[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
CHALEUR AU PÉROU MAIS DOUCHE FROIDE AU CHILI POUR LE PAPE FRANÇOIS |
La Libre Belgique
Le pape François clôt dimanche un voyage au Pérou rythmé par une ferveur populaire inconditionnelle, mais il a maladroitement nourri la polémique sur les scandales de pédophilie au Chili, et essuyé un accueil plutôt froid. Samedi soir, le pape de 81 ans, visiblement éprouvé par une semaine de voyage tambour battant dans six villes, a pris le temps de saluer depuis son balcon la foule survoltée de Péruviens agglutinés devant le palais de Lima où il passe ses nuits.
LE PAPE FRANÇOIS CÉLÈBRE UNE MESSE DE PLEIN AIR À HUANCHACO, AU NORD-OUEST DE TRUJILLO, LE 20 JANVIER 2018 AU PÉROU PHOTO AFP HO |
Mais il a ensuite brouillé son message et choqué bon nombre de Chiliens au tout dernier jour de sa visite. François a alors donné une accolade publique à Mgr Juan Barros, soupçonné d'avoir gardé sous silence les agissements d'un vieux prêtre pédophile défroqué par le Vatican. Juste après avoir fait une déclaration très peu apaisante pour les victimes d'abus sexuels.
"Le jour où vous m'apportez une preuve contre l'évêque Barros, je vous parlerai. Il n'y a pas une seule preuve contre lui. Tout est calomnie. C'est clair ?", avait lancé jeudi le pape, interpellé par des journalistes chiliens en marge d'une messe à Iquique, dans l'extrême nord du Chili.
Le cardinal Sean Patrick O'Malley, qui dirige une commission anti-pédophilie au sein du Vatican, a jugé "compréhensible" samedi que les propos du pape aient provoqué "une grande douleur" chez les victimes de crimes pédophiles par des prêtres au Chili.
Il a ensuite ouvertement critiqué "des paroles qui envoient le message 'si vous ne pouvez pas prouvez vos accusations alors on ne vous croira pas'", en jugeant qu'elles abandonnaient en chemin les victimes d'abus.
Le cardinal a aussi mis en avant la grande sincérité du pape lorsqu'il prône la tolérance zéro contre les actes pédophiles au sein de l'Eglise.
Faisant fi des polémiques, Mgr Barros, 61 ans, n'a pas vraiment aidé la démarche du pape en participant à toutes les messes célébrées au Chili.
Pour autant, cette polémique ne suffit pas à expliquer le moindre engouement au Chili.
Les Chiliens, marqués par la dictature d'Augusto Pinochet, sont caractérisés par une défiance à toutes les formes de pouvoir, y compris celui de l'Eglise, explique un observateur.
Pays le plus critique d'Amérique latine contre l'Eglise catholique, il connaît en outre une révolution sociétale qui cadre peu avec une église réputée conservatrice et quelque peu hautaine.
Le pays a approuvé l'avortement thérapeutique et le Parlement examine la légalisation du mariage homosexuel, après avoir adopté les unions civiles entre personnes du même sexe. Lundi, une commission parlementaire a approuvé un projet de loi visant à reconnaître les personnes transexuelles.
Le temps fort du 22ème voyage du pape -grand défenseur du climat et des peuples indigènes- reste sa première visite en Amazonie, à Puerto Maldonado (sud-est), où l'attendaient avec impatience plusieurs milliers d'indigènes péruviens, brésiliens et boliviens. Une recontre toute de couronnes de plumes et colliers de dents d'animaux.
Au Chili, le pape s'est taillé un joli succès en visitant pour la première fois une prison de femmes, qui ont entonné un chant composé spécialement pour François, visiblement très ému.
Comme à son habitude, il a aussi fait passer des messages très directs aux hommes politiques et à la population. Halte à la corruption et à la violence faite aux femmes, a-t-il notamment recommandé.
Dimanche, sa dernière journée au Pérou, sera une journée spirituelle particulièremet chargée. Au programme, l'Angelus et une messe dans une base aérienne, mais aussi des prières à des reliques de saints péruviens ou encore une rencontre avec des évêques.