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mardi 16 janvier 2018

IMBROGLIO ENTRE LE CHILI ET LA BANQUE MONDIALE

PAUL ROMER, CHEF ÉCONOMISTE DE LA BANQUE 
MONDIALE, LE 31 JANVIER 2017 À PARIS  
PHOTO ERIC PIERMONT
Selon Paul Romer, chef économiste de la banque, des imprécisions dans la méthodologie du classement « Doing Business », ont affecté les performances de certains pays.
Pour le quinzième anniversaire de son rapport phare « Doing Business », la Banque mondiale se serait sûrement bien passée du dernier imbroglio déclenché par Paul Romer, son chef économiste. Dans une interview au Wall Street Journal, vendredi 12 janvier, celui-ci questionne l’intégrité de ce classement mondial sur la facilité à faire des affaires.

Des changements de méthodologie souffrant d’imprécisions, voire d’un biais politique, ont affecté les performances de certains Etats dont le Chili, affirme M. Romer. S’excusant « personnellement » auprès de ce pays d’Amérique latine, qui a glissé de la 44e à la 55e place depuis 2006, le chef économiste affirme vouloir engager une révision globale de l’indice pour clarifier les choses.



Le Doing Business est une référence scrutée par les milieux d’affaires. Chaque pays y est expertisé à l’aune de multiples critères, tels le nombre de jours nécessaires à la création d’une entreprise ou le coût d’obtention d’un permis de construire. L’ajout de nouvelles mesures, ces dernières années, explique beaucoup le décrochage du Chili, très sévère au cours du dernier mandat de la présidente socialiste Michelle Bachelet.


« Immoral »


Sans surprise, le mea culpa de M. Romer a déclenché une véritable tempête à Santiago, où Mme Bachelet doit céder sa place en mars à l’homme d’affaires de droite, et ancien président, Sebastian Piñera. Ce dernier a remporté les élections sur un programme promettant moins de bureaucratie et plus d’investissement. Celui-ci a chuté de 10 % depuis 2013.


Ce qui s’est passé avec la Banque mondiale est « très inquiétant », a tweeté samedi Mme Bachelet, réclamant une enquête approfondie. « Il est rare de voir quelque chose d’aussi immoral », a renchéri le ministre de l’économie, Jorge Rodriguez Grossi.



Du côté de la Banque, l’affaire crée un certain embarras. Dans un communiqué, samedi, l’institution s’en tient à une prudente ligne de crête : acceptant de lancer un « audit externe » sur les indicateurs chiliens, elle n’en défend pas moins un rapport fondé sur « des données objectives ». M. Romer n’en est pas à sa première polémique. Arrivé fin 2016, l’économiste a déjà semé la zizanie en sommant ses équipes d’adopter un langage moins opaque.


BANQUE MONDIALE 
« STATISTIQUES MALHONNÊTES »
AUGUSTO LÓPEZ CLARO : 
LE PRINCIPAL SUSPECT DE LA
 MANIPULATION DES CHIFFRES
L’ancien responsable du Doing Business, Augusto Lopez-Claros, parti enseigner pour un an à l’université de Georgetown à Washington, a immédiatement contre-attaqué, dénonçant des accusations « sans fondement ».