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dimanche 7 avril 2019

BRÉSIL. « LIBÉRER LULA EST AUSSI IMPORTANT QUE LE COMBAT POUR LIBÉRER MANDELA »

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Lula Luta! #EuSouLula
« Lula Lutte ! #JeSuisLula »
Près de 200 personnes se sont rassemblées dimanche 7 avril place du Trocadéro à Paris, pour que Lula soit reconnu prisonnier politique et qu’il soit libéré le plus rapidement possible.
PHOTO RICARDO STUCKERT
Sur la place Trocadéro, face à la Tour Eiffel, à Paris, un groupe de 200 personnes se rassemble au milieu des touristes. Très vite, tous sortent des banderoles, des drapeaux, un mégaphone et des masques à l’effigie de Lula. « Nous sommes ici pour exiger sa libération. Son emprisonnement injuste est la preuve qu’il se passe non pas une lutte des classes mais une guerre des classes au Brésil », assène Carla Sanfelici, l’une des représentantes du Parti des travailleurs brésilien (PT) en France. Luiz Inácio Lula da Silva, dit Lula, ancien président de la République du Brésil de 2003 à janvier 2011, est en ce dimanche 7 avril 2019 en prison depuis un an jour pour jour. « Tout a commencé avec la destitution abusive de Dilma Rousseff en 2016. Dans la foulée, alors que Lula était le favori des sondages pour l’élection présidentielle, il a été incarcéré au terme d’une parodie de procès, sans aucune preuve. Le juge qui l’a condamné, Sergio Moro, est aujourd’hui ministre de la Justice du fasciste Jair Bolsonaro, dont l’élection est la conséquence du coup d’Etat de 2016 », raconte Carla Sanfelici.

Le spectre de la doctrine Monroe

Très vite, le député FI Jean-Luc Mélenchon prend la parole. Lula est « condamné à vie par ceux là même qui sont coupables des crimes dont on l’accuse », estime-t-il, avant de marteler qu’il s’agit d’un « emprisonnement politique ». « C’est la première fois que l’on arrête un candidat donné gagnant à la présidentielle pour l’empêcher d’être élu », ajoute l’insoumis, qui mesure qu’il s’agit d’une nouvelle « méthode de combat contre les nôtres ». Eric Coquerel, député FI qui a participé à la création du comité pour la libération de Lula, argumente que « demander la libération de Lula est aujourd’hui aussi important que de demander celle de Mandela hier ». Celui qui souhaite aller à la rencontre de Lula en prison insiste : « toutes les forces démocratiques en France, et dans le monde, doivent se mobiliser pour libérer Lula ». Puis il développe : « il faut bien voir que ce qui se passe au Brésil, au Venezuela ou même à Cuba avec la menace d’un blocus total brandie par Trump, c’est la volonté des Etats-Unis d’appliquer à nouveau la doctrine Monroe en considérant l’Amérique latine comme son pré carré. Nous sommes face à une véritable contre révolution après plusieurs années de conquêtes sociales ».

Gravement, les personnes rassemblées hochent la tête. « Je suis là pour défendre la démocratie, et aussi la personne de Lula, le syndicaliste et le président qu’il a été, son combat contre la misère et la famine, pour la santé et l’éducation publique », expose ensuite Silvia Capanema, conseillère départementale PCF en Seine-Saint-Denis. Celle qui est aussi historienne, franco-brésilienne, et membre fondatrice du Réseau européen pour la démocratie au Brésil condamne l’inaction des puissances internationales : « Si les dirigeants des pays démocrates étaient vraiment responsables, ils auraient déjà fait pression et exigé activement la libération de Lula depuis longtemps, car son emprisonnement menace toutes les démocraties et toutes les femmes et les hommes politiques du monde ». Mais alors pourquoi ce silence ? « La grande majorité des pays, dont la France, ne bougent pas le petit doigt pour Lula et refusent de se positionner clairement car il y a énormément d’intérêts économiques et de richesses en jeu au Brésil. Bolsonaro est en train de vendre le pays petits bouts par petits bouts. Tous veulent être de la partie », observe Carla Sanfelici. « Le Brésil est aujourd’hui le laboratoire d’un projet antidémocratique et ultralibéral qui risque de s’implanter partout dans le monde », abonde Marcia Tiburi, qui a été candidate PT pour le poste de gouverneur de l’Etat de Rio de Janeiro en 2018.

Les forces progressistes en appellent à l'Europe

La foule réunie, scande très fréquemment « Lula Livre ! » et « Libérez Lula ! ». Il y a là Maria, brésilienne installée en France depuis 13 ans, qui se désole de voir « le processus de destruction de la démocratie enclenché au Brésil, devant l’indifférence générale ». Autocollant « Lula livre porque é inocente » (Lula libre parce qu’il est innocent) sur le cœur, Sergio habite Rio et est en vacances à Paris. « Je ne pouvais pas ne pas venir ici aujourd’hui. Ce qui se passe au Brésil est terrible. Nous voyons chaque jour un régime fasciste s’installer de plus en plus. La volonté de Bolsonaro de célébrer le coup d’Etat militaire de 1964 et les 20 ans de dictature qui ont suivi est insupportable et révélatrice de son projet. J’espère que ça ne passera pas ! » lance cet amoureux de la France. Venu pour représenter le PCF, Jean-Pierre Pineau rappelle que Lula est le « candidat qui aurait pu empêcher l’arrivée au pouvoir de la bête immonde l’an dernier. Il a même été emprisonné sans preuve et à l’encontre de la Constitution brésilienne. C’est pourquoi il faut qu’il soit reconnu prisonnier politique et que les puissances européennes agissent de toute urgence en conséquence ! »