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« LE NOUVEAU POUVOIR » DE RÉGIS DEBRAY |
« Le Monde » publie les extraits exclusifs de son livre « Le Nouveau Pouvoir », qui paraît le 1er septembre. Pour le philosophe, l’élection du président incarne la victoire des valeurs du « néoprotestantisme mondialisé ». 13h24 |
RÉGIS DEBRAY À PARIS MARS 2002 PHOTO RAPHAEL GAILLARDE |
«L’insolent dégagé du ménage de printemps a donné des aigreurs aux professionnels de la profession, ceux de la France d’avant. Et pour cause : la chose publique, dans l’hémicycle et les ministères, se féminise et saute une génération. Canada, Autriche, Italie, c’est partout le court-circuit des temps nouveaux. Ni le corps ni l’esprit des kids in town n’auront chez nous beaucoup sué. Valéry l’infaillible nous avait prévenus. “La vie moderne tend à nous épargner l’effort intellectuel comme elle fait de l’effort physique. Elle remplace, par exemple, l’imagination par les images, les raisonnements par les symboles et les écritures, ou par des mécaniques ; et souvent par rien. Elle nous offre toutes les facilités, et tous les moyens courts d’arriver au but sans avoir à faire le chemin. Et ceci est excellent : mais ceci est assez dangereux.” Cursus honorum squeezé, antichambres zappées, les native digitals expédient ad patres les septuagénaires, millénaristes retraités. Au musée !, les révolutionnaires has been, qui tantôt font rigoler et tantôt attendrissent avec leur deuil interminable. Ces rejetons du grand écran – les petits-neveux du Cuirassé Potemkine et de Viva Zapata – avaient eu le tiers-monde pour terre de salut. Rideau. Les quinquas qui ont du métier, gestionnaires provinciaux aux vues courtes, se voient remerciés sans politesse excessive. Ceux-là avaient grandi avec la télé – Léon Zitrone et la messe du “20 heures” – et une grande lueur à l’Est, l’Europe unie. Rideau.
Nos trentenaires jurent par le global village : ce sont les enfants du smartphone. L’appareil se joue des frontières et les appareillés e-mailent en globish. Plus l’écran se miniaturise, plus l’usager se mondialise, et plus le mini pousse au méga. En même temps que nos séquences d’attention raccourcissent, les rythmes, sur place, se précipitent, vélocité des carrières et des apprentissages. Il a fallu quatre-vingts ans pour que tous les Français acquièrent une voiture, quarante, pour qu’ils aient le téléphone, vingt pour la télévision, dix pour l’ordinateur et deux pour le portable. Quand le matos avance, le bios recule – la crédibilité passe du grognard aux marie-louise. C’est le novice qui inspire confiance.
« Le jeunisme, en France, est un produit qui marche »
En 1965, en pleine campagne présidentielle, pour défendre un général sur le retour face à un Mitterrand dans la quarantaine, Malraux, au Palais des sports, déclenchait les rires en se moquant de l’argument jeunesse. “Si votre grand-père a soixante-quinze ans, lui confiez-vous vos affaires ? Bon. Mais, si vos enfants sont malades, les confiez-vous au docteur Schweitzer ou à un médecin de quarante-neuf ans, qui a déjà tué onze malades ?” Le propos aujourd’hui, face aux ex-young leaders de la French American Foundation (président et premier ministre), signerait son vieux con. Le dernier venu de nos guérisseurs d’écrouelles a trente-neuf ans. Tout porté qu’il soit par le vent d’Amérique où encore plus qu’ailleurs la valeur n’attend pas le nombre des années, le jeunisme, en France, est un produit qui marche.
