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vendredi 15 juillet 2011

LA PERRUCHE DE PATAGONIE
A TRAVERSÉ LES ANDES IL Y A 120.000 ANS

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Ancienne illustration du Perroquet Burrowing, aussi connu comme Patagonian Conure,
à l'origine intitulé "Psittacara patagonica. Patagonian Parrakeet-Maccaw" par
Edward Lear 1812-1888. Photo Wikipédia

Pour la première fois, une étude complète retrace la façon dont une espèce d’oiseau, vivant à l’ouest de la cordillère des Andes, a un jour traversé cette formidable barrière naturelle de plus de 6.000 mètres d’altitude pour coloniser l’est du continent sud-américain. Des chercheurs de l'Institut d'ornithologie Max Planck, avec des collègues de l'Université de Fribourg et de l'Institut d’éthologie Konrad Lorenz de Vienne, se sont penchés sur le cas de la perruche de Patagonie (Cyanoliseus patagonus), un oiseau chamarré qui vit aujourd’hui au Chili et en Argentine.

Ces volatiles fouisseurs, se rassemblant sur des aires de reproduction, creusent des terriers dans les falaises surplombant l’Atlantique ou les rivières, y ‘laissant des plumes’ que les scientifiques ont récoltées sur une gamme d’habitats couvrant plus de 13.000 kilomètres de distance, où ils ont découvert 66 colonies. L’étude génétique de ces plumes de provenances variées a permis d’établir l’historique du peuplement.

"Les résultats sont fascinants. Contrairement à nos attentes, la population ancestrale est originaire de la côte Pacifique des Andes, l’actuel Chili, où il n'y a que de petites colonies à l'heure actuelle. De là, cette espèce a réussi à traverser les Andes - en une seule occasion. Les deux sous-espèces d’Argentine proviennent de cette population de départ. L'une d'elles a réussi à atteindre (…) l'océan Atlantique, où les plus grandes colonies de l'espèce se trouvent actuellement : El Condor, la plus grande colonie de perroquets dans le monde, compte plus de 35.000 couples reproducteurs", explique le spécialiste Juan F. Masello.

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Docteur Petra Quillfeldt, directrice du groupe de recherche Écologie
des oiseaux de mer. Photo : Institut d'ornithologie Max Planck

"Les données génétiques ont été ramenées jusqu’à l'âge des fossiles. De cette façon, nous avons pu estimer que la traversée de la Cordillère des Andes s’est produite il y a plus de 120.000 ans. Nos résultats sont très importants pour l'amélioration des mesures de conservation des différentes sous-espèces. La forte séparation génétique de la sous-espèce du Chili justifie le renforcement des mesures de conservation. Une situation similaire affecte la sous-espèce du nord, en Argentine, dont seulement 2.000 couples se reproduisent dans la nature. La plus importante sous-espèce, numériquement, vivant en Patagonie (dans le sud de l'Argentine), est menacée par la destruction des habitats, les steppes étant rapidement éliminées pour la production de soja", conclut sa collègue Petra Quillfeldt.