L’ancien chef de l’État Eduardo Frei Montalva au Palais présidentiel de la Moneda
Sur la place qui fait face au palais présidentiel de la Moneda, où plusieurs monuments rendent hommage à des présidents qui ont marqué l’histoire du Chili, des fleurs ont été déposées au pied de la statue d’Eduardo Frei, chef de l’État de 1964 à 1970.
Des œillets rouges éparpillés, une gerbe aux couleurs de la démocratie chrétienne chilienne et des bougies dont il ne reste presque plus rien témoignent de l’émotion suscitée par la confirmation, lundi 7 décembre, que sa mort en 1982 n’avait rien de naturel et qu’elle était bien l’œuvre des agents d’Augusto Pinochet.
À l’issue d’une nouvelle autopsie, il ne fait en effet plus guère de doute pour le juge en charge du dossier, Alejandro Madrid, que l’ancien président a été empoisonné pendant un séjour à l’hôpital où il avait été admis pour traiter une hernie hiatale.
« La mort a été provoquée par l’introduction graduelle de substances toxiques non conventionnelles, par l’injection de produits pharmaceutiques non autorisés et par une succession d’anomalies qui ont été dissimulées et ont détérioré son système immunitaire », a-t-il déclaré lundi 7 décembre à la presse.
Les spécialistes du département de médecine légale de l’université du Chili ont mis en évidence la présence de gaz moutarde et d’un poison utilisé pour tuer les rats, susceptibles de détruire l’appareil digestif. Eduardo Frei était mort des suites d’une septicémie deux mois après avoir été admis à l’hôpital.
Si l’ancien président, comme d’autres responsables de la démocratie chrétienne, avait d’abord approuvé le coup d’État de septembre 1973 – « les militaires ont sauvé le pays », affirmait-il un mois après la chute du président socialiste Salvador Allende –, il avait par la suite pris ses distances avec le régime, rédigeant en 1976 un réquisitoire lucide sur son « caractère fasciste ».
Dans un document de 55 pages, le juge Alejandro Madrid rappelle qu’Eduardo Frei « avait pris la tête de la dissidence » à l’occasion du référendum de 1980 visant à approuver une nouvelle Constitution mise en place par la dictature…Ce leader démocrate-chrétien était très respecté.
Il était donc devenu un danger pour Augusto Pinochet, qui pouvait difficilement le discréditer en le qualifiant de communiste, et la décision avait été prise de l’éliminer. Mais avec plus de discrétion qu’à l’accoutumée pour une police politique qui ne rechignait pas aux attentats spectaculaires – en 1976, l’ancien ministre de Salvador Allende, Orlando Letelier, avait péri dans l’explosion de sa voiture piégée à Washington.
Un assassinat au grand jour aurait en effet eu de lourdes répercussions à l’étranger, mais aussi au Chili, où ce leader démocrate-chrétien était très respecté. D’après le juge, six personnes auraient été impliquées : quatre médecins, le propre chauffeur d’Eduardo Frei et un employé civil de l’armée ont été mis en examen pour assassinat ou complicité.Le fils d’Eduardo Frei portera les couleurs de la coalition de centre gauche.
Une fois de plus, son passé violent rattrape le Chili. L’impact de cette annonce est d’autant plus fort que le propre fils d’Eduardo Frei est candidat dimanche 13 décembre à l’élection présidentielle, où il portera les couleurs de la coalition de centre gauche, dominée par les démocrates-chrétiens et les socialistes, au pouvoir depuis vingt ans.
Ces derniers jours, la question des droits de l’homme avait déjà dominé la campagne, le favori, Sebastian Piñera, candidat de la droite, s’étant engagé devant des militaires à ce que les procès de la dictature « ne s’éternisent pas».
Si certaines voix ont accusé la justice de vouloir peser dans l’élection en annonçant quelques jours à peine avant le vote ces six mises en examen, Sebastian Pinera a tenu à exprimer sa solidarité avec la famille de l’ancien président, « qui pendant vingt-huit ans a cherché la vérité et la justice ».