Privilège du vieux con dernier tirage : une place au balcon, sur le défilé des générations. C’est un avantage d’avoir pu, adolescent, écouter les récits des combattants et résistants (1940-1945), plonger dans l’époque des militants (1945-1980), se retrouver, en remontant, à côté des notables (1980-2010) et voir, sur ses vieux jours, les managers sous les lambris (2017-2027). Ce turnover n’aurait rien que de banalement saisonnier – un énième tout-changer pour ne rien changer du Guépard – si à cette nouvelle tranche d’âge ne correspondait un nouvel âge du technocosme, avec un renouvellement stratégique dans l’équipement des esprits. Le “système” ne s’est pas refait une beauté en quatrième vitesse, dans un bassin de radoub pour coques avariées. Nos valeurs changent avec nos outils, et le numérique a un effet darwinien sur la classe dirigeante – la survie du plus apte.
« Le magistère incontesté de Transparency international »
Il fut un temps où l’on se fâchait d’être taxé de transparent, soit d’insignifiant ; et pis encore, d’être qualifié d’innocent, soit d’idiot. Les injures d’un jour sont les flatteries du lendemain. Personnellement, la seule personne tout entière “ingéniosité, transparence, blancheur et candeur” qu’il m’a été donné de croiser ici-bas, c’est l’orpheline des Misérables. Et je n’ai pu imaginer Cosette en futur député, ministre ou président.
Mais, “en même temps”, j’aurais garde de contester, je le confesse, le magistère incontesté de Transparency international – organisation fondée à Berlin par un ancien directeur de la Banque mondiale (siège, Washington), nommé en cette qualité par le gouvernement américain. Sponsorisée par BP, Shell, Carnegie, Procter and Gamble, etc., cette ONG trône au sommet de la respectabilité. Il lui revient de fixer et afficher le baromètre mondial de la corruption (quoiqu’un pays sur la sellette puisse trouver grâce, dit-on, auprès de cette instance moyennant certains arrangements financiers). En tête des pays donnant l’exemple viennent la Scandinavie, la Suisse, l’Allemagne, la Nouvelle-Zélande – tous pays prospères et protestants, modèles de société à la fois de labeur et de clarté auxquels le Français rouspéteur et pas-très-propre-sur-lui est appelé à se conformer, sans brûler des pneus devant les usines.
« Oublier Florence pour remonter vers Stockholm »
Cacher son jeu, manipuler les alliés, fréquenter des malfrats, lancer de fausses promesses, liquider ses rivaux, jeter au panier ses premiers soutiens, calomnier ses adversaires : le rusé est pour le moins borderline. Florentin, disait-on jadis, plus élégamment. C’est ainsi que j’ai vu faire tous les bons professionnels qu’il m’a été donné d’approcher. Dès lors, de deux choses l’une. Ou ce stratège fait bien son métier, et il insulte la morale. Ou il investit dans la morale et il insulte le métier. En tout état de cause, répudier le fourbe pour le faux-cul ne témoigne pas d’un tempérament très combatif – à moins que ce ne soit une ruse de plus chez le capitaine à la manœuvre. Aussi peut-on voir dans cette pastorale de la transparence l’alibi noblesse d’un lâche soulagement ou d’une prudente retraite destinée à flatter une démission collective assez peu flatteuse. Mais tel serait sans doute le nouvel idéal du nous, le sournois surmoi d’une rétractation : oublier Florence pour remonter vers Stockholm, vêtu de lin candide, s’extraire d’un douteux clair-obscur où, depuis au moins trois mille ans, le sublime côtoie l’infâme, et le parricide le fratricide, pour un air enfin pur et diaphane où la méchanceté n’est plus de mise. En termes rimbaldiens, déserter la bataille d’hommes, qu’elle soit civile, militaire, économique ou spirituelle, pour un sanatorium pénitentiel et sacrifier, ce faisant, la croix de guerre à la Croix-Rouge.
« Devenir néo-protestant ? »
Nous étions, en France, catho-laïques. Pouvons-nous demain devenir néo-protestants, et troquer sans regret la virtù contre la vertu ? That is the question. Les pays issus de la Réforme ont un avantage sur leurs voisins, plus arriérés : ils ne mettent pas de volets aux fenêtres. La vertu cultive les maisons de verre, le vice, les maisons closes (les prostituées à Amsterdam sont en vitrine). Un citoyen digne de ce nom, dans ces contrées nordiques, ne traverse pas au rouge une rue déserte à trois heures du matin. Dans la demeure mal chauffée du pasteur, les descendants d’Adam et d’Ève ne trichent pas avec le fisc. On fait du piano et on lit la Bible le soir, à voix haute, en famille. Cette absence de rideau vient de loin. Du tout début de l’ère chrétienne.
