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Est-ce que ç’a été difficile de convaincre les gens de parler? Ça semble au contraire les soulager…
Établir la confiance, ce n’est pas évident. Il a fallu parler, passer du temps ensemble, échanger des histoires… Souvent, ils voulaient que j’aille chez eux, que je rencontre leurs femmes, leurs enfants, leur monde, quoi. Et puis, ensuite, on pouvait tourner.
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Avez-vous appris des choses que vous ignoriez en tournant ce film?
Ce qui m’a le plus ému, c’est de découvrir qu’il y a eu des soldats qui ont désobéi. J’ai trouvé ça assez courageux, et ça m’a confronté avec moi-même. Pourquoi moi, je n’ai pas désobéi? Parce que je voulais survivre. Mais ça prouve bien d’autres choses, comme le fait qu’il y a des gens qui ont une éthique à toute épreuve. On ne peut pas juger ceux qui n’ont pas désobéi; à 18 ans, on est des enfants. Ça montre la perversité de l’armée. Le service militaire, je crois que c’est une façon d’enlever la liberté aux citoyens sans qu’ils s’en rendent compte. Au fur et à mesure que les années passent, on réalise ce qu’on a fait – j’ai contribué à réprimer mon propre peuple et à détruire la démocratie… – et c’est très difficile à avaler. Mais on ne le voyait pas parce qu’on n’avait pas de leader éclairé pour nous le faire comprendre.
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UNE IMAGE DE SOLDATS CONSCRITS TIRÉE DU FILM « LE SOLDAT QU'IL N'ÉTAIT PAS » |
Qu’aimeriez-vous que les gens retiennent de ce film?
Un certain inconfort. Ce n’est pas pour être méchant, mais pour s’éloigner du sentiment très mortel que peut donner un film avec un happy end à la Hollywood. Je veux que les gens sortent avec un questionnement et se demandent s’il y a un moyen de contrôler les armées, parce qu’il y a des atrocités qui sortent, dans toutes les armées du monde. Il y a des attentats à la dignité humaine et à la volonté citoyenne. Je sais que le film est dérangeant, parce que bon, il faut bien que quelque part, quelqu’un soit capable de se mettre dans la peau de ces gens.