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DES MANIFESTANTS BRANDISSENT LE PORTRAIT DE PINOCHET À SANTIAGO, LE 10 JUIN 2012. PHOTO MARTIN BERNETTI |
Près de 40 ans après le coup d'Etat contre le président socialiste Salvador Allende le 11 septembre 1973, elle chante au sein d'un groupe d'"ultras" quasiment absents de la vie politique chilienne, mais habités par la nostalgie.
Pour eux, qui exigent la libération des quelque 70 militaires emprisonnés pour violations des droits de l'homme, les hommes politiques de droite, qui ont soutenu la dictature, ne sont que des "ingrats".
"Etre "pinochétistes" aujourd'hui c'est être loyal aux militaires qui nous ont sauvé la vie; nous sommes redevables aux forces armées et à Pinochet parce qu'ils nous ont sauvé la vie et ont sauvé l'économie du pays", dit Maria Gonzalez à l'AFP.
"Corporation 11 Septembre"
Roberto Figueroa n'a que 20 ans mais partage la vision de la "Corporation 11 Septembre" créée par d'anciens militaires et de fervents partisans du dictateur en hommage au jour du putsch.
"Je n'ai rien vécu de tout cela mais on voit que Pinochet a changé l'aspect du pays. Maintenant nous avons un pays nouveau avec des institutions qui fonctionnent", dit-il.
Dans le petit salon lugubre d'une demeure ancienne du centre de Santiago, ils se réunissent chaque semaine pour analyser l'actualité politique et évoquer le général, mort le 10 décembre 2006, à l'âge de 91 ans.
Des photos fanées de Pinochet et un drapeau chilien décorent les murs et une vingtaine de personnes, en majorité des femmes âgées, chantent et poussent des cris à la gloire de l'ancien dictateur.
"Il nous a évité de devenir un autre Cuba, il a mis de l'ordre et a donné du travail et du respect aux gens", assure Monica Herrera, une des plus jeunes qui appelle Pinochet "Pépé".
"Tout le monde devrait être reconnaissant mais ce n'est pas le cas", regrette Juan Gonzalez, un militaire à la retraite qui préside l'organisation.
"Nous sommes déterminés à revendiquer ce qu'a été le gouvernement des Forces armées et la mémoire du général Pinochet", ajoute cet ancien officier dont la propre soeur a pourtant été emprisonnée, violée et torturée sous la dictature selon ces propres déclarations à la presse locale.
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AFFRONTEMENTS ENTRE MANIFESTANTS ANTI-PINOCHET ET POLICIERS À SANTIAGO, LE 10 JUIN 2012. PHOTO MARTIN BERNETTI |
Polémique sur un documentaire
Dans ce contexte la projection de la première d'un documentaire intitulé "Pinochet" au Théâtre Caupolican de Santiago dimanche a soulevé une polémique mettant dos à dos les défenseurs de la liberté d'expression et les familles des victimes.
Pendant le régime de Pinochet, 3.225 personnes ont été tuées ou ont disparu et quelque 37.000 cas de tortures et de détentions illégales ont également été recensés.
"C'est vrai qu'il y a des gens qui sont tombés des deux côtés, mais nos morts ne comptent jamais", se plaint Maria Gonzalez.
Cette vision ultra du pinochétisme réunit "un groupe réduit, mais plus militant et bruyant", explique à l'AFP l'analyste politique Patricio Navia, estimant qu'il y a "divers degrés de pinochétisme".
Il y en a d'autres plus occultes qui "approuvent le modèle d'économie neolibérale qui s'est imposé sous la dicature".
A ce groupe appartiennent "la grande majorité des hommes d'affaires, beaucoup de technocrates et la grande majorité des hommes politiques de droite. Ils sont beaucoup plus nombreux et influents mais jamais ils n'iraient à une manifestation publique" comme celle de dimanche, explique Patricio Navia.