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jeudi 23 septembre 2010

UN ENNEMI BIEN PRATIQUE

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EDUARDO GALEANO, À SEVILLA. PHOTO ALEJANDRO RUESGA 11-03-2010



Le patriotisme est légitime dans l’hémisphère Nord, mais, au sud, il est perçu comme du populisme ou pis encore, comme du terrorisme. Les informations sont très manipulées, elles dépendent des yeux qui les regardent ou des oreilles qui les écoutent. La grève de la faim des Indiens Mapuches au Chili n’occupe que peu d’espace dans les médias les plus influents, alors qu’une grève de la faim au Venezuela ou à Cuba fait les gros titres. Alors qui sont les terroristes ?

Le président vénézuélien, Hugo Chávez, est un de ceux qui croisent le fer avec la presse. L’avons-nous abusivement catalogué ?

Il y a une diabolisation de Chávez dans les médias. Autrefois, c’était Cuba qui jouait le rôle du méchant, mais tout change. Et s’il n’y a pas de méchant, il n’y a pas d’histoire. S’il n’y a pas d’ennemis dangereux, que fait-on des dépenses militaires ? Le monde fonctionne sur une économie de guerre et a donc besoin d’ennemis. S’ils n’existent pas, on les invente. Il ne faut pas toujours prendre les anges pour des anges et les démons pour des démons. C’est un scandale qu’actuellement dans le monde, à chaque minute, on destine 3 millions de dollars aux armes de guerre, un euphémisme pour désigner l’industrie du crime. Le monde a besoin d’ennemis. Dans le théâtre du bien et du mal, les rôles sont parfois interchangeables, comme pour Saddam Hussein, un saint pour l’Occident un jour et un diable un autre jour.
Propos recueillis par Oscar Gutiérrez

Note :* Ecrivain uruguayen, auteur notamment de Les Veines ouvertes de l’Amérique latine – Une contre-histoire (éd. Plon).