Les prisons et les camps de concentration se remplirent avec des opposants à ces régimes, des dizaines de milliers de personnes disparurent, beaucoup d’autres encore furent obligés d’abandonner leur pays et la torture devint une arme habituelle dans les mains des militaires.
Le Chili ne fut pas une exception à la règle. En septembre 1973, les militaires placés sous le commandement du Général Pinochet se rebellèrent contre le gouvernement constitutionnel du Président Allende initiant une longue période de dictature sanglante. Dés le début du coup d’Etat, les Evêques luthériens et méthodistes se mirent en action pour essayer de protéger les nombreux persécutés, en créant avec l’Archevêque catholique de Santiago le Comité Pro Paz et, à la dissolution de celui-ci par la dictature, le Vicariat de la Solidarité.
Notre éminent pasteur Emilio Castro déploya un gros effort pour obtenir le soutien international en faveur de ceux qui luttait contre la dictature. Il le fit principalement depuis le Conseil Oecuménique des Eglises (COE) où il remplit de hautes fonctions y compris celle de Secrétaire Général. Pour cette raison, le Gouvernement du Chili lui décerna le 14 octobre 2009 au cours d’une cérémonie qui a eu lieu à l’Ambassade du Chili en Suisse, la décoration de l’Ordre « Bernardo O’Higgins » la plus haute distinction que le Chili attribue aux étrangers pour éminents services .
L’Ambassadeur chilien auprès des organismes internationaux de Genève, Monsieur Carlos Portales, exprima dans son discours que le Pasteur Emilio fut «un infatigable combattant pour la Vérité et la démocratie » et qu’« il hissa le drapeau de l’opposition aux injustices et le Chili souhaite à travers cette décoration exprimer à Emilio Castro qu’ «il reste dans nos mémoires et reconnaître ce qu’il a fait pour tant de personnes qui ont souffert pendant la dictature ». Ce travail aurait été impossible « sans le travail des Eglises, sans l’esprit de solidarité de tant de croyants et non-croyants qui ont su s’unir dans leurs valeurs sur les droits de l’homme, et sans le soutien depuis 1973 du Révérend Emilio Castro, qui au travers de ses importantes fonctions dans le Conseil Oecuménique des Eglises se rapprocha des personnes et des institutions qui travaillaient avec les persécutés ».
Le Pasteur Castro apprécia cette distinction et le fait qu’elle lui soit remise dans le cadre du Conseil Oecuménque des églises (COE) pour la cause de la justice et de la paix. Entre autres aspects, il ajouta que celle-ci est aussi une expression de gratitude aux relations humaines, avant, pendant et après les évènements qui entraînèrent l’exil de tant de Chiliens et de Chiliennes. Devant la crise provoquée par le coup d’Etat, il fut normal que beaucoup de chrétiens fassent appel au Conseil, sachant que leur cause faisait l’objet d’attention avant même leur appel.
Par respect pour le Chili, l’éminent Pasteur de la Communauté Chrétienne latino-américaine de Genève ajouta que depuis sa tendre enfance il apprit à aimer le Chili – d’où son père était originaire- et à connaître le pays » le plus long et le plus étroit du monde », ses praticiens et ses leaders politiques. « Aussi à Genève, nous avons trouvé un foyer naturel dans la Communauté des réfugiés chiliens ». Notre Pasteur Emilio conclut son intervention en exprimant » sa reconnaissance pour la distinction qui lui est faite à cause de l’affection qu’elle exprime et pour l’occasion qu’elle lui donne de se souvenir de tant de gloire, tant de luttes, tant d’amitié ».
Nous félicitons Emilio pour cette distinction bien méritée, décernée par le Gouvernement du Chili et nous sommes reconnaissants au Seigneur pour l’opportunité qu’Il nous a donnée de recevoir sa précieuse coopération au sein de la communauté méthodiste latino-américaine de Genève.
Pour terminer, nous voulons seulement manifester le malaise de la colonie chilienne genevoise parce que cette cérémonie s’est tenue dans un lieu aussi exigu que l’Ambassade et avec un nombre restreint de participants. Un évènement de cette nature aurait du avoir lieu dans un endroit qui aurait permis une participation plus importante, comme, par exemple l’Université de Genève où se sont déroulées des manifestations similaires. De cette façon, la colonie chilienne et latino-américaine de Genève aurait pu se joindre à cet émouvant hommage.
Francesc J.Vendrell
Traduction Maïté Loché