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UNE ÉGLISE CATHOLIQUE, À PITTSBURGH (PENNSYLVANIE), LE 14 AOÛT 2018 PHOTO JASON COHN / REUTERS |
Le rapport de la justice américaine sur la Pennsylvanie mettant en cause 300 prêtres s’ajoute à une série d’affaires concernant des hiérarques catholiques pendant l’été.
PHOTO JEFF SWENSEN |
L’atterrant rapport de la justice américaine sur soixante ans d’agressions et de viols commis dans les diocèses de Pennsylvanie par 300 prêtres sur au moins 1 000 enfants et adolescents, publié mardi 14 août, l’a encore montré.
Les auteurs admettent que « beaucoup de choses ont changé depuis quinze ans » dans cette institution, en particulier parce qu’elle est plus encline à saisir la justice. Mais ils constatent que des exactions continuent d’être commises et doutent manifestement que la protection accordée pendant des décennies à leurs auteurs par leur hiérarchie ait totalement disparu : « Jusqu’à ce que cela change, nous pensons qu’il est trop tôt pour refermer le livre des scandales sexuels de l’Église catholique. »
« Culture de l’abus »
Le pape François ne peut être en désaccord avec ce constat, lui qui a récemment évoqué la « culture de l’abus » et de la protection des agresseurs par leur hiérarchie. Depuis sa désastreuse visite au Chili, en janvier, et l’accusation de « calomnie » lancée aux victimes d’un prêtre prédateur, cette question domine totalement son pontificat et la pression grandit pour que des décisions soient prises.
LE 4 AOÛT, LE CARDINAL A ANNONCÉ QU’IL RENONÇAIT
À PRÉSIDER, LE 18 SEPTEMBRE, LE TRADITIONNEL
TE DEUM POUR LA PATRIE, ÉVÉNEMENT AUQUEL PARTICIPE
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Les critiques visent en particulier le cardinal Francisco Javier Errazuriz, membre du C9, le conseil de neuf cardinaux dont s’est entouré François, et le cardinal Ricardo Ezzati, archevêque de Santiago. Ce dernier est convoqué le 21 août par le procureur qui enquête sur plusieurs affaires d’agressions sexuelles. Le 4 août, le cardinal a annoncé qu’il renonçait à présider, le 18 septembre, le traditionnel Te Deum pour la patrie, événement auquel participe largement le personnel politique.
S’en tenir à une « vie de prière et de pénitence»
Selon la presse chilienne, le président de la République, Sebastian Piñera, aurait menacé de ne pas s’y rendre en cas de présence du cardinal Ezzati. Pendant ce temps, la justice du pays continue d’enquêter. Mardi, elle a ainsi perquisitionné le siège de la conférence épiscopale. Le 1er août, le procureur national a officiellement demandé à l’État du Vatican d’avoir accès aux dossiers canoniques de neuf clercs soupçonnés d’agressions sexuelles.
Le Chili n’est pas le seul cas dont le pape a eu à traiter cet été. Le 30 juillet, François a obtenu la démission d’un archevêque australien, Philip Edward Wilson, condamné le 3 juillet à un an de prison pour avoir couvert des actes de pédophilie, et qui jusqu’à présent avait refusé de démissionner. Les autorités politiques australiennes avaient aussi exercé une pression sur le Saint-Siège pour que des décisions soient prises. « Le temps est venu pour le pape de le limoger », avait déclaré le premier ministre australien, Malcolm Turnbull, le 19 juillet.
Un autre prélat australien, et non des moindres, attend son procès pour des accusations d’agressions sexuelles. Il s’agit du cardinal George Pell, membre lui aussi du C9 du pape et responsable des affaires économiques du Vatican.
Le 28 juillet, le pape François a accepté la démission du collège des cardinaux de Theodore McCarrick, 88 ans, ancien archevêque de Washington, accusé d’abus sur mineurs et sur de jeunes majeurs. Fait sans précédent, avant même que le procès ait lieu, il lui a demandé de s’en tenir à une « vie de prière et de pénitence ».
« Grave faute morale »
La mise en cause de cette éminente figure de l’Eglise américaine n’a pas fini de soulever des questions gênantes dans la mesure où il semble que sa conduite sexuelle n’était pas précisément un secret pour tout le monde. Le président de la conférence épiscopale américaine, le cardinal Daniel DiNardo, a lui-même reconnu que le fait que des plaintes contre Theodore McCarrick aient été tenues secrètes « pendant des décennies » était une « grave faute morale ».
LE CARDINAL THEODORE MCCARRICK, ARCHEVÊQUE ÉMÉRITE DE WASHINGTON, ET LE PAPE FRANÇOIS, À WASHINGTON, LE 23 SEPTEMBRE 2015. PHOTO JONATHAN NEWTON |
Le 20 juillet, enfin, sans explications, le pape a accepté la démission d’un évêque auxiliaire de Tegucigalpa (capitale du Honduras), Juan José Pineda, 57 ans. Le prélat était l’adjoint du cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga, lui aussi membre du C9 de François. En 2017, le Vatican avait conduit une enquête sur Juan José Pinera à la suite, semble-t-il, d’accusations concernant sa vie sexuelle.
Les 25 et 26 août, François se rendra en Irlande pour une visite à l’occasion des Rencontres mondiales sur la famille. Dans ce pays où tant de violences sexuelles contre des mineurs ont eu lieu, notamment dans le cadre d’institutions dirigées par l’Église, la parole du chef de file des catholiques sur ces questions sera attendue.