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dimanche 20 octobre 2019

CHILI : APRÈS DE VIOLENTES MANIFESTATIONS, LA HAUSSE DU PRIX DES TRANSPORTS SUSPENDUE


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UNE STATION DE MÉTRO INCENDIÉE PENDANT LE MOUVEMENT DE
CONTESTATION CONTRE LA HAUSSE DU PRIX DES TRANSPORTS
À SANTIAGO, LE 19 OCTOBRE.
PHOTO JAVIER TORRES / ATON / AFP 
Devant l’ampleur des dégâts et du mouvement contestataire, le président chilien a décidé de faire marche arrière. Sebastian Piñera a annoncé, samedi 19 octobre, la suspension de la hausse des prix des tickets de métro à Santiago, qui a été la cause d’une forte contestation sociale dans la capitale depuis deux jours.

PHOTO GETTY
« Je tiens à annoncer aujourd’hui que nous allons suspendre l’augmentation des tarifs du métro », a déclaré le président depuis le palais présidentiel de La Moneda, peu avant que le général nommé pour assurer la sécurité de la ville n’annonce un couvre-feu total à Santiago en réponse aux « excès qui se sont produits aujourd’hui ».

Des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont à nouveau éclaté samedi, au lendemain de l’instauration de l’« état d’urgence » dans la capitale, secouée par un mouvement de protestation contre la hausse du prix des transports. Les événements ont fait trois victimes, mortes dans l’incendie d’un supermarché qui a été saccagé dans la nuit de samedi à dimanche.

Des milliers de personnes s’étaient rassemblées pour un concert de casseroles, mode de contestation apparu après le coup d’État mené par le général Augusto Pinochet fin 1973, mais la manifestation a rapidement dégénéré en affrontements entre des personnes masquées et les forces spéciales. Des heurts ont notamment été signalés sur la grande place d’Italie, épicentre de la contestation, et près du siège du gouvernement, ainsi qu’à Puente Alto, dans la banlieue sud de la capitale. Des autobus ont été incendiés en centre-ville, et les autorités ont décidé dans la journée d’interrompre totalement leur circulation.

Des manifestants font résonner des casseroles en signe de protestation à Santiago, le 19 octobre.
Des manifestants font résonner des casseroles en signe de protestation à Santiago, le 19 octobre. EDGARD GARRIDO / REUTERS

Sebastian Piñera avait décrété dans la nuit de vendredi à samedi l’« état d’urgence » pour quinze jours à Santiago et confié au général Javier Iturriaga del Campo la responsabilité d’assurer la sécurité. Des militaires patrouillaient ainsi samedi dans Santiago, pour la première fois depuis le retour à la démocratie, en 1990.

« Marre des abus »


Des milliers de personnes sont cependant redescendues dans les rues de la capitale et d’autres villes pour y faire résonner des casseroles. Des manifestations ont aussi eu lieu dans des grandes villes au bord du Pacifique comme Valparaiso. Dans ce port, à 120 km a l’ouest de Santiago, des dizaines de manifestants ont incendié dans la nuit le siège d’El Mercurio, le plus vieux quotidien du pays, selon des images de télévision.

À Santiago, face aux militaires déployés sur la Place d’Italie à Santiago, des manifestants ont brandi des photos de personnes disparues sous la dictature militaire (1973-1990), qui s’est soldée par plus de 3 200 morts ou disparus.

Avec des mots d’ordre tels que « Marre des abus » ou « Le Chili s’est réveillé », diffusés sur les réseaux sociaux, le pays fait face à une des pires crises sociales depuis des décennies. Celle-ci a été déclenchée par la simple annonce d’une hausse du prix des tickets de métro, de 800 à 830 pesos (environ 1,04 euro). Les revendications ont ensuite rapidement débordé sur d’autres sujets, comme la santé ou l’éducation.

Pendant la manifestation à Valparaiso, le 19 octobre.
Pendant la manifestation à Valparaiso, le 19 octobre. RODRIGO GARRIDO / REUTERS

PENDANT LA MANIFESTATION À VALPARAISO, LE 19 OCTOBRE.
PHOTO RODRIGO GARRIDO
Le général Iturriaga del Campo a précisé que l’armée patrouillerait dans la capitale, qui compte sept millions d’habitants. Au vu de l’étendue des dégâts samedi, il y a décrété un couvre-feu total de 22 heures à 7 heures locales, sans préciser le nombre de jours pendant lesquels cette mesure s’appliquera.

État d’urgence et couvre-feu ont ensuite été étendus à la région de Valparaiso (centre) et à la province de Concepcion (sud), ont annoncé les autorités locales.

Un pays « cocotte-minute »


UNE PHOTO DU PRÉSIDENT SEBASTIAN PIÑERA DÉGUSTANT
TRANQUILLEMENT UNE PIZZA DANS UN RESTAURANT TANDIS
QUE SANTIAGO BRÛLAIT A ACCRU LA COLÈRE DE LA POPULATION
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CAMBIO 21
Une photo du président Sebastian Piñera dégustant tranquillement une pizza dans un restaurant tandis que Santiago brûlait a accru la colère de la population, dans ce pays où un calme relatif régnait ces dernières années. Visiblement pris de court par cette crise, M. Piñera avait qualifié son pays, il y a quelques jours seulement, « d’oasis » dans la région.

« C’est triste mais ces destructions ont été la manière que la population a trouvée pour qu’on l’écoute. Le Chili était une cocotte-minute qui a explosé de la pire manière, nous laissant sans métro», a commenté à l’Agence France-Presse, Maria, une fonctionnaire.

Vendredi, au moins seize autobus ont été incendiés et une dizaine de stations de métro totalement détruites, selon les autorités. « L’ensemble du réseau est fermé en raison des émeutes et des destructions », a annoncé le gestionnaire du métro, après des attaques contre presque l’intégralité des 164 stations. Le métro de Santiago, le plus étendu (140 km) et le plus moderne d’Amérique du sud, par lequel transitent environ trois millions de passagers par jour, pourrait ne rouvrir progressivement que la semaine prochaine.

Le bilan officiel des violences et affrontements est de 308 arrestations, et 156 policiers blessés.