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Les digues chiliennes ont un effet négatif sur les plages
D’après cette étude, l’installation de digues a provoqué une disparition progressive des plages de sable situées à leur pied. Tous les organismes, animaux (crustacés, mollusques, oiseaux, etc.) ou végétaux, qu’elles abritaient ont alors disparu. Les premiers étages de la zone intertidale
 touchés sont le supralittoral et le médiolittoral, c'est-à-dire les 
parties de l'estran respectivement soumises aux embruns et couvertes par
 les marées. L’étage infralittoral, une aire émergée lors des marées de 
vive eau, disparaît en dernier.
Le séisme a également eu des effets destructeurs. La présence des digues a amplifié la violence du tsunami (vagues
 de 1,5 à 10 mètres de haut par endroit), provoquant de gros dégâts au 
sein des populations de crustacés, par comparaison avec des sites non 
construits. Par ailleurs, certaines étendues de sable
 ont tout simplement disparu en raison de la subsidence des régions 
situées au nord de l’épicentre. Au sud, l’élévation des côtes, ou 
soulèvement tectonique, a parfois fait sortir des roches de l’étage 
circalittoral de l’eau, en bloquant ainsi l’accès à la mer à certains 
animaux comme le crabe de sable (Emerita analoga), qui a donc disparu de ces sites. 
Le tsunami et le tremblement de terre ont redonné vie au littoral sableux
Tout n’est pas négatif, loin de là. Les soulèvements
 tectoniques ont en de nombreux endroits considérablement augmenté la 
surface de certaines plages, au point de faire réapparaître des milieux 
qui avaient été détruits suite à la mise en place des aménagements de 
protection du littoral. Ce phénomène a été amplifié par une diminution de la pente des étendues sableuses.
Chaque zone de l’estran a ensuite été repeuplée 
rapidement par des crustacés mobiles caractéristiques en seulement 
quelques semaines (exemples : l'amphipode Orchestoidea tuberculata et l'isopode Excirolana hirsuticauda) ou quelques mois (Excirolana braziliensis).
 La vitesse de recolonisation dépend de l’importance du soulèvement 
tectonique, de la hauteur du tsunami en chaque point étudié et bien sûr,
 de l’aménagement côtier. Les plages isolées par des constructions ont été repeuplées en dernier. 
Dans le cas présent, et contre de nombreuses 
attentes, le tremblement de terre et le tsunami ont donc eu des effets 
bénéfiques sur l’écologie et la biodiversité des plages de sable chillienne, en augmentant notamment les habitats disponibles pour diverses espèces
 animales et végétales propres à ces milieux. La nature a, en quelque 
sorte, contrecarré les plans de l’Homme en surélevant les installations 
qu’il avait mises en place et en diminuant donc leurs effets. Plusieurs 
mois après le drame, des plantes pouvant fixer le sable ont été 
observées sur les plages agrandies alors qu’elles étaient absentes 
auparavant. Elles pourront redonner naissance à des dunes et donc à un nouvel écosystème.
 


