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LE PAPE FRANÇOIS A ATTERRI, LUNDI 15 JANVIER 2018, À SANTIAGO DU CHILI PHOTO XIMENA NAVARRO |
Le souverain pontife a été accueilli mardi à son arrivée par la présidente, Michelle Bachelet. Il doit rendre visite aux peuples indigènes et revigorer l’Eglise catholique.
PHOTO XIMENA NAVARRO |
Le pape François a atterri, lundi 15 janvier, à Santiago du Chili pour sa sixième visite en Amérique latine, qui le mènera aussi au Pérou, deux pays où l’Eglise catholique est en perte de vitesse, touchée par des scandales de pédophilie. Le souverain pontife a été accueilli à son arrivée par la présidente chilienne, Michelle Bachelet, accompagnée de trois enfants qui lui ont offert des fleurs. Le vent fort sur le tarmac l’a obligé à enlever sa calotte avant de descendre de l’appareil. Il a, ensuite, salué différents représentants de l’Église et des autorités.
Peu avant, dans l’avion papal, il avait déclaré que le monde était « à la limite » du risque de guerre nucléaire, confiant : « J’ai vraiment peur. Il suffirait d’un accident pour tout précipiter. » Le pape argentin s’exprimait au surlendemain d’une alerte au missile, qui s’est révélée sans objet, ayant semé la panique à Hawaï, alors que la Corée du Nord laisse planer la menace d’une attaque nucléaire.
Le pape a fait distribuer aux journalistes une petite carte illustrée d’une photo poignante prise en 1945 après l’explosion de la bombe atomique à Nagasaki montrant un enfant japonais portant sur le dos son petit frère mort. Au dos de la carte, déjà diffusée par le bureau de presse du Vatican fin 2017, quatre mots écrits de la main du pape : « Le fruit de la guerre ».
Au moment de survoler son Argentine natale, il a demandé à ses concitoyens de « prier pour lui » sans annoncer une éventuelle future visite, comme beaucoup l’attendaient. Depuis le début de son pontificat en mars 2013, il ne s’est pas encore rendu dans son pays.
Soutenir les peuples indigènes
Le pape François a appelé au respect des « droits » et de la « culture » des peuples autochtones, dans son premier discours prononcé au Chili mardi, devant les autorités politiques et civiles du pays. Il faut « écouter » les peuples autochtones, « souvent oubliés et dont les droits ont besoin d’être pris en compte et la culture protégée, pour que ne se perde pas une partie de l’identité et de la richesse de cette nation », a plaidé le pape, sans nommer spécifiquement les indigènes chiliens Mapuche, qu’il doit rencontrer mercredi.
Pour François, « la pluralité ethnique, culturelle et historique demande à être préservée de toute tentative de division ou de suprématie ». « La sagesse des peuples autochtones peut constituer une grande contribution » à la protection de l’environnement, a plaidé le pape, abordant ainsi un autre de ses thèmes fétiches. « De ceux-ci, nous pouvons apprendre qu’il n’y a pas de développement authentique pour un peuple qui tourne le dos à la terre et à tous ceux qui l’entourent », a ajouté François.
Il rencontrera également les autorités gouvernementales de deux pays en pleines turbulences politiques. Le Chili est en transition, après la victoire à la présidentielle de décembre 2017 du milliardaire conservateur Sebastian Piñera, suscitant des interrogations sur les réformes sociétales engagées par la socialiste Michelle Bachelet, dont l’avortement thérapeutique. Le Pérou s’enfonce, lui, dans une profonde crise, depuis la grâce controversée accordée à Noël par le chef de l’Etat, Pedro Pablo Kuczynski, à l’ex-président Alberto Fujimori, condamné pour crimes contre l’humanité.
Mais les temps forts du 22ème voyage de son pontificat – du 15 au 18 janvier au Chili, puis du 18 au 21 janvier au Pérou – seront indubitablement ses rencontres avec des peuples autochtones, avec qui il déjeunera en petit comité dans les deux pays.
À Temuco, dans le sud du Chili, il s’adressera aux Mapuche (7 % de la population), qui occupaient un vaste territoire à l’arrivée des conquistadors espagnols en 1541. Dans cette région, l’Auracania, les actions d’une minorité radicalisée, qui incendie des entreprises forestières mais aussi des églises, ponctuent le quotidien. Le pape n’y est donc pas le bienvenu pour tous.
Attaques visant des églises
Autre source d’inquiétude pour les services de sécurité, des attaques ont visé durant le week-end cinq églises de Santiago ; l’œuvre possible de groupes anarchistes.
Selon la base de données de l’ONG états-unienne Bishop Accountability, des dénonciations d’abus sexuels ont concerné près de 80 religieux au Chili, où le pourcentage d’athées est passé de 12 % à 22 % entre 2006 et 2014.
Le pape François a exprimé mardi à Santiago sa «douleur » et sa « honte », lors d’un discours prononcé devant les autorités politiques et civiles du pays. « Je ne peux m’empêcher de manifester la douleur et la honte que je ressens face au mal irréparable fait à des enfants par des ministres de l’Eglise, a-t-il dit, sous les applaudissements. Je voudrais m’unir à mes frères dans l’épiscopat, car s’il est juste de demander pardon et de soutenir avec force les victimes, il nous faut en même temps nous engager pour que cela ne se reproduise pas. »
Des militants de plusieurs pays, de la France aux États-Unis en passant par l’Allemagne, ont lancé lundi à Santiago une organisation mondiale contre la pédophilie au sein de l’Église, Ending Clerical Abuse, et demandé au pape des « actions » concrètes. Des petits groupes ont manifesté près de l’ambassade argentine pour rejeter la présence du pape et d’autres rassemblements étaient prévus contre les abus sexuels dans l’Église.
Le Vatican a annoncé, mercredi 10 janvier, avoir mis sous tutelle un mouvement catholique péruvien, Sodalitium Christianae Vitae, dont le fondateur, Luis Fernando Figari, réfugié à Rome, est au cœur d’une enquête pour pédophilie.