Sur la place qui fait face au palais présidentiel de la Moneda, où plusieurs monuments rendent hommage à des présidents qui ont marqué l’histoire du Chili, des fleurs ont été déposées au pied de la statue d’Eduardo Frei, chef de l’État de 1964 à 1970.
Des œillets rouges éparpillés, une gerbe aux couleurs de la démocratie chrétienne chilienne et des bougies dont il ne reste presque plus rien témoignent de l’émotion suscitée par la confirmation, lundi 7 décembre, que sa mort en 1982 n’avait rien de naturel et qu’elle était bien l’œuvre des agents d’Augusto Pinochet.
À l’issue d’une nouvelle autopsie, il ne fait en effet plus guère de doute pour le juge en charge du dossier, Alejandro Madrid, que l’ancien président a été empoisonné pendant un séjour à l’hôpital où il avait été admis pour traiter une hernie hiatale.
Un poison utilisé pour tuer les rats
« La mort a été provoquée par l’introduction graduelle de substances toxiques non conventionnelles, par l’injection de produits pharmaceutiques non autorisés et par une succession d’anomalies qui ont été dissimulées et ont détérioré son système immunitaire », a-t-il déclaré lundi 7 décembre à la presse.
Les spécialistes du département de médecine légale de l’université du Chili ont mis en évidence la présence de gaz moutarde et d’un poison utilisé pour tuer les rats, susceptibles de détruire l’appareil digestif. Eduardo Frei était mort des suites d’une septicémie deux mois après avoir été admis à l’hôpital.
Si l’ancien président, comme d’autres responsables de la démocratie chrétienne, avait d’abord approuvé le coup d’État de septembre 1973 – « les militaires ont sauvé le pays », affirmait-il un mois après la chute du président socialiste Salvador Allende –, il avait par la suite pris ses distances avec le régime, rédigeant en 1976 un réquisitoire lucide sur son « caractère fasciste ».
Dans un document de 55 pages, le juge Alejandro Madrid rappelle qu’Eduardo Frei « avait pris la tête de la dissidence » à l’occasion du référendum de 1980 visant à approuver une nouvelle Constitution mise en place par la dictature…Ce leader démocrate-chrétien était très respecté.
Il était donc devenu un danger pour Augusto Pinochet, qui pouvait difficilement le discréditer en le qualifiant de communiste, et la décision avait été prise de l’éliminer. Mais avec plus de discrétion qu’à l’accoutumée pour une police politique qui ne rechignait pas aux attentats spectaculaires – en 1976, l’ancien ministre de Salvador Allende, Orlando Letelier, avait péri dans l’explosion de sa voiture piégée à Washington.
Un assassinat au grand jour aurait en effet eu de lourdes répercussions à l’étranger, mais aussi au Chili, où ce leader démocrate-chrétien était très respecté. D’après le juge, six personnes auraient été impliquées : quatre médecins, le propre chauffeur d’Eduardo Frei et un employé civil de l’armée ont été mis en examen pour assassinat ou complicité.Le fils d’Eduardo Frei portera les couleurs de la coalition de centre gauche.
Une fois de plus, son passé violent rattrape le Chili. L’impact de cette annonce est d’autant plus fort que le propre fils d’Eduardo Frei est candidat dimanche 13 décembre à l’élection présidentielle, où il portera les couleurs de la coalition de centre gauche, dominée par les démocrates-chrétiens et les socialistes, au pouvoir depuis vingt ans.
Ces derniers jours, la question des droits de l’homme avait déjà dominé la campagne, le favori, Sebastian Piñera, candidat de la droite, s’étant engagé devant des militaires à ce que les procès de la dictature « ne s’éternisent pas».
Si certaines voix ont accusé la justice de vouloir peser dans l’élection en annonçant quelques jours à peine avant le vote ces six mises en examen, Sebastian Pinera a tenu à exprimer sa solidarité avec la famille de l’ancien président, « qui pendant vingt-huit ans a cherché la vérité et la justice ».
Gilles BIASSETTE, à Santiago du Chili