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jeudi 24 octobre 2019

CHILI: LA CRISE SOCIALE PERDURE, L'ONU ENVOIE UNE MISSION D'ENQUÊTE


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UN MANIFESTANT BRANDIT UNE PANCARTE SUR LAQUELLE IL EST INSCRIT :
« DÉSOLÉ, MAMAN, MAIS IL S’AGIT DE MON AVENIR », AU CHILI, LE 23 OCTOBRE.
 PHOTO / JUAN “GONZALES / REUTERS 
Les mesures sociales prises par le président Sebastián Piñera sous la pression des émeutes qui ont enflammé le pays se voulaient ambitieuses mais restent insuffisantes, constate le quotidien El Mostrador. 
Courrier international
Alors que l’état d’urgence et le couvre-feu sont toujours en vigueur dans le pays, la nuit du 23 au 24 octobre a été plus calme, constatent les médias ce jeudi matin. Depuis le 18 octobre, les émeutes ont fait quinze morts, et plusieurs milliers de personnes ont été arrêtées. Mais ni la répression ni le couvre-feu n’ont empêché les Chiliens de retourner dans la rue. Les syndicats ont par ailleurs appelé à la grève générale.


Sous la pression, le président Sebastián Piñera a annoncé le 21 octobre un ensemble de mesures pour répondre à la colère des citoyens : augmentation des pensions de retraite, hausse des impôts pour les plus riches, salaire minimum garanti, réduction du prix des médicaments et dispositif de soins d’urgence.


Petits correctifs plutôt que grandes ambitions



Mais, “selon les spécialistes, il ne s’agit pas de mesures en profondeur, seulement de petits correctifs”, rapporte le quotidien chilien El Mostrador, qui a demandé à des experts de chaque secteur d’analyser ces réformes.

Ainsi l’augmentation de 20 % de la retraite de base “ne suffit absolument pas”, commente l’un des observateurs, qui rappelle qu’en réalité une augmentation de 10 % était déjà prévue. Il ajoute :

« Le montant revalorisé de la retraite restera bien insuffisant pour couvrir les besoins basiques, et il faut souligner qu’il se situera toujours très en dessous du salaire minimum. »

Des salaires qui resteront très insuffisants pour vivre



Le constat d’insuffisance est le même pour l’augmentation des bas salaires : en réalité, note un spécialiste, “il s’agit seulement d’une subvention de l’État attribuée aux entreprises pour qu’elles versent un salaire minimum garanti de 350 000 pesos” (432 euros). Et surtout :

« Cette mesure ne suffit pas à faire sortir un foyer moyen de la pauvreté, selon les indices utilisés par l’État lui-même. » 

Dans un système de santé dominé par l’assurance privée et un service public étique, l’introduction d’une couverture minimale des soins par l’État pour “maladies catastrophiques” est quant à elle qualifiée de “floue” par un analyste du système de santé qui s’interroge sur les “maladies catastrophiques” qui seront en partie prises en charge par l’État. Aussi floue, estime le spécialiste, que la négociation prévue par le gouvernement avec les groupes pharmaceutiques pour faire baisser le prix des médicaments.

Voilà sans doute pourquoi, écrit El Mostrador, “la batterie de mesures proposées par le président sur un ton plus conciliant après cinq jours de manifestations dans tout le pays n’ont pas du tout fait baisser la pression sociale”.