La tonne de cuivre a atteint mercredi 6.515 dollars sur le London Metal Exchange (LME), à son plus haut niveau depuis décembre 2014.
Une excellente nouvelle pour le Chili: cette matière première est un pilier de son économie. Il en est le premier producteur au monde avec environ 5,6 millions de tonnes par an, couvrant près d'un tiers de l'offre globale.
« On s'attendait à ce que le prix du cuivre augmente, mais on pensait que cela arriverait plus tard. Que cela arrive dès maintenant peut signifier que le cycle de hausse (attendu à partir de 2018, ndlr) est déjà en train de débuter », explique à l'AFP Juan Carlos Guajardo, directeur du cabinet de conseils Plusmining.
La tendance a déjà rendu plus optimiste la Commission chilienne du cuivre (Cochilco), qui vient d'élever de 20% sa projection de prix moyen du cuivre cette année, à 2,64 dollars la livre, une projection qui se veut toutefois prudente face à de possibles variations du marché global.
« Si les marchés mondiaux gardent un appétit pour le risque et si la Chine (premier acheteur de cuivre, ndlr) continue à croître avec force, le prix atteindra 3 dollars (la livre) cette année », prédit M. Guajardo.
Le secteur sort tout juste de mauvaises années, quand le cours du cuivre a plongé, asphyxiant l'industrie chilienne entre 2014 et 2016. En juin de cette année, la production affichait encore une chute de 6,1% sur un an.
- Véhicules électriques -
Il y a « de meilleures perspectives, même s'il reste une grande prudence vis-à-vis de l'évolution de prix à moyen terme », a souligné Jorge Bande, du Centre d'études du cuivre et des mines (Cesco), lors d'un colloque organisé cette semaine par la Cochilco.
À long terme, « nous restons optimistes sur la demande en cuivre, principalement en provenance du secteur électrique et toutes ces technologies propres qui vont augmenter » le recours à ce métal, notamment via le développement à grande échelle des véhicules électriques, a-t-il ajouté.
Quand les prix ont touché le fond, le secteur chilien avait dû se serrer la ceinture, renonçant à des investissements et appliquant de drastiques réductions de coûts.
« Désormais nous sommes plus rigoureux au moment d'évaluer et de décider de poursuivre ou non un projet », assure M. Bande.
Car les conditions restent compliquées, les marchés financiers se montrant frileux et les taux d'intérêt étant à un niveau élevé.
La compagnie minière publique Codelco, plus importante productrice de cuivre au monde avec 11% de l'offre globale, avait réduit ses coûts de près de 1,8 milliard de dollars entre 2015 et 2016.
« Le pire est derrière nous, 2016 a été horrible », mais cette année le bénéfice de l'entreprise sera "bien au-delà d'un milliard de dollars", confiait récemment son président exécutif Nelson Pizarro au quotidien El Mercurio.
Au premier trimestre 2017, « nous avons gagné plus que durant tout 2016 », a-t-il souligné, avec 534 millions de dollars de bénéfice net.
Au-delà de cette renaissance du secteur, « il faut des accords et des mécanismes pour s'assurer que toutes les parties vont contribuer à l'essor des mines", met en garde M. Guajardo.
Selon lui, il est crucial d'implanter des règles claires et des accords entre les entreprises, l'État et les organisations de défense de l'environnement, qui luttent pour une activité minière plus propre, afin de garantir l'avenir du secteur chilien du cuivre à long terme.