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Alors que la crise qui secoue le Chili et qui a fait dix-huit continue, le président Sebastian Piñera pourrait lever certaines mesures d’exception dans le but de faire redescendre la tension.
LA POLICE DÉPLOIE UN CANON À EAU CONTRE DES
MANIFESTANTS, À SANTIAGO LE 23 OCTOBRE 2019
PHOTO JAVIER TORRES
«CHILI. LA CRISE SOCIALE PERDURE, LE PRÉSIDENT SEBASTIAN PIÑERA ÉVOQUE LA FIN DE L’ÉTAT D’EXCEPTION»
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Le président chilien Sebastian Piñera a entrouvert la porte à une levée des mesures d’exception dans une tentative de faire baisser la tension au Chili : « Nous travaillons à un plan de normalisation de la vie de notre pays […] pour pouvoir cesser le recours au couvre-feu et, nous l’espérons, lever l’état d’urgence », a déclaré ce jeudi 24 octobre le président conservateur devant la presse.
Premier signe de cette volonté d’apaisement, le couvre-feu imposé dans la nuit de mercredi à jeudi avait d’ores et déjà été réduit à cinq heures, de 22 h à 04 h (01 h-07 h GMT), contre dix heures les nuits précédentes.Les syndicats chiliens, qui ont mobilisé des dizaines de milliers de manifestants mercredi à Santiago, ont appelé à poursuivre jeudi le mouvement de grève générale.Les protestataires réclament au gouvernement de retirer des rues les militaires déployés pour la première fois depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990), ainsi que des réponses à la pire crise sociale vécue par le pays depuis trente ans.Quelque 20 000 militaires et policiers sont déployés dans les rues et neuf des 16 régions du pays sont sous état d’urgence. Mercredi, le gouvernement avait annoncé le rappel de réservistes de l’armée, pour assurer un soutien « logistique et administratif ».
Pour la deuxième journée consécutive, les organisations syndicales et une vingtaine d’autres mouvements ont appelé les fonctionnaires à cesser le travail et à se joindre aux manifestations à Santiago, à quelques stations de métro du palais présidentiel de La Moneda.« Jusqu’à présent, ce qu’a fait le président Piñera a été de polariser le pays et accroître les tensions. Nous avons aujourd’hui dans la rue des jeunes avec un fusil dans les mains, contre leurs propres compatriotes », a déclaré aux journalistes Barbara Figueroa, présidente de la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), principale confédération syndicale du Chili.Dix-huit personnes, dont un enfant, sont mortes, selon des chiffres officiels depuis le début des troubles le 18 octobre. En outre, l’Institut national des droits humains (INDH) a décompté 535 personnes blessées, dont 239 par armes à feu et 2 410 arrestations.Pendant la nuit, les incidents se sont raréfiés dans le centre de la capitale où quatre hôtels ont été saccagés mercredi soir. Mais la situation restait tendue dans plusieurs quartiers périphériques. Des pillages et incendies se sont poursuivis, accompagnés de barricades et d’affrontements avec les forces de l’ordre.Jeudi, de nombreux habitants de Santiago tentaient de revenir à une vie normale. Environ 6 000 autobus ont été déployés pour compenser la paralysie du réseau de métro, où seulement trois lignes fonctionnaient.Certains supermarchés ont rouvert et la plupart des écoles publiques accueillaient les élèves, dans un signe apparent de normalité.
Des habitants redoutaient néanmoins un retour des blocages et des violences. « Le matin, nous voyons beaucoup de mouvement […] mais l’après-midi, tout devient difficile et les (jets) de gaz (lacrymogène) commencent », expliquait Maicol Rojas, un Péruvien de 50 ans, marchand ambulant sur une avenue du centre-ville.L’explosion de colère sociale, avec de violentes manifestations et des pillages, a été provoquée par l’annonce d’une hausse de 3,75 % du prix du ticket de métro à Santiago, mais ne s’est en rien calmée après l’annonce de la suspension de cette mesure.Le mouvement, hétérogène et sans dirigeants identifiables, s’est amplifié, nourri par le ressentiment face à la situation socio-économique et aux inégalités dans ce pays de 18 millions d’habitants.L’annonce d’une série de mesures sociales mardi par M. Piñera, qui a reconnu n’avoir pas anticipé la crise et demandé « pardon » à ses compatriotes, ne semble pas avoir eu l’effet désiré.« Nous espérions une sensibilisation avec ce conflit social, mais ce sont les mêmes propositions depuis des mois », a observé Izkia Siches, présidente du Colegio Médico, l’association des médecins chiliens, présente parmi les manifestants.
