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jeudi 11 février 2010

Un Medef gouvernemental

Voici quelques-unes des figures principales:

Rodrigo Hinzpeter

Rodrigo Hinzpeter, ministre de l'Intérieur, numéro 2 du gouvernement: Spécialiste du droit des affaires, issu d'une famille de gauche (Hinzpeter père était intime d'Allende), il a progressivement dérivé à droite et est devenu le bras droit de Piñera. C'est peut-être cela que le nouveau président appelle « l'esprit d'ouverture ».

Alfredo Moreno Charme

Alfredo Moreno Charme, ministre des Relations Extérieures, numéro 3: Spécialiste de la finance et des fusions d'entreprises, il est directeur ou vice-président de plusieurs grandes compagnies nationales et internationales. A l'image de Piñera qui a finalement vendu ses actions de Lan Chile, il devrait renoncer à la plupart de ces fonctions.


Jaime Ravinet

Jaime Ravinet, ministre de la Défense, numéro 4: Membre de la Démocratie Chrétienne qui faisait partie de la coalition gouvernementale de centre-gauche, dont il a été ministre. Figure de la politique chilienne, c'est le premier "traître" à retourner sa veste (quand il a appris sa nomination, il a quitté la DC après 49 ans de militantisme). Voilà qui va faire mal à la future opposition, et peut-être amener le centre à défaire son alliance avec les socialistes et se rapprocher de la droite piñeriste.


Cristian Larroulet

Cristian Larroulet, secrétaire général de la Présidence, numéro 6: Un autre économiste qui a fait ses classes auprès de l'école ultralibérale de Chicago, tout comme Alfredo Moreno. Piñera avait dit que son gouvernement ne compterait aucun ancien ministre de Pinochet. Peut-être, mais Larroulet fut directeur de cabinet de l'emblématique ministre des Finances de Pinochet, Hernan Buchi.

Joaquin Lavin

Et que dire de Joaquin Lavin, assesseur de la planification nationale de Pinochet, éminence de l'Opus Dei, nommé ministre de l'Education? On peut comprendre que Piñera se devait d'accorder un portefeuille à Lavin, qui fut son adversaire présidentiel il y a quatre ans et s'est depuis converti en précieux allié. Mais l'éducation? Autant la confier aux jésuites!


Six femmes, mais aucune en charge d'un ministère stratégique. Photo

Parmi les autres cadres du gouvernement, on compte également l'un des architectes de l'indépendance de la banque centrale (clairement, il a fait en sorte que l'Etat se mêle le moins possible des marchés financiers et du business local), six femmes (mais aucune en charge d'un ministère stratégique), et des vrais professionnels pour des domaines aussi spécifiques que la santé ou l'agriculture (ca, c'est plutôt bien). Et pour le côté people, on a mis un acteur de télé (qui possède aussi une compagnie de théâtre e est assesseur culturel, il est vrai). Là, sans commentaire.

Bref, moi qui espérais un gouvernement ouvert, comme Piñera lui-même l'avait annoncé, j'ai été bien optimiste et naïf. Certes, à première vue, il y a beaucoup d'indépendants (la moitié des ministres ne sont affiliés à aucun parti) et un ex-pilier du centre-gauche. Mais tous ces indépendants sont bien évidemment sympathisants du nouveau président. Et au final, c'est surtout un cabinet d'économistes et de financiers. Qui, j'en ai bien peur, risquent de gouverner un pays comme ils géreraient une fabrique de pots de yaourts. L'avenir le dira...