Catégorie

samedi 19 mai 2018

AU CHILI, SATISFACTION PRUDENTE DES VICTIMES DE PÉDOPHILIE ET SILENCE DE LA CLASSE POLITIQUE

« Les évêques ont annoncé une démission qui n’est pas encore effective », a nuancé Juan Carlos Claret, porte-parole de l’Association des laïcs d’Osorno, d’où est parti le scandale. C’est dans cette ville du sud du Chili qu’officiait Mgr Juan Barros, accusé d’avoir couvert le prêtre pédophile Fernando Karadima, et c’est lui que le pape François a longtemps défendu, notamment lors de sa visite au Chili en janvier, dénonçant des « calomnies » à son encontre. « Je ne crois pas que cette démission soit le résultat d’une volonté héroïque des évêques, a continué M. Claret, ils y ont été poussés. »

Classe politique assommée

Les affirmations du pape selon lesquelles des plaintes de victimes ont été hâtivement jugées « invraisemblables » alors qu’elles représentaient « de graves indices d’un délit effectif » ouvrira-t-elle la voie à des procédures judiciaires ? Du côté des personnalités politiques, personne, vendredi soir, ne s’était encore exprimé en ce sens. Personne ne s’était d’ailleurs exprimé tout court, comme si la nouvelle, inédite, de la démission de l’ensemble des évêques du pays avait assommé la classe politique, plus préoccupée par les manifestations féministes contre la violence de genre qui avaient eu lieu la veille dans les rues de Santiago.

Juan Pablo Hermosilla, l’avocat de trois victimes du père Karadima (M. Cruz, José Andrés Murillo et James Hamilton), a, lui, affirmé au quotidien La Tercera qu’il « réévaluerait sans doute les actions légales avec les nouveaux éléments connus ». Les trois hommes ont porté plainte contre l’archevêché de Santiago et demandé une indemnisation de 450 millions de pesos (600 000 euros) pour avoir couvert les abus sexuels commis par Fernando Karadima. Le juge qui avait rejeté la plainte en première instance en mars 2017 avait alors signalé qu’il n’existait pas de preuves suffisantes.

Le document du pape rendu public vendredi dit non seulement le contraire, mais va beaucoup plus loin en reconnaissant « l’existence de gravissimes négligences » et même la destruction, par les autorités ecclésiastiques, de « documents compromettants ».