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lundi 30 mars 2020

CHILI. L’ÎLE DE PÂQUES, S’INQUIÈTE DE SES PREMIERS CAS DE COVID-19

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ANKIT SINHA / EYEEM
À 3 700 km des côtes chiliennes, l’île de Pâques n’est pas épargnée par la pandémie et connaît de premiers cas. La situation est d’autant plus inquiétante que ses moyens de prise en charge des patients sont limités. Le maire, s’appuyant sur une coutume ancestrale, a émis un ordre de confinement appliqué à la lettre. 
LE MAIRE DE L’ÎLE DE PÂQUES
PEDRO EDMUNDS PAOA
PHOTO AGENCIA UNO
Le maire de l’île de Pâques a annoncé la semaine dernière deux premières contaminations au nouveau coronavirus, rapporte le quotidien chilien La Tercera. Trente autres cas en cours de confirmation ont aussi été relevés. 

Isolée dans l’océan Pacifique à 3 700 km des côtes chiliennes, pays auquel elle est administrativement rattachée, l’île des Rapa Nui et de ses célèbres statues monumentales est très inquiète. Ses derniers touristes, au nombre d’un millier, ont été évacués par des vols spéciaux il y a quelques jours.

L’île de 10 000 habitants se retrouve un peu face à elle-même dans ce combat. « La population qui y vit est sans protection et le Covid-19 guette l’île comme une menace invisible » , écrit le journal péruvien La República.

L’île ne compte qu’un seul hôpital, sans unité de soins intensifs, sans personnel spécialisé pour gérer les situations critiques, et son établissement ne dispose que de trois respirateurs artificiels. Cité par La República, le maire, Pedro Edmunds Paoa, explique :
« Si nous devions avoir cinq ou six cas graves, la situation nous échapperait. » 
Dans une interview au site chilien El Desconcierto, l’édile exprime sa colère contre les autorités sanitaires chiliennes. En apprenant, début mars, que le Chili, sur le continent, était touché par la pandémie, M. Edmunds avait demandé le 11 mars l’isolement immédiat de l’île de Pâques. « Je n’ai jamais eu de réponse » , dit-il amèrement.

La consigne du “Tapu”


Le maire a donc dû trouver lui-même une compagnie aérienne – la Latam – pour venir chercher les touristes encore sur l’île. Trois vols ont été nécessaires pour ramener tous les étrangers sur le continent.

Entre-temps, M. Edmunds a pris les devants pour contenir la contagion, en décrétant le confinement via la coutume ancestrale du “Tapu”, qu’il détaille à El Desconcierto :
« C’est un concept que mes ancêtres ont créé il y a des siècles, un ordre sacré lancé sur un thème avec lequel il n’y a pas à transiger. Lorsque les habitants de Rapa Nui entendent ce mot, ils savent qu’il s’agit d’un ordre indiscutable et nous sommes donc tous dans nos maisons, ne sortant que pour faire des courses. » 
Sabine Grandadam 
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