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UNE ÉTUDIANTE TENTE D'ÉCHAPPER À DU GAZ LACRYMOGÈNE, LORS DE MANIFESTATIONS EN LIEN AVEC LA RÉFORME DE L'ÉDUCATION AU CHILI, À SANTIAGO, LE 25 AVRIL 2019. PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP |
L'histoire, l’art et le sport ne seront plus obligatoires les deux dernières années du secondaire pour les jeunes Chiliens. Une réforme des programmes annoncée fin mai et fortement critiquée au Chili.
La suppression de l'enseignement obligatoire du sport, annoncée pour 2020, est particulièrement critiquée au Chili. Car le pays arrive régulièrement en tête des classements d'obésité et de surpoids en Amérique latine. Parmi les pays les plus développés, les pays de l'OCDE, le Chili est le deuxième le plus touché par l'obésité après les États-Unis. Et cela commence dès l'enfance, puisque la moitié des enfants chiliens sont en surpoids, et plus de 20 % sont obèses dès l'école primaire.
Avec cette réforme, certains jeunes Chiliens risquent de ne plus avoir aucun cours de sport à la fin du lycée. Or pour beaucoup d'entre eux, c'était le seul moment de la semaine où ils pratiquaient une activité physique. C'est l'une des raisons pour lesquelles le principal syndicat des professeurs, classé à gauche, considère comme « aberrante » cette réforme des programmes scolaires.
L’histoire en option
Une cinquantaine d'enseignants-chercheurs à l'université, certains très respectés au Chili, ont signé une tribune contre la suppression de l’enseignement obligatoire de l’histoire pour les deux dernières années du lycée. Et le président du syndicat des professeurs a dénoncé dans les médias chiliens des «coupes claires » dans le programme, réalisées selon lui sous l'influence des milieux de l'entreprise, dans un but « productiviste ».
Pour les professeurs, il faut que les enseignements donnés dans le secondaire permettent aux élèves de se former intellectuellement en tant que citoyens. Il regrette donc aussi la suppression des cours obligatoires d'art, mais salue l'introduction de cours de philosophie obligatoires au lycée, ce qui n'était pas le cas avant.
Première réforme en deux décennies
C'est la ministre de l'Éducation elle-même qui défend publiquement la réforme, même si le projet a été initié sous le gouvernement précédent, de centre gauche. La ministre Marcela Cubillos souligne notamment qu'aucune réforme des programmes du secondaire n'a eu lieu depuis 20 ans et que la réforme donnera plus de liberté de choix des élèves, qui pourront même dans certains cas avoir plus d'heures d'histoire, ou plus d'heures de sport qu'avant. Elle précise aussi que le programme d'histoire enseigné aujourd'hui en fin de lycée sera condensé sur les années précédentes.
Mais l'argument ne convainc pas les professeurs : ils affirment que les programmes étaient déjà extrêmement chargés jusqu'à maintenant et qu'il sera impossible pour les professeurs de le traiter en si peu de temps, à moins de survoler toutes les périodes historiques, y compris celle de la dictature de Pinochet. Dans ces conditions, il sera selon eux très difficile de faire assimiler cette matière aux élèves.