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samedi 23 août 2014

CHILI: UN SCHINDLER CHILIEN A AIDÉ LES PERSÉCUTÉS DE LA DICTATURE...

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JORGE SCHINDLER ET SON ÉPOUSE À
FRANKFURT, LEURS LIEU DE RÉSIDENCE 
Après le coup d'Etat du général Augusto Pinochet, le 11 septembre 1973, Jorge Schindler, militant du Parti communiste, décide de ne pas quitter le Chili et d'aider ses camarades traqués par la police politique de la dictature.

Son nom et son histoire rappellent inévitablement l'homme d'affaires allemand Oskar Schindler, qui a arraché plus d'un millier de Juifs aux camps d'extermination nazis en les employant dans ses usines, inspirant un livre et un film réalisé par Steven Spielberg qui a remporté un nombre exceptionnel de récompenses.


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Le Schindler chilien, fonctionnaire au moment du coup d’État, est sommé de quitter son emploi par le régime militaire. Il décide alors de s'associer à un pharmacien, Ramiro Rios.

Les deux ouvrent une pharmacie qui sert de couverture à un réseau clandestin d'entraide, en donnant du travail aux militants de gauche ayant soutenu le gouvernement de Salvador Allende, premier marxiste élu à la présidence du Chili en 1970, tué par balle le jour du coup d’État.


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JORGE, GABRIELA ET JULIO SCHINDLER

« C'était une question de survie. Nous avons décidé de monter une pharmacie dans laquelle nous donnerions du travail à des camarades. Nous avons aidé plusieurs dirigeants communistes qui ont pu ainsi sauver leurs vies, » raconte Jorge Schindler, aujourd'hui âgé de 75 ans, à l'AFP.

En tout, il ouvrira quatre pharmacies à Santiago et une autre dans la ville de Curacaví, à 60 km de Santiago, où travailleront une centaine d'opposants de gauche entre 1973 et 1978.

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JORGE SCHINDLER ET SON ÉPOUSE
GEMA UGARTE À SANTIAGO 
Les opposants apprennent à s'occuper des clients et à passer inaperçus auprès des hommes de la Dina, la terrible police secrète de Pinochet.

« Certains ne faisaient rien, ils étaient juste là. C'était une couverture pour leur donner une existence légale face à l'appareil répressif », explique à l'AFP Alsino Garcia, l'un des militants communistes protégés par Schindler et qui dirige encore aujourd'hui une pharmacie de Santiago.

- 'Remarquable' -

Schindler a également soutenu la réorganisation du Parti communiste clandestin pour former la résistance à la dictature et aider leurs camarades persécutés.

« Semaine après semaine, apparaissaient des camarades du parti sans travail, mal habillés et ne mangeant pas à leur faim. Nous faisions ce que nous pouvions pour les aider », se souvient Schindler.



« Jorge a loué des maisons pour des militants persécutés, les a aidés financièrement, a distribué des médicaments (...) ce qu'il a fait est remarquable », affirme à l'AFP Quintin Barrios, actuellement responsable de la première pharmacie ouverte par Schindler en 1973.

Pour assurer leur protection, Schindler et ses compagnons coupent tous les liens avec le Parti communiste, et évitent de se retrouver en dehors du travail.
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LE LIVRE DE MANUEL SALAZAR SALVO SUR LE VIE DE JORGE SCHINDLER « LE SCHINDLER CHILIEN » PRÉSENTÉ LE 21 AOÛT 2014 À SANTIAGO.

Malgré ces précautions, les pharmacies Schindler étaient surveillés par des agents de la Dina. « Deux fugitifs (qui sont passés par l'une des pharmacies) ont été arrêtés et ont disparu, mais la Dina n'a jamais pu établir leurs liens réels avec nous », révèle Alsino Garcia, qui a été lui-même enlevé et torturé en 1988 par la police secrète, avant d'être libéré deux jours plus tard.

Selon Garcia, des armes, dont des fusils AK 47 appartenant sans doute au Frente Patriotico Manuel Rodríguez (FPMR), l'aile militaire du Parti communiste chilien fondé sous la dictature de Pinochet, ont été brièvement cachés dans les pharmacies.

Le FPMR tenta notamment d'assassiner le dictateur en septembre 1986.

Jorge Schindler vit actuellement avec sa famille en Allemagne mais s'est rendu au Chili pour la présentation de son livre.

Plus de 3.000 personnes sont mortes ou ont disparu durant les 17 ans de dictature. Quelque 38.000 personnes ont été torturées. Le général Pinochet est décédé en 2006, sans jamais avoir été jugé.