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Si c’est la hausse du prix du ticket de métro qui a lancé la contestation, « le mouvement dépasse largement cette question », analyse la chercheuse Cécile Faliès. Le Chili est une «véritable oasis » dans une «Amérique latine affaiblie », se félicitait, début octobre, le président de la République, Sebastián Piñera. Emeutes, état d’urgence, couvre-feu : c’est pourtant un pays « en guerre » que le chef de l’État a décrit quelques jours plus tard, dans la soirée du dimanche 20 octobre, après un week-end de manifestations qui a coûté la vie à douze personnes.
« ON NE SE BAT PAS POUR 30 PESOS, MAIS 30 ANS #NOUVELLECONSTITUTION »
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« ON NE SE BAT PAS POUR 30 PESOS, MAIS 30 ANS ! » |
Importantes fractures
Souvent érigé en modèle pour le sous-continent, le Chili est devenu le premier pays de la région à intégrer l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), en 2010. Pendant plusieurs décennies, il a connu une croissance spectaculaire dopée par les exportations de cuivre, sa principale richesse. En parallèle, son taux de pauvreté s’est fortement réduit et atteint aujourd’hui 8,6 % de la population. Quant à ses indicateurs, ils restent au beau fixe, notamment avec une croissance qui devrait atteindre, cette année, 2,5 % du produit intérieur brut (PIB).
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« La base mobilisée s’est élargie »
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Très vite, les revendications des manifestants se sont élargies à la contestation d’un modèle économique hérité de la dictature d’Augusto Pinochet. Basé sur la doctrine néolibérale de l’école de Chicago, il a été marqué par les privatisations, la réduction du rôle de l’État et de libéralisation quasi complète de l’économie, du secteur de la santé à celui de l’éducation, en passant par le système de retraites.
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La contestation va-t-elle se poursuivre ? Au cours des dernières années, le pays a déjà été secoué par des manifestations de moindre ampleur, comme celles des retraités en 2017 ou des étudiants en 2011. Mais, « là, la base mobilisée s’est élargie, estime Mme Faliès. L’État néolibéral au Chili a été à la fois très précoce et marqué par son ultraorthodoxie. Or, aujourd’hui, on peut considérer que celui-ci a tout donné, il n’y a plus d’espoir que ce modèle de développement porte ses fruits ».
Aude Lasjaunias
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