Catégorie

samedi 4 août 2018

MISE À L’ENCAN, L’ÎLE DE PÂQUES A FAILLI TOMBER DANS LES MAINS D’HITLER

 [ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

MOAÏ L’ÎLE DE PÂQUES
PHOTO 
GETTY IMAGES
Ayant besoin d’argent pour la construction de deux croiseurs au sortir de la crise de 1929, le Chili a cherché un acquéreur pour cette terre «lointaine et sans valeur»
Gilles Sengès
Alors que Sebastian Piñera, l’actuel Président du Chili, vient de prendre une série de décisions drastiques à dater du 1er août pour réduire l’accès à l’île de Pâques, victime de surfréquentation touristique, on apprend que l’un de ses lointains prédécesseurs a cherché à céder cette terre, plantée à 3 500 kilomètres des côtes chiliennes, en plein milieu de l’océan Pacifique. En mal d’argent au sortir de la crise financière de 1929, le gouvernement en place à Santiago cherchait à financer l’achat de deux croiseurs de guerre pour répondre au réarmement de l’Argentine voisine et à la crainte d’une nouvelle guerre du Pacifique (1879-1884) avec le Pérou et la Bolivie.

COUVERTURE DU LIVRE 
«RAPA NUI, UNA HERIDA EN EL OCÉANO » 
(RAPA NUI, UNE PLAIE DANS L’OCÉAN).
Il a ainsi envisagé de vendre cette terre annexée en 1888 - que les Polynésiens appellent « Rapa Nui » (« le nombril du monde ») - à plusieurs pays dont l’Allemagne. « Pour le Chili, l’île était surtout un lieu marqué par les stigmates de la lèpre et pour le pouvoir politique un endroit éloigné, abandonné à la Marine, loué à une société privée et de peu de valeur » raconte dans un entretien accordé à El Pais Mario Amoros, auteur du livre à sortir Rapa Nui, una herida en el oceano («Rapa Nui, une plaie dans l’océan »). Sollicités auparavant mais guère intéressés par l’acquisition pour 1 million de dollars de l’époque de cet endroit sans grand intérêt stratégique, Washington tout comme Londres mettront leur veto, en 1937, à toute cession à Berlin mais aussi Rome et Tokyo, les deux autres membres de l’Axe.

Ironie de l’histoire, l’île de Pâques, longtemps boudée, est aujourd’hui victime de son succès. Elle reçoit quelque 116 000 visiteurs par an alors que sa population ne dépasse pas les 7 800 habitants dont 40 % de natifs. Pour complaire à ces derniers, Sebastian Piñera a aussi annoncé qu’elle prendrait désormais le nom d’ « île Rapanui et de Pâques ».

SUR LE MÊME SUJET :