L'entraîneur du Chili Marcelo Bielsa pendant le match de football amical contre le Mexique, au Stade Azteca au Mexique Ville le 16 mai 2010. Le Mexique a gagné 1-0. Photo GETTY IMAGES
Cette qualification a aussi une saveur particulière pour le sélectionneur argentin.
En 2002, il était l'homme le plus haï à Buenos Aires après l'élimination de l'Argentine au premier tour du Mondial au Japon et en Corée du Sud.
Deux ans plus tard, il jetait l'éponge et disparaissait de la scène publique pour, a-t-on dit à l'époque, lire des livres et profiter de sa collection de vidéos de matches de foot dans son hacienda.
C'est là que la Fédération chilienne est allée le chercher en 2007 pour relancer une sélection à l'agonie.
Absent des Coupes du monde 2002 et 2006, le Chili venait de se faire humilier par le Brésil (6- 1) en quarts de finale de la Copa America.
Pour remettre les têtes à l'endroit, rien ne valait une bonne cure de jouvence aux mains d'"El Loco" ("le fou"), l'un des entraîneurs les plus excentriques d'Amérique du Sud
"L'HOMME PERDU DANS SON LABYRINTHE"
En trois ans, Bielsa a transformé une bande de jeunes désorganisée en l'une des équipes les plus agréables à voir jouer du continent.
Les résultats ont suivi, et contre toute attente, le Chili s'est magistralement qualifié pour le Mondial sud-africain en prenant la deuxième place derrière le Brésil.
Ce succès a fait de Bielsa un héros. Outre les veillées aux bougies, de nombreuses personnalités politiques ont demandé au gouvernement d'accorder à l'Argentin la nationalité chilienne, ce qui en dit plus long que bien des discours tant les relations entre les deux peuples sont compliquées.
"Nous autres, Argentins, nous ne savons pas grand-chose de la tolérance", a dit un jour Bielsa. "C'est quelque chose que j'ai appris au Chili."
Avant de débarquer à Santiago, l'ancien défenseur sans relief, devenu entraîneur après une grave blessure, avait conduit son club de coeur, Newell's Old Boys, à deux titres de champion d'Argentine et une finale de la prestigieuse Copa Libertadores en 1992.
Il s'était ensuite exilé au Mexique et en Espagne, avant son échec avec la sélection argentine.
Réputé pour ses conférences de presse surréalistes et ses déclarations incompréhensibles, "l'homme perdu dans son propre labyrinthe" - comme l'avait appelé un journal argentin - vient d'en trouver la sortie.
Avec lui, le Chili entend souffler le chaud en Afrique du Sud.
Tangi Salaün pour le service français, édité par Clément Dossin