Esperanza ("Espérance") dort dans une petite robe rose, sans savoir bien sûr que son père, âgé de 29 ans, est prisonnier des entrailles de la terre.
Epinglée au revers de la petite robe, une médaille: "C'est la Vierge", glisse sa mère, enfreignant le silence et le repos forcé prescrits par les médecins après son accouchement sous césarienne.
La naissance d'Esperanza, à 16H20 GMT, a été filmée par la famille, qui espère faire voyager la vidéo au fond de la mine pour qu'Ariel puisse vivre en différé l'accouchement de sa femme, le troisième après les deux garçons qu'elle lui a déjà donnés.
Margarita, elle, se repose sur un lit de l'hôpital de Copiapo, la ville la plus proche de la mine.
Elle prend quand même le temps de suivre les informations télévisées sur les avancées des excavatrices qui tentent d'accéder à son mari et ses 32 compagnons d'infortune.
Le bébé de 3,05 kilos tire son nom du campement "Esperanza", dressé par les familles près de la mine. Un choix qui a touché au coeur les familles des autres mineurs.
"C'est le bon prénom", plaisante Violeta Avalos, soeur de deux autres "gueules noires" coincées sous terre, Florencio et Renan.
Elle aussi, dans les mêmes circonstances, aurait choisi un prénom rappelant "ce que nous vivons", dit-elle.
Cristian, le frère d'Ariel, est le messager qui a filé à la mine, à 50 km au nord de Copiapo, pour que la vidéo soit transmise via le conduit, véritable "cordon ombilical", qui maintient le contact entre les mineurs et le monde extérieur depuis près d'un mois.
"Il savait que c'était aujourd'hui et il était serein, parce qu'il savait que cela allait bien se passer", dit une de ses soeurs, Alicia, qui tient compagnie à Margarita dans sa chambre d'hôpital.
D'ici novembre ou décembre, "quand il sortira, ce sera comme si la terre accouchait, ce sera comme une naissance", prédit Juan Ramirez Alvarez, une ancienne 'gueule noire".