ont mené une brève grève de la faim souterraine pour réclamer de l'Etat une aide prolongée à l'emploi dans les zones sinistrées par le tremblement de terre.
Mais pour les mineurs devenus guides, ou vendeurs de souvenirs à la sortie, tel Miguel Reyes, le Chiflon n'a pas dit son dernier mot, dans un Chili qui cherche à diversifier son énergie, et pourrait redécouvrir le charbon à la faveur de technologies plus propres. "Or ici, il y en a pour 500 ans !"

La police évacue un hôtel sur l'île de Pâques

L'île, un petit territoire chilien habité par 4 000 personnes majoritairement rapa nui, connaît depuis deux ans une mobilisation croissante de sa population indigène pour défendre son environnement et son mode de vie, face à la pression des flux touristiques et migratoires.

L'hôtel de la discorde sur l'île de Pâques

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Une de la revue chilienne Qué Pasa du 22.10.20

L'île de Pâques, petit territoire de 24 km sur 12, habité par 4.000 personnes majoritairement Rapa Nui, connaît depuis deux ans une mobilisation croissante de sa population indigène pour la défense de son environnement et de son mode de vie, face à la pression des flux touristiques et migratoires chiliens. 
Banniere du site web du complexe hôtelier Hangaroa Eco Village &amp
Au coeur de cette lutte se trouve notamment le complexe hôtelier Hangaroa Eco Village & Spa. Une famille, qui réclame les 7 hectares sur lesquels se trouve cet établissement, occupe cette propriété depuis plusieurs semaines. La magazine, qui publie en première page la photo d'un moai, se penche sur les revendications territoriales des habitants locaux et la manière dont les autorités peuvent y répondre.

LA BRIGADE QUI ENQUÊTAIT TROP


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Le  sous-préfet Sandro Gaete, super flic à la tête de l’Unité spéciale  chargée d’enquêter sur les crimes de la dictature au Chili. Il vient  d’être muté à Puerto Aysén, 1.756 km au sud de Santiago, où il devra  enquêter sur des délits écologique
Le directeur de cette entité a été muté dans un village du sud du Chili le 8 janvier et contraint d’abandonner les affaires en cours. Il enquêtait notamment sur l’assassinat du célèbre chanteur Víctor Jara, le 16 septembre 1973, cinq jours après le coup d’Etat. 

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Où sont-ils ?
Plusieurs agents de cette brigade ont aussi été mutées. Ces mutations interviennent au moment où le ministère public a décidé d'examiner 726 nouvelles plaintes pour des cas de violations des droits de l'homme pendant la dictature (1973-1990) et d'ouvrir notamment une enquête - une première - sur les circonstances entourant la mort de l’ancien président Salvador Allende, officellement suicidé le 11 septembre 1973 dans son bureau du palais présidentiel.

lundi 7 février 2011

Derrière le miracle : l'histoire d'un sauvetage chilien

Orlando Arriagada et son équipe en tournage au Chili, un mois après le sauvetage des mineurs. Photo de la production
Très vite, il a décidé de se rendre sur place pour tourner un documentaire sur les dessous de cette histoire suivie en direct par les médias du monde entier. Son film, Derrière le miracle - 33 mineurs, de l'ombre à la lumière, est présenté demain, à 20h, aux Grands reportages de Radio-Canada.

Q : Quel était votre intérêt de traiter de ce sauvetage?

R : Cette histoire a fait le tour de la planète et s'est terminée par un happy end. Mais, derrière cela, il y a toutes les conditions sociales et historiques de l'industrie des mines chiliennes que je voulais explorer. Il fallait aller au-delà du côté médiatique de l'événement. Je voulais aussi voir, dans un ordre chronologique, comment avaient réagi les gens directement concernés.

Q : Normalement, le tournage d'un film est longuement mûri alors qu'ici, on a pratiquement affaire à un documentaire-minute. Pourquoi cet empressement?