Couvre-feu réduit
Premier signe de cette volonté d’apaisement, le couvre-feu imposé dans la nuit de mercredi à jeudi avait d’ores et déjà été réduit à cinq heures, de 22 h à 04 h (01 h-07 h GMT), contre dix heures les nuits précédentes.Les syndicats chiliens, qui ont mobilisé des dizaines de milliers de manifestants mercredi à Santiago, ont appelé à poursuivre jeudi le mouvement de grève générale.Les protestataires réclament au gouvernement de retirer des rues les militaires déployés pour la première fois depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990), ainsi que des réponses à la pire crise sociale vécue par le pays depuis trente ans.Quelque 20 000 militaires et policiers sont déployés dans les rues et neuf des 16 régions du pays sont sous état d’urgence. Mercredi, le gouvernement avait annoncé le rappel de réservistes de l’armée, pour assurer un soutien « logistique et administratif ».
Pour la deuxième journée consécutive, les organisations syndicales et une vingtaine d’autres mouvements ont appelé les fonctionnaires à cesser le travail et à se joindre aux manifestations à Santiago, à quelques stations de métro du palais présidentiel de La Moneda.« Jusqu’à présent, ce qu’a fait le président Piñera a été de polariser le pays et accroître les tensions. Nous avons aujourd’hui dans la rue des jeunes avec un fusil dans les mains, contre leurs propres compatriotes », a déclaré aux journalistes Barbara Figueroa, présidente de la Centrale unitaire des travailleurs (CUT), principale confédération syndicale du Chili.Dix-huit personnes, dont un enfant, sont mortes, selon des chiffres officiels depuis le début des troubles le 18 octobre. En outre, l’Institut national des droits humains (INDH) a décompté 535 personnes blessées, dont 239 par armes à feu et 2 410 arrestations.Pendant la nuit, les incidents se sont raréfiés dans le centre de la capitale où quatre hôtels ont été saccagés mercredi soir. Mais la situation restait tendue dans plusieurs quartiers périphériques. Des pillages et incendies se sont poursuivis, accompagnés de barricades et d’affrontements avec les forces de l’ordre.Jeudi, de nombreux habitants de Santiago tentaient de revenir à une vie normale. Environ 6 000 autobus ont été déployés pour compenser la paralysie du réseau de métro, où seulement trois lignes fonctionnaient.Certains supermarchés ont rouvert et la plupart des écoles publiques accueillaient les élèves, dans un signe apparent de normalité.
Des habitants redoutent un retour des violences
Des habitants redoutaient néanmoins un retour des blocages et des violences. « Le matin, nous voyons beaucoup de mouvement […] mais l’après-midi, tout devient difficile et les (jets) de gaz (lacrymogène) commencent », expliquait Maicol Rojas, un Péruvien de 50 ans, marchand ambulant sur une avenue du centre-ville.L’explosion de colère sociale, avec de violentes manifestations et des pillages, a été provoquée par l’annonce d’une hausse de 3,75 % du prix du ticket de métro à Santiago, mais ne s’est en rien calmée après l’annonce de la suspension de cette mesure.Le mouvement, hétérogène et sans dirigeants identifiables, s’est amplifié, nourri par le ressentiment face à la situation socio-économique et aux inégalités dans ce pays de 18 millions d’habitants.L’annonce d’une série de mesures sociales mardi par M. Piñera, qui a reconnu n’avoir pas anticipé la crise et demandé « pardon » à ses compatriotes, ne semble pas avoir eu l’effet désiré.« Nous espérions une sensibilisation avec ce conflit social, mais ce sont les mêmes propositions depuis des mois », a observé Izkia Siches, présidente du Colegio Médico, l’association des médecins chiliens, présente parmi les manifestants.