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UN CADAVRE DE CHEVAL SUR LE LAC ASSÉCHÉ D'ACUELO PRÈS DE SANTIAGO DU CHILI LE 12 FÉVRIER 2019 PHOTO ARIEL MARINKOVIC |
Chili. Un lac de 12 km2 rayé de la carte par la sécheresse. Des squelettes de chevaux et de vaches, venus brouter les ultimes brins d'herbe, sont étendus sur le sol craquelé. Principale attraction touristique des environs de Santiago, le lac d'Aculeo a disparu, victime de la sécheresse et de la surconsommation d'eau.
CHAQUE ÉTÉ, LES 10 000 HABITANTS DE LA RÉGION ATTENDAIENT AVEC IMPATIENCE L'ARRIVÉE DES VACANCIERS QUI VENAIENT Y NAGER OU PRATIQUER DES SPORTS NAUTIQUES. PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP |
Chaque été, les 10.000 habitants de la région attendaient avec impatience l'arrivée des vacanciers qui venaient y nager ou pratiquer des sports nautiques. Hôtels, campings et restaurants ne désemplissaient pas.
Mais l'eau n'est aujourd'hui plus qu'un lointain souvenir. Le paysage se résume à un sol couvert de poussière, à des carcasses d'animaux, des bateaux abandonnés, des arbustes secs. Le soleil ardent de l'été austral frappe le sol aride qui libère une odeur de terre brûlée. La végétation disparaît jour après jour, pour ne laisser place qu'à un terrain craquelé.
UN BATERAU ABANDONNÉ SUR LA LAC ASSÉCHÉ D'ACULEO PRÈS DE SANTIAGO DU CHILI, LE 5 MARS 2019 PHOTO MARTIN BERNETTI |
"Nous subissons la sécheresse depuis dix ans. Et maintenant le lac a disparu, il a emporté avec lui le tourisme, le camping, le business, tout", déplore Marcos Contreras, un employé du camping du village de Pintué, situé sur les berges de l'étendue d'eau. Ici plus de vacanciers, seulement des canoës qui prennent la poussière.
Le niveau d'eau du lac a commencé à baisser graduellement à partir de 2011. Moins de dix ans après, en mai 2018, il s'est complètement asséché.
Il n'y a pas d'explication unique à cette situation: habitants et experts citent la diminution drastique des précipitations - principale source d'approvisionnement en eau du lac - , la surconsommation de l'agriculture et l'urbanisation anarchique des environs.
- "On a lentement tué le lac" -
PRINCIPALE ATTRACTION TOURISTIQUE DES ENVIRONS DE SANTIAGO, LE LAC D’ACULEO A DISPARU, VICTIME DE LA SÉCHERESSE ET DE LA SURCONSOMMATION D’EAU. | PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP |
Si dans les années 1980, il pleuvait en moyenne 350 mm par an dans le centre du Chili, en 2018, les précipitations ont été réduites de moitié et l'on estime que dans les années à venir, la quantité de pluie continuera à baisser en raison du réchauffement climatique.
PHOTO-MONTAGE CRÉÉ LE 19 MARS 2019 MONTRANT L'ASSÈCHEMENT DU LAC ACULEO PRÈS DE SANTIAGO DU CHILI PHOTO CHRISTIAN MIRANDA, MARTIN BERNETTI |
Près de 70 % de la population chilienne vit dans des zones soumises à la sécheresse où les précipitations ont diminué de manière significative ces dernières années. Les spécialistes estiment que la température continuera d'augmenter jusqu'en 2030 et que les bassins hydrographiques du centre du pays verront leur niveau baisser jusqu’à 30 %.
Le manque de pluie n'est toutefois pas le seul responsable de cette catastrophe écologique. Quand le lac était encore rempli, le tourisme battait son plein, les lieux sont donc devenus attractifs pour la construction de commerces et de résidences secondaires, pour beaucoup avec piscines. Cela a eu pour conséquence une augmentation significative de la demande en eau sur un laps de temps très court.
À cela s'ajoute l'agriculture, qui face à la sècheresse, a besoin de plus d'eau pour l'irrigation, entraînant une surexploitation des réserves d'eau. La culture de l'avocat en réclame notamment de grandes quantités. "Le besoin d'eau pour les cultures dans les zones adjacentes a accru la pression sur le lac", confirme le chercheur Eduardo Bustos.
"On a lentement tué le lac", constate amèrement Antonia Romero, 26 ans, qui habite sur place.