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mardi 8 décembre 2009

Le Chili pourrait basculer à droite

Dimanche prochain, le pays se rendra aux urnes pour le premier tour de l’élection présidentielle, et les sondages accordent une avance confortable à l’homme d’affaires Sebastian Pinera. Il est également crédité d’une avance de cinq ou six points au second tour, quel que soit son adversaire.Sebastian Pinera, milliardaire, propriétaire d’une chaîne de télévision et de la principale compagnie aérienne du pays, Lan Chile, avait déjà tenté sa chance en 2005. Il avait été battu assez sèchement au second tour par Michelle Bachelet, socialiste et représentante de la Concertation démocratique qui gère le pays depuis 1990. Mais, au Chili, perdre une élection présidentielle accorde au perdant un avantage : le droit de tenter de nouveau sa chance quatre ans plus tard, alors que la Constitution interdit au sortant de briguer un second mandat consécutif. En dépit d’une popularité record – près de 80 % des Chiliens approuvent son action – Michelle Bachelet doit donc s’effacer. Or, pour défendre les couleurs de la coalition qui unit depuis le combat contre Augusto Pinochet démocrates-chrétiens et socialistes, les états-majors ont choisi un revenant : Eduardo Frei, 67 ans, déjà président entre 1994 et 2002. « Un choix d’autant plus étonnant qu’il n’a pas laissé un très bon souvenir, rappelle George Couffignal, directeur de l’Institut des hautes études de l’Amérique latine de Paris. D’ailleurs, s’il avait été élu facilement en 1994, avec 58 % des voix dès le premier tour, il avait quitté le pouvoir avec un taux d’approbation guère supérieur à 30 %. »
Vote obligatoire, sous peine de sanction financière
Le Chili est donc dans une situation paradoxale : en dépit d’un très fort soutien à l’action de la présidente sortante et de bons résultats économiques, grâce à une gestion prudente des revenus du cuivre, qui a permis de traverser la crise sans trop de casse, le gouvernement se prépare à l’idée de laisser la place. D’autant que l’opposition assure ne pas vouloir remettre en cause les politiques sociales en faveur notamment de l’éducation et de la santé… À quelques jours du vote, les candidats poursuivent leurs efforts, convaincus que rien n’est encore joué. D’autant que la candidature indépendante d’un jeune socialiste de 36 ans, Marco Enriquez-Ominami, pourrait troubler le jeu : cet homme habile à se servir des médias, fils d’un leader de la gauche révolutionnaire assassiné peu après le coup d’État de 1973, a réussi une belle percée en appelant à la rénovation, notamment générationnelle, de la gauche chilienne. Sa candidature semble en mesure de rallier les jeunes.
« Au Chili, le vote est obligatoire, sous peine de sanction financière, mais pas l’inscription sur les listes électorales, explique Eduardo Olivares, fondateur du site francochilenos.com. Du coup, les jeunes habituellement ne s’inscrivent pas et restent chez eux le jour du vote. Mais la candidature de Marco Enriquez-Ominami pourrait bien inverser cette tendance.»
Gilles BIASSETTE