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CHILI, SEPTEMBRE 1973, PAR KOEN WESSING. PHOTO KOEN WESSING/NEDERLANDS FOTOMUSEUM, ROTTERDAM, PAYS-BAS |
Avec cette nouvelle exposition délocalisée à Tours, le Jeu de paume rend un hommage au travail de ce photojournaliste néerlandais, qui aura consacré sa vie à témoigner de l’histoire contemporaine.
Koen Wessing, l’image indélébile
Au Jeu de paume, château de Tours (Indre-et-Loire)
CHILI, SEPTEMBRE 1973 PHOTO : KOEN WESSING NEDERLANDS FOTOMUSEUM, ROTTERDAM, PAYS-BAS |
Leica et nouveau costume dans le baluchon
Il prend quand même le temps de s’acheter un nouveau costume « parce qu’il pensait moins se faire remarquer s’il était bien habillé », témoigne son ami, le commissaire de la rétrospective proposée par le Jeu de paume au château de Tours.
« Il a agi de la même façon toute sa vie. C’était quelqu’un qui prenait le risque de partir en reportage sans qu’aucune publication ne lui ait passé commande.Quand il en sentait le besoin, il partait, empruntant de l’argent à son entourage pour se payer un billet d’avion. »
Témoin de la répression chilienne
Au Chili, il sera l’un des premiers témoins européens de la répression. Koen Wessing réussit même à se frayer une place dans le grand stade de Santiago, où transitent les prisonniers politiques. Sur la pelouse, aux côtés des militaires, il saisit les visages amaigris des partisans d’Allende, leur regard s’illuminant, l’espace d’un instant, devant les rares cigarettes qui circulent dans les travées.
« L’histoire ne dit pas comment il a fait pour faire partie des photographes accrédités par l’armée », s’étonne Jeroen de Vries, qui a réuni un ensemble de 80 tirages, des projections et un passionnant entretien filmé avec le cinéaste hollandais Kees Hin. Une relation étroite le liera avec le Chili jusqu’à sa mort, le 2 février 2011, à 69 ans.
La violence de la guerre
Né à Amsterdam au milieu de la Deuxième Guerre mondiale, en pleine occupation allemande, Koen Wessing a consacré l’essentiel de son parcours de photojournaliste à arpenter le monde pour témoigner de l’histoire contemporaine, de la férocité de ses conflits et coups d’État, depuis la décolonisation en passant par l’apartheid en Afrique du Sud et la chute du bloc soviétique, jusqu’aux guerres de Yougoslavie et l’émergence de la Chine.
Toutes ses images suggèrent la violence de la guerre, la détresse des femmes et des hommes fuyant les juntes militaires comme au Nicaragua ou au Salvador à la fin des années 1970. « Il aura suivi en quelque sorte les ”damnés de la terre”. Mais Koen Wessing tenait à montrer des visages dignes, jamais déshumanisés, comme s’il était important pour lui de rappeler qu’il s’agissait de nos semblables. »
Xavier Renard, correspondant régional à Tours Jusqu’au 12 mai 2019. Rens. : 02.47.21.61 .95 et www.jeudepaume.org