Orlando Arriagada et son équipe en tournage au Chili, un mois après le sauvetage des mineurs. Photo de la production |
Q : Quel était votre intérêt de traiter de ce sauvetage?
R : Cette histoire a fait le tour de la planète et s'est terminée par un happy end. Mais, derrière cela, il y a toutes les conditions sociales et historiques de l'industrie des mines chiliennes que je voulais explorer. Il fallait aller au-delà du côté médiatique de l'événement. Je voulais aussi voir, dans un ordre chronologique, comment avaient réagi les gens directement concernés.
Q : Normalement, le tournage d'un film est longuement mûri alors qu'ici, on a pratiquement affaire à un documentaire-minute. Pourquoi cet empressement?
R : Dès le début, j'ai suivi l'histoire en direct. Tous les matins, dès 7 h, je me branchais sur la télé chilienne pour savoir où en étaient les choses. Puis je me suis retrouvé à RDI à commenter en direct la sortie des mineurs, un par un. Avec tous les instruments technologiques, je pouvais entendre et sentir la réaction du peuple chilien. C'est cela que je voulais traduire. Et je voulais le faire assez rapidement. Nous nous sommes rendus sur place un mois après le sauvetage et, à la fin de notre tournage, d'autres équipes - de la BBC, Discovery et PBS - arrivaient et offraient des sommes faramineuses aux mineurs pour avoir leurs témoignages.
Q : Si vous aviez un mot pour décrire l'état d'esprit des mineurs que vous avez rencontrés, lequel serait-ce?
R : Je vous dirais que c'est un mélange d'euphorie et de fatigue. Ils sont euphoriques, car ils voyagent partout et ont une vie trépidante. Mais ils sont aussi très fatigués. Ils sont conscients qu'un jour, tout cela va s'arrêter. L'un d'eux m'a dit qu'après les photos, les entrevues et tout, il devra retourner à la mine. Car il ne sait rien faire d'autre dans la vie.
Q : Est-ce que ces événements vont changer quelque chose au Chili?
R : On l'espère! Jusqu'à maintenant, le gouvernement n'a fait qu'ajouter quelques fonctionnaires pour mieux surveiller les mines, mais il reste que les conditions de travail sont désuètes à plusieurs endroits. Environ 70 % des mines appartiennent à des individus ou à des compagnies étrangères, dont des Américains et des Canadiens, qui n'offrent pas de bonnes conditions de travail et de mesures adéquates pour la santé et la sécurité. Ils font beaucoup d'argent mais exploitent les gens dans des conditions moyenâgeuses. Pour qu'un pays se développe, il faut avoir une qualité sociale. Ce qui n'existe pas à bien des endroits au Chili.