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jeudi 31 août 2017

ARGENTINE : LA «DISPARITION FORCÉE» DE SANTIAGO MALDONADO SECOUE LE PAYS


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LA PLATA, BUENOS AIRES (ARGENTINE), LE 30 AOÛT 2017.
CRISTINA KIRCHNER, EX-PRÉSIDENTE DU PAYS ET ACTUELLE
SÉNATRICE «UNITÉ CITOYENNE» DE BUENOS AIRES. ICI,
EN PLEINE CAMPAGNE EN VUE DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
DU 22 OCTOBRE, ELLE ARBORE LE PORTRAIT DE SANTIAGO MALDONADO.
PHOTO PRENSA UNIDAD CIUDADANA
Le jeune homme n'a pas été vu depuis une manifestation dans le sud du pays, le 1er août 2017. L'affaire se propage sur les réseaux sociaux.
EN ARGENTINE, TEST ÉLECTORAL
RÉUSSI POUR CRISTINA KIRCHNER
«Où se trouve Santiago Maldonado ?» La question agite l'Argentine depuis un mois. Ce jeune homme de 28 ans a disparu aux premières heures du mois d'août après une intervention musclée de la gendarmerie, alors qu'il manifestait pour la défense des mapuches, une communauté d'indiens vivant en Patagonie. Depuis, les associations exigent une réponse du gouvernement, tandis que l'affaire fait resurgir les fantômes du passé du pays.

Le 1er août au matin, une centaine de gendarmes seraient intervenus lors de la manifestation. Des témoins ont vu Santiago se protéger des tirs et entendu deux gendarmes s'exclamer : «Ici nous en avons un». La communauté n'a signalé aucune autre disparition, rapporte Amnesty International. Depuis, mystère.

Une «disparition forcée»

Sa famille et des organisations des droits humains ont d'abord réclamé que la justice localise et libère Santiago, sans que l’affaire ne s'ébruite, rapporte RFI. A la demande de la famille, Silvina Avila, la procureure générale chargée de l’affaire, a modifié le motif de l’enquête, selon Le Monde. C'est l'appellation «disparition forcée» qui a entraîné une mobilisation en ligne. Cette notion positionne en effet les forces de l’ordre comme les principaux suspects de l'affaire.

La ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, a expliqué au journal argentin Perfil qu'il n'y avait «aucune preuve» que le jeune homme soit détenu par les gendarmes. «Nous ne voulons pas que cela soit politisé ni d'accusations sans éléments valides. Sachez que (...) nous allons essayer de mettre tous les moyens de l'Etat pour le trouver», a-t-elle ajouté. L’Etat a d'ailleurs offert une récompense de 500 000 pesos argentins (24 000 euros) pour tout renseignement sur le sort de l’artisan, rapporte Le Monde.

La médiatisation de l'affaire Maldonado 

Depuis quelques jours, Facebook et Twitter foisonnent de messages : le hashtag #SantiagoMaldonado a été cité plus de 460 000 fois, selon les médias argentins. Un slogan revient particulièrement : «Je suis X et je vais bien. Mais je me demande où est Santiago Maldonado».

 
CAPTURE D'ÉCRAN 


Amnesty International a également lancé un appel, auquel on peut réagir jusqu'au 20 septembre :

CAPTURE D'ÉCRAN 


Sergio Maldonado, son frère, fait appel aux militants pour qu'ils se rendent dans la rue le 1er septembre, via l'association des Grand-Mères de la Place de Mai :




Âcre souvenir des «disparus» de la dictature

Le terme «disparu» touche la sensibilité des Argentins. En effet, il fait ressurgir le souvenir de la dictature militaire (1976-1983), qui avait fait plus de 30 000 «desparecidos». C'est pourquoi les «Grands-mères de la Place de Mai», une ONG fondée dans le but de retrouver les enfants volés, sont les premières à battre le pavé à Buenos Aires.

«On crie les même choses qu’il y a quarante ans, pendant la dictature : ils l’ont emmené vivant, on veut qu’il revienne vivant, et que les coupables soient punis. C’est inacceptable qu'aujourd’hui, avec un gouvernement constitutionnel, on doive crier de nouveau la même chose», a expliqué Taty Almeida à Euronews, média présent lors de la manifestation du 12 août à Buenos Aires. «Personne ne devrait disparaître pour ses idées», a ajouté une autre manifestante.

L’opposition kirchnériste s'immisce dans la brèche

La très contestée Cristina Kirshner, l'ancienne présidente en pleine campagne pour les législatives, a vite réagi sur Twitter : «Santiago doit être retrouvé maintenant, et doit être retrouvé en vie».

CAPTURE D'ÉCRAN 


Réelle conviction ou stratégie de campagne ? En 2015, Kirchner avait elle-même été impliquée dans une histoire funeste : l'affaire Nisman. 

Alberto Nisman avait été retrouvé mort alors qu'il s'apprêtait à faire des révélations impliquant celle qui était alors à la tête du pays. Le slogan «Yo soy Nisman» («Je suis Nisman») s'était alors diffusé dans les rues et sur les réseaux sociaux.


Deux ans après les faits, l'enquête n'a pourtant pas réellement avancé. Une issue que ne veulent même pas imaginer les proches de Santiago Maldonado.