Encerclé dans le palais présidentiel de la Moneda, Allende préféra se suicider plutôt que de tomber entre les mains des putschistes. Ses lunettes brisées sont exposées dans le musée, derrière une vitrine au milieu de quelques photos et de journaux d'époque.
Ainsi va le Chili. Vingt ans après le retour des militaires dans leurs casernes et l'instauration de la démocratie, le pays (le plus développé du continent sud-américain) oscille toujours entre devoir de mémoire et crainte de revisiter le passé.
Faute de choisir, il s'efforce de concilier les deux attitudes au prix de contorsions déconcertantes. Une statue en pied de Salvador Allende se dresse devant le Palais de la Moneda mais ne figure sur le socle aucune mention des circonstances tragiques de la disparition du président de l'Unité populaire. Le déni est profond : aucune rue, aucune avenue de la capitale chilienne ne porte le nom d'Allende alors que dans le pays les rues célébrant le 11 septembre 1973 ne manquent pas.
Avec la campagne présidentielle, ce passé encombrant a resurgi. Non pas que l'un des candidats ait remis en cause le choix du modèle économique - l'ultralibéralisme - imposé du temps de Pinochet ; ou le système électoral - un autre héritage de la dictature - qui interdit des majorités franches au Parlement.
Les fantômes de l'ère Pinochet ont fait leur réapparition avec les obsèques solennelles du chanteur Victor Jara - un mélange de Jean Ferrat et de Léo Ferré - assassiné par les militaires au lendemain du coup d'Etat ; et surtout avec l'inculpation par la justice, cinq jours avant le premier tour de la présidentielle du 13 décembre, de six hommes accusés d'avoir participé, toujours au cours de ces années noires, à l'empoisonnement d'un ancien président de la République, Eduardo Frei Montalva, parce qu'il était devenu la voix de l'opposition au régime militaire.
Sans être une surprise, l'implication de la police secrète de Pinochet dans la mort de l'ancien chef de l'Etat a pesé sur la fin de la campagne électorale. Le dossier de l'impunité et des droits de l'homme est revenu en une de la presse mais, apparemment, sans grande influence sur l'électorat puisque le candidat de la droite, Sebastian Piñera, a raflé 44 % des voix au premier tour. S'il l'emporte au second tour, la droite va exiger qu'on installe une statue de Pinochet dans la capitale, jure un ancien prisonnier politique. Peut-être que dans ce cas, M. Piñera donnera à une avenue de Santiago le nom du président Allende.
Ainsi va le Chili. Vingt ans après le retour des militaires dans leurs casernes et l'instauration de la démocratie, le pays (le plus développé du continent sud-américain) oscille toujours entre devoir de mémoire et crainte de revisiter le passé.
Faute de choisir, il s'efforce de concilier les deux attitudes au prix de contorsions déconcertantes. Une statue en pied de Salvador Allende se dresse devant le Palais de la Moneda mais ne figure sur le socle aucune mention des circonstances tragiques de la disparition du président de l'Unité populaire. Le déni est profond : aucune rue, aucune avenue de la capitale chilienne ne porte le nom d'Allende alors que dans le pays les rues célébrant le 11 septembre 1973 ne manquent pas.
Avec la campagne présidentielle, ce passé encombrant a resurgi. Non pas que l'un des candidats ait remis en cause le choix du modèle économique - l'ultralibéralisme - imposé du temps de Pinochet ; ou le système électoral - un autre héritage de la dictature - qui interdit des majorités franches au Parlement.
Les fantômes de l'ère Pinochet ont fait leur réapparition avec les obsèques solennelles du chanteur Victor Jara - un mélange de Jean Ferrat et de Léo Ferré - assassiné par les militaires au lendemain du coup d'Etat ; et surtout avec l'inculpation par la justice, cinq jours avant le premier tour de la présidentielle du 13 décembre, de six hommes accusés d'avoir participé, toujours au cours de ces années noires, à l'empoisonnement d'un ancien président de la République, Eduardo Frei Montalva, parce qu'il était devenu la voix de l'opposition au régime militaire.
Sans être une surprise, l'implication de la police secrète de Pinochet dans la mort de l'ancien chef de l'Etat a pesé sur la fin de la campagne électorale. Le dossier de l'impunité et des droits de l'homme est revenu en une de la presse mais, apparemment, sans grande influence sur l'électorat puisque le candidat de la droite, Sebastian Piñera, a raflé 44 % des voix au premier tour. S'il l'emporte au second tour, la droite va exiger qu'on installe une statue de Pinochet dans la capitale, jure un ancien prisonnier politique. Peut-être que dans ce cas, M. Piñera donnera à une avenue de Santiago le nom du président Allende.
Courriel : tuquoi@lemonde.fr.
Jean-Pierre Tuquoi