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mardi 12 mars 2019

CAMPUS DE BORDEAUX : PLUSIEURS RENDEZ-VOUS AVEC LE CINÉASTE CHILIEN PATRICIO GUZMÁN

PATRICIO GUZMÁN.
PHOTO JOHN MACDOUGALL
Ce mardi, le documentariste dirigera une master class et sera nommé docteur honoris causa à l’université Bordeaux Montaigne.
C’est un artiste hors normes, hors cadres, qui a transformé le genre du film documentaire. Patricio Guzmán se fait depuis les années 1970 l’écho de l’histoire tourmentée et violente de son pays, le Chili. Il a réalisé pas moins de 25 films depuis « La Bataille du Chili » en 1979 – trilogie documentaire sur Salvador Allende pour laquelle il collabore avec Chris Marker -, jusqu’au « Bouton de nacre » en 2015, qui a obtenu l’Ours d’argent du meilleur scénario à La Berlinale.

Rêverie philosophique

Avant ce dernier film, il avait opéré un tournant déjà, avec « Nostalgie de la lumière » en 2010, mêlant histoire, astronomie, géologie et politique. Il revient toujours dans ces deux œuvres singulières, sur les années noires de son pays, explorant les recoins les plus sombres, mais à travers une rêverie philosophique, un geste artistique unique, à couper le souffle.

C’estdonc un artiste engagé et accompli, un enseignant aussi, aujourd’hui installé en France, qui reçoit les honneurs de l’université Bordeaux Montaigne. L’occasion pour les étudiants comme pour ses admirateurs de le rencontrer et de retrouver son univers, entre le campus et le cinéma Utopia (lire ci-contre).

« Je suis très content de cette reconnaissance, déclare-t-il. C’est la première fois que je reçois un prix de cet ordre, et c’est magnifique, surtout pour les Chiliens. Tous les documentaristes du Chili ont des problèmes à montrer leurs films, il y a une véritable perversion des moyens de communication là-bas. Heureusement, il y a une énorme quantité de lieux alternatifs. Cette distinction, c’est aussi une manière de garder la mémoire de l’histoire chilienne, de 1973 à nos jours. Beaucoup de mes compatriotes luttent pour cette mémoire, car les jeunes ne connaissent plus l’histoire de leur pays ».

Cette cérémonie est à l’initiative de Clément Puget, maître de conférences en études cinématographiques, qui, depuis un an et demi, travaille afin d’honorer le cinéaste. « Il y a peu d’artistes, et jamais de cinéaste, nommés docteur honoris causa. Et Patricio Guzmán n’est pas n’importe quel cinéaste. J’ai une formation d’historien et je suis sensible à son geste artistique lié à la mémoire. J’apprécie la manière dont ses réalisations n’assènent pas des vérités, mais interrogent ce que nous savons, ou pas, du passé, posent des questions même auprès des Chiliens. »

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