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TÔT LE MATIN À PARANAL PHOTO ESO / HH HEYER |
À plus de 300 kilomètres du mont Paranal à vol d’oiseau, toujours dans le désert d’Atacama mais dans les contreforts des Andes, un autre observatoire s’apprête, lui aussi, à entrer dans la chasse à Sagittarius A* (Sgr A*), présumé trou noir supermassif de notre galaxie : Atacama Large Millimeter Array (ALMA), situé à 5 000 mètres d’altitude sur le plateau chilien de Chajnantor.
MATIÈRE ENTOURANT LE TROU NOIR SUPERMASSIF SAGITTARIUS A* PHOTO ESO/L. CALÇADA |
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MOUVEMENT DE L'« ÉTOILE S2 » AUTOUR DU TROU NOIR CENTRAL « SGR A* » DANS LA VOIE LACTÉE CRÉDIT ESO |
Quoique déjà très puissant avec ses 66 radiotélescopes qui travaillent à des longueurs d’onde situées après l’infrarouge au début des ondes radio (de 0,3 à 3,6 millimètres), ALMA serait bien incapable de réaliser seul cet exploit. Pourquoi ? C’est que Sgr A* est non seulement très loin (26 000 années-lumière) mais aussi très petit et entouré d’un disque de gaz très chauds qui le dissimule. Cette matière gazeuse, attirée vers l’horizon des événements par la gravitation du trou noir, rayonne intensément avant de disparaître. En conséquence, l’horizon des événements, s’il existe, devrait projeter une ombre sur cette émission lumineuse, mais une ombre très petite : compte tenu de l’énorme distance qui nous sépare de cette région de la Voie lactée, cette ombre devrait avoir la taille d’une pomme sur la Lune, vue depuis la Terre. Et c’est cette ombre de l’horizon des événements que l’on veut photographier pour valider l’existence du trou noir.
Réseau mondial
Pour cela, il faut utiliser les longueurs d’onde radio les plus courtes possibles (1 millimètre ou moins) afin de pénétrer la brume – ce qu’ALMA sait faire – et des antennes immenses pour atteindre une résolution extrême de 55 microsecondes d’angle : si on voulait obtenir cette précision avec un seul radiotélescope, il faudrait que son antenne mesure la bagatelle de 5 000 kilomètres. Avec ALMA, lorsque ses 66 radiotélescopes (7 à 12 mètres de diamètre) travaillent en interférométrie, c’est-à-dire en synchronisant leurs signaux, on atteint 16 kilomètres. C’est déjà exceptionnel mais totalement insuffisant pour « shooter » l’ombre de Sgr A*. Or ALMA va être intégré, à partir de sa nouvelle session d’observation, qui démarre en octobre, à un réseau mondial déjà existant d’au moins sept sites de radiotélescopes, l’Event Horizon Telescope (EHT).
PIERRE COX, LE DIRECTEUR D’ALMA |
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