R : Dès le début, j'ai suivi l'histoire en direct. Tous les matins, dès 7 h, je me branchais sur la télé chilienne pour savoir où en étaient les choses. Puis je me suis retrouvé à RDI à commenter en direct la sortie des mineurs, un par un. Avec tous les instruments technologiques, je pouvais entendre et sentir la réaction du peuple chilien. C'est cela que je voulais traduire. Et je voulais le faire assez rapidement. Nous nous sommes rendus sur place un mois après le sauvetage et, à la fin de notre tournage, d'autres équipes - de la BBC, Discovery et PBS - arrivaient et offraient des sommes faramineuses aux mineurs pour avoir leurs témoignages.

Q : Si vous aviez un mot pour décrire l'état d'esprit des mineurs que vous avez rencontrés, lequel serait-ce?

R : Je vous dirais que c'est un mélange d'euphorie et de fatigue. Ils sont euphoriques, car ils voyagent partout et ont une vie trépidante. Mais ils sont aussi très fatigués. Ils sont conscients qu'un jour, tout cela va s'arrêter. L'un d'eux m'a dit qu'après les photos, les entrevues et tout, il devra retourner à la mine. Car il ne sait rien faire d'autre dans la vie.

Q : Est-ce que ces événements vont changer quelque chose au Chili?

R : On l'espère! Jusqu'à maintenant, le gouvernement n'a fait qu'ajouter quelques fonctionnaires pour mieux surveiller les mines, mais il reste que les conditions de travail sont désuètes à plusieurs endroits. Environ 70 % des mines appartiennent à des individus ou à des compagnies étrangères, dont des Américains et des Canadiens, qui n'offrent pas de bonnes conditions de travail et de mesures adéquates pour la santé et la sécurité. Ils font beaucoup d'argent mais exploitent les gens dans des conditions moyenâgeuses. Pour qu'un pays se développe, il faut avoir une qualité sociale. Ce qui n'existe pas à bien des endroits au Chili.

Sortie du film Santiago 73, Post Mortem

Un film de Pablo Larrain (2011)
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Photo du film Santiago 73, Post Mortem
En bref : Santiago du Chili, septembre 73. Mario travaille à la morgue, où il rédige les rapports d'autopsie. Amoureux de sa voisine Nancy, une danseuse de cabaret soupçonnée de sympathies communistes, sa vie va être bouleversée par le coup d'Etat contre Salvador Allende...
Date de sortie : Mercredi 16 Février 2011
Acteurs principaux
Jaime Vadell, Amparo Noguera, Marcelo Alonso, Antonia Zegers, Alfredo Castro

dimanche 6 février 2011

BIELSA ET LE CHILI, C’EST FINI

« J'ai décidé de mettre fin à ma mission à cause de sa manière d'agir depuis sa prise de fonction, a indiqué le technicien argentin en conférence de presse. Il (Jadue) a tout fait pour que je m'en aille. Je m'en vais en vous donnant des explications qui sont des faits. J'évite toute spéculation. » Pour rappel, Bielsa entraînait la Roja depuis le 10 août 2007.

vendredi 4 février 2011

KOEN WESSING EST DÉCÉDÉ

PHOTO DE Koen Wessing Santiago du Chili 1973

La nouvelle fut annoncée par l'agence de photographies de presse Hollandse Hoogte, qui publiait l'oeuvre de Wessing. Célèbre par ses images de zones de crise. Koen Wessing fut mondialement connu après son travail de photo reportage sur « l’autre 11 de septembre », celui de 1973 au Chili. Le Coup d'État soutenu par les États-Unis pour renverser le président socialiste Salvador Allende, qui mit un terme à la démocratie en débouchant sur l'instauration d’une cruelle et longue dictature.

Le travail photographique de Koen Wessing sur le Coup d'État au Chili en 1973,  fut publié dans un livre : « Chili September 1973 ».   Illustré de 24 photographies dont 18 doubles pages, imprimées en héliogravure. Amsterdam, De Bezige Bij, 1973, 274x199mm, 48 pages, agrafées, couverture imprimée. sans légendes les images rendent suffisamment compte de la violence de l’action militaire contre le peuple chilien. Il s’agit d’un épisode honteux de l’histoire moderne, le dictateur Pinochet ayant bénéficié de l’appui direct des Etats-Unis par l’intermédiaire de la CIA. Parr & Badger I, 229 

Le travail photographique de Koen Wessing sur le Coup d'État au Chili en 1973, fut publié dans un livre: « Chili September 1973 ».