(…)
Un bon protestant, lui, n’a rien à cacher, et comme l’a rappelé naguère Eric Schmidt, PDG de Google, “seules les personnes qui ont des choses à se reprocher se soucient de leurs données personnelles”.
L’essor d’un « néo-protestantisme made in USA» dans nos banlieues
On le voit : tyrannie tour à tour souriante et crispée, notre “bas les masques” n’est pas dû qu’aux récents appareils de capture et contrôle, non plus qu’aux énergies infiniment renouvelables des sentiments vils, comme l’envie, la jalousie ou “la peine causée par la prospérité d’autrui”. La question touche au plus profond : un pays de souche catholique, avec cent prêtres ordonnés par an et seulement cinq mille en activité, soit dix fois moins qu’il y a cent ans, peut-il non seulement effacer la triste révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV mais encore emboîter le pas à des parpaillots refaits à neuf ?
Que cela plaise ou non, la réponse est oui. A condition, bien sûr, de ne pas lui demander d’aller au temple ni de placer une Bible sur la table de chevet dans chaque chambre d’hôtel ni de s’abonner à l’excellent hebdomadaire Réforme. Nous parlons culture, non culte. Une culture, c’est ce qui reste d’un culte qui s’éteint, ou déteint. Et l’auréole d’un néo-protestantisme made in USA grandit d’année en année dans nos mœurs et banlieues. Et qui sait si ce n’est pas pour notre bien à tous ? Pourquoi l’Hexagone ne bénéficierait-il pas à son tour d’une vague théopopuliste qui couvre de l’Amérique latine à l’Afrique subsaharienne, de l’Asie centrale à l’Extrême-Orient ? Et si cette modernisation de la foi allait, du Havre jusqu’à Marseille, régénérer nos cœurs déjà bien abîmés ?
La génération Ricœur et l’« art du compromis »
Se rattachant lui-même à l’esprit du milieu, Ricœur était propre à stimuler une convergence délibérative entre centre-gauche (CFDT et rocardiens), et centre-droit (démocrates chrétiens). La quête du moindre mal fait rêver d’« une action qui ne soit pas verticale (prise dans une relation de pouvoir) mais qui échappe dans le même temps aux allers-retours du débat » (Emmanuel Macron). C’est un art du compromis, austère et précaire, entre l’intransigeance (belliqueuse et stérile) et la compromission (apaisante mais pusillanime). En clair : le marché, oui mais pas trop sauvage. Le chef d’entreprise, oui, le patron-voyou, non. »
Nos trentenaires jurent par le global village : ce sont les enfants du smartphone. L’appareil se joue des frontières et les appareillés e-mailent en globish. Plus l’écran se miniaturise, plus l’usager se mondialise, et plus le mini pousse au méga. En même temps que nos séquences d’attention raccourcissent, les rythmes, sur place, se précipitent, vélocité des carrières et des apprentissages. Il a fallu quatre-vingts ans pour que tous les Français acquièrent une voiture, quarante, pour qu’ils aient le téléphone, vingt pour la télévision, dix pour l’ordinateur et deux pour le portable. Quand le matos avance, le bios recule – la crédibilité passe du grognard aux marie-louise. C’est le novice qui inspire confiance.
« Le jeunisme, en France, est un produit qui marche »
En 1965, en pleine campagne présidentielle, pour défendre un général sur le retour face à un Mitterrand dans la quarantaine, Malraux, au Palais des sports, déclenchait les rires en se moquant de l’argument jeunesse. “Si votre grand-père a soixante-quinze ans, lui confiez-vous vos affaires ? Bon. Mais, si vos enfants sont malades, les confiez-vous au docteur Schweitzer ou à un médecin de quarante-neuf ans, qui a déjà tué onze malades ?” Le propos aujourd’hui, face aux ex-young leaders de la French American Foundation (président et premier ministre), signerait son vieux con. Le dernier venu de nos guérisseurs d’écrouelles a trente-neuf ans. Tout porté qu’il soit par le vent d’Amérique où encore plus qu’ailleurs la valeur n’attend pas le nombre des années, le jeunisme, en France, est un produit qui marche.
