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« 2666 », PHOTO DE RÉPÉTITION © SIMON GOSSELIN |
2666
de Roberto Bolaño
adaptation et mise en scène Julien Gosselin / Cie Si vous pouviez lécher mon cœur
avec Rémi Alexandre, Guillaume Bachelé, Adama Diop, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Carine Goron, Alexandre Lecroc-Lecerf, Frédéric Leidgens, Caroline Mounier, Victoria Quesnel, Tiphaine Raffier
« 2666 », PHOTO DE RÉPÉTITION © SIMON GOSSELIN |
C'est du très grand théâtre, pas de doute. Un long fleuve intranquille plein de fureur et d'amour, une célébration de la civilisation, des livres, de la littérature, tout cet art qui n'empêche pas la barbarie au XXème siècle, d'Europe aux Amériques, le règne du mal.
Armelle Héliot, Le Figaro, 11 juillet 2016
Le jeu des acteurs au plus près de la vérité de la multitude de leurs personnages, le recours à l'image qui esthétise et à une musique qui donne au plateau des allures de concert électro, tout concourt à faire de 2666 un spectacle total. (...) Le spectacle fut plébiscité lors de sa création à Avignon par une critique et un public unanimes.
Patrick Sourd, Les Inrockuptibles, septembre 2016
Les cinq parties, clairement annoncées, ne laissent aucun spectateur, même ceux qui n'ont pas lu 2666, sur le bord de la route. (...). Et il y a la troupe de Julien Gosselin, ses compagnons de la première heure, avec qui il a fondé la compagnie nommée Si vous pouviez lécher mon cœur. C'est exactement ce qu'ils font, ces excellents et valeureux combattants de 2666. Ils lèchent notre cœur jusqu'à le déchirer, en nous offrant ce que souvent l'on cherche et rarement l'on trouve : du théâtre d'aujourd'hui, qui nous parle d'aujourd'hui.
Brigitte Salino, Le Monde, 10 juillet 2016
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ROBERTO BOLAÑO - BARCELONE |
Du moins, il paraît avoir une sorte d’équivalent, nommé et situable sur une carte : Santa Teresa, ville imaginaire inspirée de Ciudad Juárez (tristement célèbre pour la série barbare de viols et meurtres de femmes qui a fait plusieurs milliers de victimes depuis 1993). Les cinq sections de 2666 y convergent énigmatiquement. Le mouvement s’engage dans « la partie des critiques », où quelques universitaires se mettent en tête de retrouver Benno von Archimboldi, l’écrivain allemand sur lequel portent leurs recherches. Leur quête les conduit jusqu’à Santa Teresa. Elle inaugure une série de voyages, d’errances, de dérives sans lien apparent entre elles, qui toutes ramènent en terre mexicaine. Quel rapport entre les horreurs de Santa Teresa et celles de la deuxième Guerre mondiale, à laquelle le jeune Archimboldi participe sous l’uniforme du Reich ?
Bolaño laisse ses lecteurs mener leur propre enquête, sans élucider explicitement la nature de la relation qui semble se nouer entre l’écriture (critique, journalistique, artistique) et le mal.
Julien Gosselin sait que l’œuvre, à l’image du réel qu’elle reflète, refuse toute réponse simple à ceux qui essaient de s’y orienter. Il sait aussi que la scène peut être à la taille d’un roman qui s’est voulu à la mesure du monde. Il a conçu un spectacle foisonnant, débordant d’énergie, qui soit « pour le spectateur ce que 2666 est pour le lecteur, énorme, infini, jouissif, pénible parfois ».