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mercredi 2 octobre 2019

ANIMAUX MORTS, PÉNURIES D'EAU, AGRICULTEURS EN DIFFICULTÉ... AU CHILI, LA SÉCHERESSE FRAPPE DE PLEIN FOUET


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LE SQUELETTE D'UNE VACHE, DANS UNE ZONE DE LA RÉGION
DE PETORCA, QUI SUBIT DE PLEIN FOUET LA SÉCHERESSE.

PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP 
Le pays d'Amérique du Sud est particulièrement touché par la sécheresse, qui a provoqué la mort de milliers d'animaux. Le président chilien a annoncé un investissement de cinq milliards de dollars pour y faire face.
Par Steve Tenré avec l'AFP et Reuters
LA LIGUA, UNE RIVIÈRE DE LA RÉGION DE VALPARAISO, AU CHILI,
 EST À CE JOUR TOTALEMENT ASSÉCHÉE. À GAUCHE, UNE
IMAGE DATANT DU 10 SEPTEMBRE 2018. À DROITE,
UNE PHOTOGRAPHIE PRISE UN AN PLUS TARD.
STR ET MARTIN BERNETTI / AFP
Des dizaines de milliers d'animaux morts, des fermes familiales au bord du gouffre et près de 600.000 personnes approvisionnées en eau par des camions-citernes. C'est le triste bilan d'une dure sécheresse qui frappe actuellement le centre du Chili, marqué par une décennie de faibles précipitations.

En cette fin d'hiver austral, le plus sec depuis 60 ans, 6 des 16 régions du pays souffrent d'un déficit de pluies. Dans ces régions, pas moins de 106.000 animaux sont morts en raison du manque d'eau et de fourrage, selon le ministère de l'Agriculture. Dans le centre du pays, les chèvres (80.000) ont été les plus touchées par la mortalité, suivies par les bovins (18.000) et les ovins (8000). 


DES VACHES SOUFFRANT DE LA FAIM,
 À COLINA, AU CHILI.
 PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP  
Pour faire face à cette sécheresse qui oblige près de 600.000 citoyens à se fournir en eau auprès de camions-citernes, l'état d'urgence a été déclaré dans cinq régions : celle de Valparaiso, de Coquimbo, de O'Higgins, du Maule et de Santiago. Le président chilien Sebastian Piñera a également annoncé des restrictions d'eau, et s'est engagé à investir 5 milliards de dollars.

Des dizaines de milliers d'animaux morts


UNE VUE AÉRIENNE DE PLANTATIONS D'AVOCATS AUTOUR DE
LA RIVIÈRE LA LIGUA, DANS LA RÉGION DE PETORCA.
PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP 
À Colina, dans la métropole de Santiago, la sécheresse frappe durement les petits éleveurs. Il n'y a plus d'herbes sur les collines ; vaches, chèvres et chevaux errent affamés. «La sécheresse a été désastreuse pour nous», déplore Sandra Aguilar auprès de l'Agence France Presse. Sa famille possédait une centaine de têtes de bétail. Aujourd'hui, la moitié seulement est encore en vie grâce à un filet d'eau fourni par un voisin qui a encore quelques réserves.


UN CHIEN ERRANT, AFFAMÉ, SUR UNE TERRE 
ARIDE DE LA RÉGION DE PETORCA. 
PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP
«La situation est compliquée», reconnaît aussi Javier Maldonado, gouverneur de la province de Chacabuco, où plusieurs communes agricoles sont frappées de plein fouet par la sécheresse. «Nous devons être réaliste, le changement climatique est là pour durer», prévient-il. «Sortir et voir les animaux morts, étendus au sol, c'est triste», confie Erick Hurtado, 23 ans, agriculteur à Petorca, dans la région de Valparaiso, qui a perdu la moitié de ses 60 têtes de bétail.

De multiples pénuries d'eau


AU CHILI, LES ANIMAUX SONT LES PREMIÈRES
VICTIMES DE LA SÉCHERESSE.
PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP
Devant sa maison de la localité de Ligua, près de Valparaiso, Dominga Mondaca, 73 ans, montre à l'AFP les rigoles qui alimentaient jusqu'il y a peu ses plantations de fraises et d'agrumes. «Cela fait plusieurs années que nous n'avions qu'un peu d'eau, mais cette fois, il n'a pas plu», raconte la septuagénaire. Elle n'élève plus de poulets pour garder le peu d'eau qu'elle reçoit pour sa propre consommation et pour le nettoyage. Selon le ministère de l'Agriculture, 37.000 agriculteurs familiaux sont en difficulté dans le centre du pays.


D'après le site chilien The Clinic, 72% de la superficie totale du pays souffre de la sécheresse, ainsi que 38% de la population, soit six millions de personnes.

Moins de neige

CERTAINS AGRICULTEURS S'APPROVISIONNENT
 GRÂCE À L'EAU AMENÉE PAR DES CAMIONS-CITERNES.
PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP
Dans le centre du Chili, il a également moins neigé. En moyenne, les scientifiques prévoient une diminution d'entre 5 et 10% des chutes de neige tous les dix ans dans la quasi-totalité de la Cordillères des Andes, un des principaux réservoirs d'eau du pays.


DANS LA RÉGION DE SANTIAGO, IL NEIGE 
SI PEU QUE LES PISTES DE SKI ONT DÛ FERMER. 
PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP
«La zone centrale du Chili est très dépendante des fontes estivales, de la neige comme des glaciers. Ce qui signifie que si la couverture de neige se réduit, il y a également une réduction de la disponibilité en ressources hydriques», dit à l'AFP Raul Cordero, spécialiste du changement climatique à l'Université de Santiago.


Dans cette région, les faibles chutes de neige ont obligé les principales stations de ski à utiliser de la neige artificielle bien plus tôt et davantage que les années précédentes.


DES CANONS À NEIGE SONT UTILISÉS DANS
LES ANDES, À 30 KILOMÈTRES DE SANTIAGO.
PHOTO MARTIN BERNETTI / AFP
«Le Chili a vécu comme s'il était un pays doté d'eau en abondance, mais probablement, le changement climatique et le réchauffement mondial ont changé cette situation pour toujours», a déclaré récemment le président chilien, Sebastian Piñera. Pour rappel, le Chili accueillera en décembre la COP25, dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.