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LE PAPE FRANÇOIS À LOPPIANO EN ITALIE, LE 10 MAI 2018
L'ÉGLISE CHILIENNE, SECOUÉE PAR DES ABUS SEXUELS, RENCONTRE LE PAPE
PHOTO FILIPPO MONTEFORTE |
Une délégation de 31 évêques chiliens est convoquée à Rome pour rencontrer à partir de lundi le pape François, qui vient de recevoir les victimes d'un prêtre pédophile de ce pays secoué par les abus sexuels dans l'Église.
PHOTO RUDY MUÑOZ |
Chacun paiera son billet d'avion et son logement, selon la
même source.
« Le pape cherche à lancer un signal de changement,
sinon, il ne nous convoquerait pas à Rome. Ce n'est pas pour nous rendre
hommage ou nous donner une tape sur l'épaule », a commenté, réaliste,
l'évêque de la ville d'Aysén, Luis Infanti, auprès du journal La Tercera.
EZZATI, ERRAZURIZ, GOIC, CHOMALI PHOTO LA TERCERA |
C'est aussi l'occasion pour le pape François de réparer le
fiasco médiatique de son voyage dans ce pays sud-américain en janvier, quand il
avait défendu avec force un évêque chilien, Mgr Juan Barros, soupçonné d'avoir
caché les actes pédophiles du père Fernando Karadima.
Le pape s'était déclaré persuadé de l'innocence de Juan
Barros et avait demandé aux victimes présumées des preuves de sa culpabilité.
Avant de présenter ses excuses pour ces propos maladroits et de dépêcher au
Chili deux enquêteurs.
Il était allé plus loin ensuite, en recevant début mai au Vatican
trois victimes d'abus sexuels du père Karadima, des hommes aujourd'hui âgés
d'une quarantaine ou cinquantaine d'années, leur présentant des excuses et se
disant déterminé à corriger ses "graves erreurs" d'appréciation sur
ce scandale.
« Nous demandons directement au pape qu'il n'hésite pas
face à ceux qui doivent être considérés, non comme les auteurs d'un péché, mais
plutôt d'un crime et de la corruption plus profonde qui peut exister dans une
société », avait alors dit José Andrés Murillo, l'une des trois victimes
reçues à Rome.
Selon différents experts et des membres de l’Église
chilienne, le pape devrait écarter de ses fonctions notamment Mgr Barros et
ordonner une réorganisation totale de la hiérarchie ecclésiastique locale.
« Laboratoire »
L'ÉVÊQUE CHILIEN, MGR JUAN BARROS, À IQUIQUE AU CHILI, LE 18 JANVIER 2018 PHOTO VINCENZO PINTO |
« C'est une lettre où il prépare les conditions pour des
mesures allant beaucoup plus loin que le départ de Barros », estime le
sociologue et chercheur de l'Institut d'études avancées de l'université de
Santiago, Cristian Parker.
« Le pape va devoir prendre des mesures concernant
l'ensemble des évêques et les structures de l’Église pour qu'à l'avenir il soit
sûr que les canaux de communication sont fiables », explique-t-il à l'AFP.
Et « cela va provoquer une sorte de tremblement de
terre dans l’Église chilienne, surtout dans la hiérarchie ».
Qui a donc mal informé le pape sur l'ampleur de ce scandale
sexuel ?
Tous les regards se tournent vers le nonce apostolique Ivo
Scapolo, chargé officiellement de faire parvenir à Rome tout type
d'information, et le cardinal Francisco Javier Errazuriz, membre d'une
puissante commission de neuf cardinaux (C9) chargée de conseiller le pape
François sur les réformes de la Curie.
Ils devraient être sanctionnés, de même que l'archevêque de
Santiago, Ricardo Ezatti, qui a ignoré les plaintes contre le père Karadima.
La sévérité ou non du souverain pontife et les réformes
qu'il adoptera devraient marquer un point d'inflexion dans la façon dont l’Église
catholique fait face aux scandales d'abus sexuels, qui ont impliqué environ 80
membres du clergé chilien ces dernières années selon une association de
victimes.
« Le Chili est actuellement un laboratoire dans lequel
François joue une partie de sa crédibilité », estime José Manuel Vidal,
vaticaniste espagnol et directeur du journal en ligne "Religion Digital".
En 2011, après de nombreuses tentatives pour détourner les
accusations, le Vatican avait finalement condamné le père Karadima comme auteur
d'abus sexuels et l'avait confiné à une « vie de prière et pénitence ».