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lundi 21 avril 2014

UNE MOMIE CHILIENNE INTOXIQUÉE À L'ARSENIC

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PHOTO  DE MOMIE 2008, PROJET ARCHÉOLOGIQUE VALLÉE  DE TARAPACÁ, IOANNA KAKOULLI.

Ces sépultures représentent une véritable porte ouverte sur le passé. En fournissant aux archéologues de précieux indices, elles témoignent de la manière dont les autochtones de l’époque ont vécu et sont décédés. Ces mines d’informations sont d’autant plus inépuisables que la technologie ne cesse de se perfectionner, poussant toujours plus loin les méthodes d’analyses. 

Quelques années auparavant, des études menées sur les cheveux de momies retrouvées dans la vallée de Tarapacá, au niveau du désert chilien d'Atacama, avaient conduit à la mise en évidence d’une concentration particulièrement élevée d’arsenic. Les sépultures en question étaient issues notamment de la culture Inca et Chinchorro. 

L’arsenic provenant de l’eau ou du sol ? 


L’origine de l’arsenic dans leur coiffure a longtemps posé problème aux chercheurs. En effet, même si ceux-ci soupçonnaient fortement qu’il s’agisse d’une intoxication liée à la consommation d’eau contaminée, aucun instrument assez performant ne pouvait permettre de l’affirmer. 

L’arsenic est un métal toxique qui a la particularité de s’accumuler dans les tissus riches en kératine comme les ongles ou les cheveux. Cette propriété permet notamment aux médecins légistes de mettre en évidence les cas d’empoisonnement. Toutefois, dans le cas des momies, l’arsenic aurait pu également provenir de la terre où les défunts avaient été enterrés et s’être déposés sur leurs cheveux après leur mort. 

L’énigme résolue 

Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l'université de Californie, à Los Angeles, lève finalement le voile sur ce mystère. Pour résoudre l’énigme, les chercheurs ont utilisé une série de méthodes de pointe. Leur protocole a consisté à analyser un échantillon de cheveux prélevé sur une momie d’une part avec un microscope électronique à balayage et d’autre part avec un synchrotron, un grand accélérateur de particules élémentaires. 

Grâce à ces techniques, les scientifiques sont parvenus à mettre au point une cartographie de la répartition des éléments et des minéraux dans les cheveux. Publiée dans la revue Analytical Chemistry, cette cartographie révèle une répartition uniforme de l’arsenic dans les cheveux.  Ce résultat témoigne d’une intoxication chronique à cette substance liée à la contamination de l’eau consommée. En effet, si le métal avait été déposé après l’enterrement de la sépulture, il aurait été représenté comme une sorte de dépôt sur la cartographie, ce qui n’est pas le cas. 

Les concentrations d’arsenic sont très élevées dans les eaux de la vallée du nord du Chili. Incolore, inodore et insipide, l’élément ne pouvait pas être détecté et a ainsi contaminé des civilisations entières durant des siècles. L’ingestion d’arsenic est connue pour causer de nombreux cancers notamment de la peau, de la vessie, des poumons et des reins.