Fard.
Fard.
Né au Chili en 1971, installé en France depuis 1992, Luis Briceno n’aime pas faire deux fois la même chose, déteste les films didactiques, se méfie des images trop léchées, croit aux contraintes créatives, et voudrait bien que les courts métrages d’animation touchent un public plus large que celui des festivals. Les siens, visibles sur le Net, arborent une savoureuse exubérance formelle, et nous interrogent avec humour sur la notion de liberté – métaphoriquement, comme dans le très absurde Les oiseaux en cage ne peuvent pas voler, ou plus directement, comme dans le délectable Adieu général, tourné pour une collection d'Arte sur les années 1980, qui imposait l'usage du téléphone mobile comme outil principal. Dans Adieu Général, « un film d'exorciste, plein de fantômes qui traînaient et avec lesquels j'avais des comptes à régler », Luis Briceno résume à toute allure ce que fut son enfance marxiste dans le Chili de Pinochet, avec une joyeuse causticité et un brin de nostalgie pour les solidarités (et les illusions) perdues. Sélectionné cette année à Annecy dans la catégorie Courts métrages hors compétition, Adieu Général sera projeté samedi sur grand écran dans la salle Pierre-Lamy (la séance de 14h). Il est visible sur le site d'Arte, profitez-en.
Luis Briceno a suivi des études d’ingénieur avant de s’orienter vers le cinéma, et de fonder, en 1996, avec des passionnés de films super-8, le collectif « la Poilutation Cyclique » (sic), devenu un peu plus tard la société-laboratoire de production Metronomic. De son propre aveu « nul en dessin », il s’est formé tout seul aux différentes techniques d’animation, les utilise en fonction de l’histoire qu’il veut raconter, leur préfère parfois la prise de vue réelle, et mélange volontiers les deux. Coréalisé avec David Alapont, Fard, son dernier court métrage (prix SACD au dernier festival de Clermont-Ferrand), est une fable SF tournée en rotoscopie, avec de vrais acteurs filmés caméra à l’épaule (puis redessinés à l’écran), pour « donner l’impression que l’opérateur filme à l’intérieur du monde dessiné, façon documentaire secoué ». Fard (visible également sur le site d'Arte) a obtenu un joli succès dans les festivals, et attiré l’attention des Américains. Aux dernières (bonnes) nouvelles, le « court » pourrait bien devenir un « long »