Privilège du vieux con dernier tirage : une place au balcon, sur le défilé des générations. C’est un avantage d’avoir pu, adolescent, écouter les récits des combattants et résistants (1940-1945), plonger dans l’époque des militants (1945-1980), se retrouver, en remontant, à côté des notables (1980-2010) et voir, sur ses vieux jours, les managers sous les lambris (2017-2027). Ce turnover n’aurait rien que de banalement saisonnier – un énième tout-changer pour ne rien changer du Guépard – si à cette nouvelle tranche d’âge ne correspondait un nouvel âge du technocosme, avec un renouvellement stratégique dans l’équipement des esprits. Le “système” ne s’est pas refait une beauté en quatrième vitesse, dans un bassin de radoub pour coques avariées. Nos valeurs changent avec nos outils, et le numérique a un effet darwinien sur la classe dirigeante – la survie du plus apte.
« Le magistère incontesté de Transparency international »
Il fut un temps où l’on se fâchait d’être taxé de transparent, soit d’insignifiant ; et pis encore, d’être qualifié d’innocent, soit d’idiot. Les injures d’un jour sont les flatteries du lendemain. Personnellement, la seule personne tout entière “ingéniosité, transparence, blancheur et candeur” qu’il m’a été donné de croiser ici-bas, c’est l’orpheline des Misérables. Et je n’ai pu imaginer Cosette en futur député, ministre ou président.
Mais, “en même temps”, j’aurais garde de contester, je le confesse, le magistère incontesté de Transparency international – organisation fondée à Berlin par un ancien directeur de la Banque mondiale (siège, Washington), nommé en cette qualité par le gouvernement américain. Sponsorisée par BP, Shell, Carnegie, Procter and Gamble, etc., cette ONG trône au sommet de la respectabilité. Il lui revient de fixer et afficher le baromètre mondial de la corruption (quoiqu’un pays sur la sellette puisse trouver grâce, dit-on, auprès de cette instance moyennant certains arrangements financiers). En tête des pays donnant l’exemple viennent la Scandinavie, la Suisse, l’Allemagne, la Nouvelle-Zélande – tous pays prospères et protestants, modèles de société à la fois de labeur et de clarté auxquels le Français rouspéteur et pas-très-propre-sur-lui est appelé à se conformer, sans brûler des pneus devant les usines.
« Oublier Florence pour remonter vers Stockholm »
Cacher son jeu, manipuler les alliés, fréquenter des malfrats, lancer de fausses promesses, liquider ses rivaux, jeter au panier ses premiers soutiens, calomnier ses adversaires : le rusé est pour le moins borderline. Florentin, disait-on jadis, plus élégamment. C’est ainsi que j’ai vu faire tous les bons professionnels qu’il m’a été donné d’approcher. Dès lors, de deux choses l’une. Ou ce stratège fait bien son métier, et il insulte la morale. Ou il investit dans la morale et il insulte le métier. En tout état de cause, répudier le fourbe pour le faux-cul ne témoigne pas d’un tempérament très combatif – à moins que ce ne soit une ruse de plus chez le capitaine à la manœuvre. Aussi peut-on voir dans cette pastorale de la transparence l’alibi noblesse d’un lâche soulagement ou d’une prudente retraite destinée à flatter une démission collective assez peu flatteuse. Mais tel serait sans doute le nouvel idéal du nous, le sournois surmoi d’une rétractation : oublier Florence pour remonter vers Stockholm, vêtu de lin candide, s’extraire d’un douteux clair-obscur où, depuis au moins trois mille ans, le sublime côtoie l’infâme, et le parricide le fratricide, pour un air enfin pur et diaphane où la méchanceté n’est plus de mise. En termes rimbaldiens, déserter la bataille d’hommes, qu’elle soit civile, militaire, économique ou spirituelle, pour un sanatorium pénitentiel et sacrifier, ce faisant, la croix de guerre à la Croix-Rouge.
