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mercredi 25 mars 2020

EN ARGENTINE, UNE COMMÉMORATION VIRTUELLE SOUS CONFINEMENT

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LA UNE DU JOURNAL PÁGINA12
DU 25 MARS 2020
Les faits La traditionnelle marche en mémoire des disparus de la dictature militaire a été annulée à cause de l’épidémie de coronavirus. Les associations de défense des droits de l’homme appellent toutefois à un hommage en ligne avec le hashtag #PañuelosConMemoria.
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HOMMAGE DES ARGENTINS AUX VICTIMES 
DE LA DICTATURE MILITAIRE, MARDI 24 MARS.
 PHOTO JUAN IGNACIO RONCORONI/EPA/MAXPPP
Avec ou sans coronavirus, l’Argentine s’est souvenue de la dictature militaire, mardi 24 mars. L’association « Abuelas Plaza de Mayo » - « Grands-Mères de la Place de Mai » en espagnol - a incité, en cette Journée nationale de la mémoire et pour la vérité, les Argentins à rendre hommage aux disparus de la dictature militaire de 1976 à 1983, tout en restant à la maison. L’Argentine est en effet confinée depuis le 20 mars à cause de la pandémie du coronavirus.


PHOTO LAS RAMONAS
Au lieu du traditionnel défilé qui commémore les victimes de la dictature de Jorge Rafael Videla, les différentes associations de défense des droits de l’homme ont invité les Argentins à suspendre des foulards blancs à leurs fenêtres et à publier des photos sur les réseaux sociaux via le hashtag #PañuelosConMemoria (des foulards en mémoire).


Le foulard fait référence à un symbole des « Mères de la Place de Mai » qui, chaque jeudi depuis quarante ans, marchent en direction du palais présidentiel argentin, en mémoire des enfants disparus durant la dictature. La marche ne pourra pas avoir lieu ces prochaines semaines.

« Des foulards en mémoire »


« NOUS GARDONS LA MÉMOIRE VIVANTE »
Alors, pour accomplir, malgré tout, ce devoir de mémoire, les Argentins ont publié, mardi 24 mars, sur les réseaux sociaux, les photos de foulards blancs suspendus aux balcons et aux fenêtres et les pancartes pour ne jamais oublier les victimes de la dictature militaire.

Sur Twitter, un internaute a tenté de rallier un maximum de personnes autour de cette mobilisation virtuelle : « Rappelez-vous, le matin du 24 mars, de suspendre beaucoup de foulards blancs sur les balcons et les fenêtres. Le Covid-19 ne nous fera pas oublier le slogan «Mémoire, Vérité et Justice» », slogan de ralliement des familles des disparus de la dictature.

Les personnalités politiques argentines se sont jointes à cette commémoration 2.0, comme Matias Lammens, ancien ministre du tourisme et des sports. « La mémoire collective que nous construisons est un travail de tous les jours, qui nous permet de réfléchir sur le modèle de société que nous voulons bâtir, a-t-il publié sur Twitter. Aujourd’hui, de chez nous, nous sommes inspirés par l’exemple de la lutte et de la persévérance des Mères et des Grands-Mères de la Place de Mai ».

30 000 disparus


L’inscription « Ils sont 30 000 personnes » est affichée sur une grande partie des photos publiées sur les réseaux sociaux. Un chiffre qui fait référence aux 30 000 morts ou disparus - selon les organisations de défense des droits de l’homme argentines - pendant la dictature.

Ce nombre fait l’objet d’une polémique entre les associations et des instances officielles argentines, comme la Commission nationale sur la disparition de personnes, créée à la fin de la dictature par le gouvernement constitutionnel de Raul Alfonsin, qui a comptabilisé 8 961 personnes disparues.
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PHOTO LUANA VOLNOVICH