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lundi 9 mai 2011

LE TRÉSOR DE MACHU PICCHU ENFIN DE RETOUR

Hiram Bingham (19 novembre 1875 - 6 juin 1956)
 était un explorateur et homme politique américain.
Le trésor archéologique trouvé il y a près d’un siècle à Machu Picchu est de retour au Pérou. Pour la première fois, les Péruviens peuvent admirer le patrimoine mis à jour par le chercheur étasunien Hiram Bingham entre 1911 et 1915, période durant laquelle il avait annoncé au monde entier la découverte de la citadelle de granit dans les Andes. A cette époque, une équipe envoyée par l’université Yale et la National Geographic Society prit la liberté d’emporter aux Etats-Unis quelque 45 000 fragments, essentiellement des objets en céramique, en métal et des ossements.

Le premier lot des reliques de Machu Picchu compte 363 pièces et a été exposé au Palais du gouvernement au centre de Lima, en avril dernier. Il sera définitivement transféré dans les prochaines semaines à la Casa Concha, à Cuzco [près de Machu Picchu]. Conformément à l’accord passé avec Yale, après des années de querelle, l’ancienne capitale inca deviendra le lieu d’accueil d’un patrimoine dont la valeur, tant historique que sentimentale, n’a pas de prix pour les Péruviens. “L’importance des pièces n’est pas monétaire, c’est sa valeur culturelle qui est inestimable. Ces fragments archéologiques nous racontent le développement de notre civilisation. Il s’agit d’une récupération de notre histoire”, souligne l’archéologue Jamer Nelson Chávez Antigona, responsable du classement de ce patrimoine. L’arrivée du trésor de Machu Picchu a causé un grand émoi dans le pays. Nombre de gens ont été enchantés par la nouvelle, mais certains se sont montrés critiques. Pour Fernando Astete, directeur du parc archéologique national de Machu Picchu, ce patrimoine ne devrait pas être entreposé à Cuzco, à près de 120 kilomètres du site archéologique le plus important d’Amérique du Sud, mais à Machu Picchu. Malgré les polémiques, l’exposition de Lima a accueilli près de 300 000 visiteurs. “Les Péruviens sont très intéressés. Il y a des gens de tous les âges, c’est un motif de fierté nationale”, affirmait l’un des visiteurs, Fernando Ramírez, un étudiant de 28 ans.
Datées de 1450 à 1532, période d’expansion maximale de l’Empire inca, les pièces les plus notables sont des vases cérémoniels (connus sous le nom de cuencos), des récipients utilisés lors de rituels (keros), des objets en cuivre et en argent, et même un squelette. On trouve également des paniers et des pots ancestraux, peints pour la plupart ; certains avec un piédestal, d’autres avec une ou deux anses.

Nous sommes très contents de récupérer tout ça”, s’exclame Sofia Ata, une habitante de Cuzco. Toutefois, dans un pays habitué aux controverses, nombre de Péruviens contestent la générosité de Yale. “L’exposition était réussie, bien sûr, mais son contenu reste très en deçà des trésors qu’a pu avoir le Pérou à une époque. Les Incas avaient beaucoup d’or, beaucoup d’argent… Il ne nous reste que des fragments de toute la richesse originale du pays”, note Orlando Leaño, un avocat de 41 ans. “J’ai l’impression que ce que l’on nous a rendu ne représente même pas 1 % de ce qui a été perdu ou emporté.” A ses yeux, “cela fait longtemps qu’on aurait dû nous rendre ce patrimoine”. Et Orlando Leaño de conclure avec aigreur : “N’importe qui peut voir qu’ils ne nous ont pas rendu ce qu’il y avait de plus précieux. Ils ont fait ça comme on caresserait la tête de quelqu’un qu’on considère comme inférieur.
Selon Nelson Chávez Antigona, le deuxième lot doit arriver en décembre. En 2012, tout ce qui a été emporté sera de retour au Pérou. Cette rétrocession par l’équipe de Bingham est le résultat de décennies de revendications. A l’époque, l’envoi des pièces à Yale s’était fait avec le consentement du gouvernement péruvien, qui prétendait l’avoir cédé dans un but scientifique pour une période de seulement dix-huit mois. Bien que l’accord ait été long à se dessiner, il semble avoir été favorable aux deux parties. De par son statut de dépositaire des vestiges incas, Yale a établi des conditions à la rétrocession, notamment la construction d’un musée et d’un centre de recherche à Cuzco. Ce projet a été mené en partenariat avec l’université San Antonio Abad, qui a implanté la plus importante faculté de l’éternelle capitale inca. Des spécialistes étasuniens et péruviens poursuivront désormais ensemble les travaux de recherche.