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PEDRO ELÍAS PABLO MONTT MONTT (SANTIAGO DU CHILI, LE 29 JUIN 1849 MORT À BREMEN, ALLEMAGNE, LE 16 AOÛT 1910) A ÉTÉ AVOCAT ET PRÉSIDENT DU CHILI ENTRE 1906 ET 1910. |
Benjamin explique sa tristesse à s'imaginer
faire partie de la génération « du
centenaire » du lycée. Il se souvient du second jour de cours, quand une
professeure leur a raconté l'histoire de leur lycée. « Elle n'a jamais mentionné que la plupart des anciens élèves, devenus
présidents de la République, avaient du
sang sur les mains », lance le lycéen se référant au président Pedro Montt, ayant ordonné
en 1907 le
massacre de 3500 personnes dans le nord du pays. Ou encore le cas du président
Errazuriz, qui a laissé mourir 300 personnes dans le centre de la
capitale chilienne durant un épisode
de la dite « question sociale ».
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Le lycéen cite aussi le président Anibal Pinto, qui a favorisé la guerre du Pacifique. « Je ne veux pas qu'un ancien élève soit à nouveau président du pays ! J'aurais honte si Laurence Golborne (candidat de la droite aux présidentielles 2014) gagne ! », assène-t-il à la moitié de son discours.
FEDERICO ERRÁZURIZ ZAÑARTU
(SANTIAGO, LE 25 AVRIL 1825,
IBÍDEM, LE 20 JUILLET 1877) A
ÉTÉ AVOCAT ET PRÉSIDENT DU
CHILI ENTRE 1871 ET 1876
|
ANÍBAL PINTO GARMENDIA (SANTIAGO, 15 MARS 1825 VALPARAISO, 9 JUIN 1884) AVOCAT ET PRÉSIDENT DU CHILI ENTRE 1876 ET 1881. |
Plus que ces « fausses histoires
», le futur ancien élève rejette les traditions et les mythes cultivés au sein
de l'Instituto Nacional, reconnu comme le lycée le plus détesté durant les
protestations étudiantes de 2011. « Depuis
mon premier jour, j'ai su que tout tendait vers un seul but : le
succès. Ici, on ne nous enseigne pas la mémoire, on ne nous enseigne pas le
respect humain ou celui des autres classes sociales. On nous apprend juste à obtenir le meilleur
classement au bac national, afin de s'acheter un 4x4. » Benjamin
qualifie l'éducation qu'il a reçue comme une réussite basée sur la
discrimination et la haine des homosexuels. « Jamais, nous n'avons su la réalité du coup d'Etat de 1973.
» complète le lycéen, dévoilant le silence institutionnel autour de la mort
d'un illustre ancien élève, Salvador Allende Goosens.
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Pour clore son discours, Benjamin proclame
sa fierté de décrocher son diplôme sous les « cris de haine ». Un hommage ultime envers nombre de ses camarades,
virés du « meilleur
lycée chilien » pour avoir participé au mouvement massif des étudiants
qui réclament un meilleur enseignement public et la fin de l’éducation
marchandise.