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PORTRAIT  DE KOEN WESSING,  PAR  JOOST VAN DEN BROEK, HOLLANDSE HOOGTE, AMSTERDAM

Une exposition du travail de Koen Wessing sur le Coup d'État chilien de 1973 est programmée et s’ouvrira à Santiago du Chili le 7 mars 2011. Ce sera la première fois que les photos du coup militaire seront exposées dans ce pays.

Le plus grand désir de Wessing était « de rendre les images au peuple chilien ». Malheureusement, il n'assistera pas à l’évènement tant attendu. 
MC.

mardi 1 février 2011

Veuve de Victor Jara appelle à éviter démantèlement de l’unité spécialisée en DDHH

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Le sous-préfet Sandro Gaete, super flic à la tête de l’Unité spéciale chargée d’enquêter sur les crimes de la dictature au Chili. Il vient d’être muté à Puerto Aysén, 1.756 km au sud de Santiago, où il devra enquêter sur des délits écologiques
Suite au transfert impromptu du sous-préfet Sandro Gaete vers Puerto Aysén, petite ville de l’extrême Sud, les associations de défense des Droits de l’homme, parties civiles dans plusieurs procès en cours, ont déclaré que cette mesure signifie le démantèlement de l’unité spécialisée de la Police d’Investigation nationale (PDI), qui enquête sur les nombreux crimes commis sous la dictature de Pinochet, et impunis pour la plupart.
En effet, la nouvelle affectation du sous-préfet Gaete -à la tête de l’unité spéciale depuis 2005, expert des enquêtes complexes et ultrasensibles et qui en exhibe des succès retentissants-, s’accompagne d’autres mutations au sein de la cellule Droits de l’homme de la PDI.
Ses agents ont été dispersés dans des zones reculées du territoire et affectés à des tâches très éloignées de leurs fonctions d’origine.
Pour les organisations de défense des droits de l’homme, les familles des victimes et les rares parlementaires de gauche qui les épaulent, ces changements visent à affaiblir l’ensemble des recherches en cours, et apparaissent comme contradictoires au moment où le ministère public présente 726 nouvelles plaintes pour des cas de violations des Droits de l’homme.
Avec la veuve du chanteur martyr, un collectif d’associations de familles de victimes, des juristes et d’organisations citoyennes appellent à reconsidérer la mutation de Sandro Gaete, et exigent de le voir réintégrer l’équipe spécialisée de la Police, où il a fait preuve d’efficacité, d’indépendance et solidité face aux attaques et pressions de la puissante famille militaire.  
Guy Desmurs.

«LA BOUCHERIE DES AMANTS » DE GAETAÑO BOLÁN

L'enfant Tom n'avait jamais connu sa mère, écrit Bolán. Il n'en était pas attristé. Il n'en était pas attristé. Comment peut-on être triste de la mort de quelqu'un que l'on n'a pas connu ? Les larmes ne valent pas le moindre peso. Aussi le gamin était-il joyeux.

 Tous les soirs, vers minuit, dans la boucherie de son père, Tom voit débarquer des types du cru qui déversent leur haine d'une dictature sanguinaire, il les écoute parler de leurs projets, de leurs peurs, de leurs espoirs aussi, de connaître peut-être des jours meilleurs. Et il fait entrer dans cette confrérie secrète son institutrice, la jolie et révolutionnaire Dolores, qui ne tarde pas à séduire le patron, pendant que Tom se félicite de son forfait. L'histoire est banale en diable, pourtant l'histoire d'amour est d'une émouvante tendresse, c'est un rêve et on en rêverait des heures. Quant à l'histoire tout court, elle est racontée à hauteur d'enfant, depuis les yeux clairvoyants d'un amour de petit aveugle.

La boucherie des amants de Gaetaño Bolán (Le Livre de poche, 91 p. 4,50 euros).