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LE CANDIDAT À LA PRÉSIDENTIELLE LENIN MORENO PHOTO RODRIGO BUENDIA |
Lenin Moreno était en tête du premier tour de la présidentielle de dimanche, loin devant le leader de l'opposition Guillermo Lasso.
C'est la fin d'une ère en Équateur, mais la continuité pourrait être assurée puisque le candidat socialiste semblait susceptible de remporter les élections présidentielles dès le premier tour. Dimanche soir, Lenin Moreno, candidat du parti au pouvoir l'Alliance Pays (Alianza Pais), a recueilli 39,11% des voix selon les résultats partiels portant sur 88,3% des suffrages exprimés et publiés lundi sur le site du Conseil national électoral (CNE).
Face à lui, l'ex-banquier Guillermo Lasso, du mouvement conservateur Créant des opportunités (Creo), crédité de 28,30%. «Cette bataille, nous allons la gagner!», a fièrement lancé M. Moreno dimanche soir, devant la foule, au siège de son parti à Quito.
Pour l'emporter au premier tour, le candidat socialiste doit recueillir 40% des voix avec dix points d'avance sur son adversaire. Dans le cas contraire, les deux hommes devront s'affronter dans un second tour fixé au 2 avril, qui s'annonce difficile pour le candidat de l'AP. M. Lasso devrait bénéficier du report des voix d'autres candidats comme l'ex-députée de droite Cynthia Viteri, arrivée en troisième position, avec 16,33%, qui a déjà appelé à voter pour le leader de l'opposition de droite.
Dimanche, M. Lasso a annoncé être «certain d'un second tour». De son côté, le président, qui soutient le candidat socialiste s'affichait optimiste. «Nous avons déjà les 10 points de différence avec Lasso et cela continue à augmenter», a-t-il posté sur son compte Twitter.
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Un homme modéré
Diplômé en administration publique, Lenin Moreno a également étudié la médecine et la psychologie. En 1998, il est victime d'une agression par balles qui le rend paraplégique. Âgé de 64 ans, ce père de trois filles est aujourd'hui contraint de se déplacer en fauteuil roulant. Engagé dans de nombreuses causes sociales, il a réalisé la première étude publique sur la situation des handicapés en Équateur. Entre 2001 et 2004, il a été directeur du Centre national pour les handicapés. En 2012, il devient secrétaire général adjoint de l'ONU pour le handicap à Genève, après avoir été nommé au prix Nobel de la paix la même année.
Vice-président de l'Équateur entre 2007 et 2013, Lenin Moreno est un pilier de son parti. Même s'il a annoncé vouloir prolonger le «socialisme du XXIe siècle» installé par son prédécesseur, son caractère tempéré contraste avec l'image forte de Rafael Correa. Il pourrait bien renouer le dialogue avec plusieurs opposants du régime. «Le pouvoir est un exercice d'humilité, de service et non de vanité», a récemment déclaré le candidat.
Après dix ans de corréisme, le pays s'est modernisé et les inégalités sociales ont été réduites. Néanmoins, le pays traverse aujourd'hui un fort endettement et une crise économique profonde, en particulier chez les classes moyennes. Par ailleurs, certains membres du gouvernement sont impliqués dans des scandales de corruption qui entachent un peu plus le bilan du parti au pouvoir.
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L'ANCIEN GUILLERMO LASSO DESSIN PANCHO CAJAS POUR LE QUOTIDIEN CONSERVATEUR EL COMERCIO D'EQUATEUR |
Un enjeu pour la gauche
En ce qui concerne les élections législatives, l'AP arriverait largement en tête même si on ne peut toujours pas savoir si elle conservera sa majorité des deux tiers de l'Assemblée.
Ce scrutin est déterminant pour la gauche latino-américaine, après le virage conservateur des grands pays du continent comme le Brésil, l'Argentine ou encore le Pérou. «Ici, ce qui est en jeu, c'est l'avenir de l'Équateur», a déclaré lundi matin M. Moreno à la chaîne Telesur. Mais «j'aime les défis forts, les grands enjeux et je vais réussir», a assuré le candidat.
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