« Devenir néo-protestant ? »
Nous étions, en France, catho-laïques. Pouvons-nous demain devenir néo-protestants, et troquer sans regret la virtù contre la vertu ? That is the question. Les pays issus de la Réforme ont un avantage sur leurs voisins, plus arriérés : ils ne mettent pas de volets aux fenêtres. La vertu cultive les maisons de verre, le vice, les maisons closes (les prostituées à Amsterdam sont en vitrine). Un citoyen digne de ce nom, dans ces contrées nordiques, ne traverse pas au rouge une rue déserte à trois heures du matin. Dans la demeure mal chauffée du pasteur, les descendants d’Adam et d’Ève ne trichent pas avec le fisc. On fait du piano et on lit la Bible le soir, à voix haute, en famille. Cette absence de rideau vient de loin. Du tout début de l’ère chrétienne.
(…)
Un bon protestant, lui, n’a rien à cacher, et comme l’a rappelé naguère Eric Schmidt, PDG de Google, “seules les personnes qui ont des choses à se reprocher se soucient de leurs données personnelles”.
L’essor d’un « néo-protestantisme made in USA» dans nos banlieues
On le voit : tyrannie tour à tour souriante et crispée, notre “bas les masques” n’est pas dû qu’aux récents appareils de capture et contrôle, non plus qu’aux énergies infiniment renouvelables des sentiments vils, comme l’envie, la jalousie ou “la peine causée par la prospérité d’autrui”. La question touche au plus profond : un pays de souche catholique, avec cent prêtres ordonnés par an et seulement cinq mille en activité, soit dix fois moins qu’il y a cent ans, peut-il non seulement effacer la triste révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV mais encore emboîter le pas à des parpaillots refaits à neuf ?
Que cela plaise ou non, la réponse est oui. A condition, bien sûr, de ne pas lui demander d’aller au temple ni de placer une Bible sur la table de chevet dans chaque chambre d’hôtel ni de s’abonner à l’excellent hebdomadaire Réforme. Nous parlons culture, non culte. Une culture, c’est ce qui reste d’un culte qui s’éteint, ou déteint. Et l’auréole d’un néo-protestantisme made in USA grandit d’année en année dans nos mœurs et banlieues. Et qui sait si ce n’est pas pour notre bien à tous ? Pourquoi l’Hexagone ne bénéficierait-il pas à son tour d’une vague théopopuliste qui couvre de l’Amérique latine à l’Afrique subsaharienne, de l’Asie centrale à l’Extrême-Orient ? Et si cette modernisation de la foi allait, du Havre jusqu’à Marseille, régénérer nos cœurs déjà bien abîmés ?
La génération Ricœur et l’« art du compromis »
Se rattachant lui-même à l’esprit du milieu, Ricœur était propre à stimuler une convergence délibérative entre centre-gauche (CFDT et rocardiens), et centre-droit (démocrates chrétiens). La quête du moindre mal fait rêver d’« une action qui ne soit pas verticale (prise dans une relation de pouvoir) mais qui échappe dans le même temps aux allers-retours du débat » (Emmanuel Macron). C’est un art du compromis, austère et précaire, entre l’intransigeance (belliqueuse et stérile) et la compromission (apaisante mais pusillanime). En clair : le marché, oui mais pas trop sauvage. Le chef d’entreprise, oui, le patron-voyou, non. »
Le Nouveau Pouvoir, de Régis Debray, Editions du Cerf, 94 pages, 8 euros.
« MÉDIUM N°52-53 »
Régis Debray est écrivain et philosophe. Directeur de la revue Médium dont le dernier numéro est consacré aux « Nouveaux pouvoirs, nouvelles servitudes » (n° 52-53, juillet-décembre 2017, 28 €), il a notamment publié Civilisation. Comment nous sommes devenus américains (Gallimard, 2017, 240 pages, 19 €).