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dimanche 26 avril 2020

PHOTOGRAPHIE. AU CHILI, LA RÉVOLTE S'AFFICHE SUR LES MURS

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Sur ce mur de Valparaíso, un artiste a peint une protestataire brandissant le drapeau mapuche – un peuple autochtone du Chili – en mémoire de Camilo Catrillanca. Un an après qu’il a été tué par les forces de police, des milliers de personnes se sont réunies pour commémorer sa mort sur la plaza Italia, épicentre de la mobilisation à Santiago, et dans le sud du pays, où vit la majorité des Mapuches.  
Photo de Stefan Boness 
Le photographe allemand Stefan Boness a saisi toute la créativité des artistes qui ont collé des affiches et dessiné sur les murs des villes de Santiago et de Valparaíso durant les manifestations d’octobre 2019.
La mobilisation contre la hausse du prix du ticket de métro le 18 octobre 2019 se transforme rapidement en une contestation du pouvoir. À Santiago, la capitale, on trouve des pochoirs représentant le président du Chili, Sebastián Piñera, grimé en Joker, l’ennemi de Batman, qui terrorise la ville fictive de Gotham City en se transformant peu à peu en tueur psychopathe. 
 Photo Stefan BONESS / PANOS-REA
Courrier international
Ce portfolio est extrait de notre hors-série “Un monde en colère”, que nos abonnés peuvent télécharger sur notre site. Inégalités, urgence climatique, corruption, patriarcat… Pendant des mois, des peuples se sont soulevés pour réclamer des changements. Si la crise du coronavirus semble avoir figé le monde, nul doute que les raisons de cette colère demeurent.

“Le Chili s’est réveillé”, clame cette affiche. Les concerts de casseroles sont une forme de contestation très populaire dans le pays, et plus largement en Amérique latine. Inventés par les partisans de la droite pour marquer leur opposition au président socialiste Salvador Allende au début des années 1970, les cacerolazos ont depuis été adoptés par les militants de tous bords. Le son des casseroles a notamment résonné dans les rues de Santiago lors du couvre-feu imposé par l’armée du 20 au 26 octobre 2019. 
Photo Stefan BONESS / PANOS-REA





Les manifestations sont le lieu de revendications sociales, économiques, politiques et féministes. Sur cette affiche dénonçant les abus du pouvoir apparaît le visage de Camilo Catrillanca, un Mapuche de 25 ans tué d’une balle dans la nuque lors d’une opération policière le 14 novembre 2018. En dessous, on aperçoit aussi des photos de militantes féministes torse nu. Celles-ci luttent depuis de longues années contre les violences sexuelles et sexistes dans le pays.
Photo Stefan BONESS / PANOS-REA


Depuis le 18 octobre 2019, les Chiliens occupent les rues, les places et aussi les murs de leur pays. Ils dessinent des graffitis, peignent des fresques, écrivent des slogans, collent des affiches, multiplient les pochoirs, pour exprimer leurs revendications et s’opposer au président, Sebastián Piñera.
Les manifestants, qui réclamaient un changement de Constitution, ont été entendus sur ce point. Un référendum proposant la rédaction d’un nouveau texte devrait se tenir le 22 avril. La Constitution actuelle, adoptée en 1980, date des années de dictature et avait été faite sur mesure pour que les secteurs conservateurs de la société puissent se maintenir au pouvoir, y compris après la fin de la dictature.
Photo Stefan BONESS / PANOS-REA

Partie d’un appel à frauder le métro lancé par des lycéens de Santiago, la contestation s’est répandue comme une traînée de poudre dans le pays, entraînant une flambée de violences et conduisant le pays à une crise sociale inédite depuis la chute de la dictature de Pinochet, en 1990.

Les blessures aux yeux, ici représentées sur des collages à Valparaíso, sont devenues le symbole de la répression policière. Début mars, après quatre mois et demi de crise, le bilan était de 31 morts et d’au moins 3 765 blessés, dont 445 personnes atteintes aux yeux, selon l’Institut national des droits humains chilien. 
Photo Stefan BONESS/PANOS-REA


Le photographe allemand Stefan Boness, primé par le World Press Photo pour un travail en Érythrée en 2002, a décidé de raconter cette contestation à travers le street art, omniprésent dans les rues de Santiago et de Valparaíso.

Les blessures aux yeux, ici représentées sur des collages à Valparaíso, sont devenues le symbole de la répression policière. Début mars, après quatre mois et demi de crise, le bilan était de 31 morts et d’au moins 3 765 blessés, dont 445 personnes atteintes aux yeux, selon l’Institut national des droits humains chilien. 
Photo Stefan BONESS/PANOS-REA

Il utilise pour cela un objet tout aussi commun dans l’espace public : un iPhone. Dans une série intitulée Chile despertó !, [“Le Chili s’est réveillé !”], il réunit ces œuvres puissantes, spontanées, éphémères et parfois anonymes, dont la superposition des unes sur les autres au fil du temps sur les murs dit presque autant qu’elles-mêmes.
Sur cette photo collée à Santiago, le drapeau chilien a été barré. Le pays, souvent présenté comme un laboratoire ultralibéral, dispose du revenu annuel par habitant le plus élevé d’Amérique latine mais connaît également les plus fortes inégalités du continent. Les manifestants s’opposent notamment au système de retraites, un régime par capitalisation totalement individualisé mis en place sous Pinochet.
Photo Stefan BONESS / PANOS-REA


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