ROBERTO BOLAÑO ET PEDRO LEMEBEL |
Par la suite, alors que la démocratie reprend progressivement ses droits, Pedro Lemebel écrit. Des chroniques. Sur la misère à Santiago, lui qui a grandi dans l’un des coins les plus mal-famés de la capitale, à la Legua. Ses textes tapent dans l’œil de Roberto Bolaño avec qui il deviendra très ami. Ce dernier lui permettra d’ailleurs de se faire connaître en Europe, notamment en Espagne.
Avec l’irrévérence pour marque de fabrique, il a continué à écrire, à produire, à se faire aimer et détester, à se faire reconnaître. Mais rarement à être décoré.
Ces derniers mois, son nom était surtout associé à une polémique autour de l’attribution du prix national de littérature. Donné favori par bon nombres de soutiens et supporté par les réseaux sociaux, Pedro Lemebel a finalement été boudé par l’institution qui lui a préféré le plus consensuel Antonio Skármeta, auteur, notamment, du livre Le facteur.
En début d’année, le 7 janvier 2015, il est apparu une dernière fois en public à l’occasion de l’ultime hommage que lui a rendu tardivement le Conseil national de la culture et des arts chilien. Affaibli, il ne réapparaîtra plus.
Ces proches ont annoncé son décès des suites de son cancer du larynx. « Un cancer qui a voulu éteindre sa voix. Mais qui pourrait réussir ça. Sa voix existe et persiste », ont-il lancé. Une voix anticonformiste qui a fait beaucoup pour la liberté d’expression au Chili. Un symbole, à sa manière.